Alain Timàr dirige dans cette pièce de Charif Ghattas un très beau trio d’acteurs. Un texte qui frise l’absurde (genre apprécié par le metteur en scène avignonnais) et qui permet de revoir la trop rare Marie de Medeiros
Dans un appartement bourgeois des beaux quartiers on ne distingue que la toile abstraite, imposante, au fond du plateau. Les différentes pièces sont figurées par des cadres métalliques qui offrent une perspective sur cette œuvre d’art. Nous sommes dans l’appartement de Line (Maria de Medeiros) et de Paul (Manuel Blanc et Emmanuel Salinger pour le Off à Avignon). Personne ne trouve grâce à leurs yeux. Ils racontent les pires méchancetés sur leurs amis dès qu’ils ont le dos tourné. Ils sont odieux, surtout Paul, véritable prédateur puant. On a envie de la baffer.
C’est assez incroyable de découvrir Charif Ghattas, écrivain libanais car on est très loin d’une écriture ancrée dans la réalité du Liban. On est plus dans les thématiques d’un écrivain occidental. La pièce offre différents niveaux de lecture. On peut rester bloqué sur cette fiction « bobo » quelque fois crispante, ou alors sentir le vernis de la satire sociale. Charif Ghattas pointe toute la vacuité de ce monde de nantis déshumanisés.
Pour pimenter leur relation, ce couple accueille dans leur appartement un clochard (Thomas Durand). L’homme – érudit- se révélera être un amant endurant. La pièce évite de se prendre les pieds dans les bons sentiments, elle est féroce et frise l’absurde. Les verres d’alcool s’accumulent sur le sol tandis que des phrases musicales ponctuent les scènes (elles sont un peu trop nombreuses).
Cette pièce nous permet de revoir avec bonheur Marie de Medeiros, actrice trop rare. Elle restera à tout jamais pour nous l’interprète inoubliable de Elvire Jouvet 40 avec Philippe Clevenot (dans la mise en scène de Brigitte Jaques-Wajeman). Elle joue parfaitement la bourgeoise cloîtrée dans son monde, déconnectée de la réalité. Quand à Thomas Durand (qui a été le Victor de Vitrac chez Emmanuel Demarcy-Mota et le Baladin du monde occidental chez Elisabeth Chailloux), il est parfait dans ce rôle très trouble de SDF manipulateur.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Les bêtes de Charif Ghattas
mise en scène, scénographie Alain Timár
assistante mise en scène Lee Fou Messica
assistée de So Hee Han
avec Emmanuel Salinger, Thomas Durand et Maria de Medeiros
musique Chantal Laxenaire
lumière Richard Rozenbaum
régie Quentin Bonami
construction décor Éric Gil, Frédéric Gil
production Théâtre des Halles – Compagnie Alain Timár en accord avec Les Déchargeurs / Le Pôle diffusion
production déléguée Le Pôle buro / Ludovic Michel
administration générale Laurette Paume
communication / relations publiques Théâtre des Halles / Aurélie Clément
relations publiques & réseaux sociaux Le Pôle média
presse Le Pôle presse / Marie-Julie Bourdeau
diffusion Le Pôle diffusion
crédit visuel Alain Timár
Le Théâtre des Halles – CieAlain Timár est soutenu par le ministère de la Culture et de la Communication (D.R.A.C. Provence-Alpes-Côte d’Azur), le conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, le conseil départemental de Vaucluse, la Ville d’Avignon.
Durée: 1h30Théâtre des halles – Avignon
du 11 au 14 février 2016
Et cet été dans le Off
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