Récemment nommé co-directeur de la Cité internationale de la danse à Montpellier, Hofesh Shechter ouvre ce lundi soir les Nuits de Fourvière, à Lyon, avec Political Mother, et répète Red Carpet, sa dernière création, avec le ballet de l’Opéra national de Paris. Rencontre avec un chorégraphe bouillonnant.
Très demandé sur les scènes internationales, l’artiste d’origine israélienne, qui a joué dans le film En Corps (2022) de Cédric Klapisch, signe Red Carpet, une pièce dansée du 8 juin au 14 juillet au Palais Garnier à Paris. Après des ateliers, « j’ai fait le casting et choisi ceux que je sentais connectés à mon travail », explique le chorégraphe de 50 ans, connu pour ses danses puissantes, viscérales, libératrices, qui électrisent ses danseurs comme le public. Il a souhaité ici constituer un groupe restreint de treize membres, pour mieux « concentrer l’énergie ». Dans le processus de travail, « je définis la façon dont j’estime que le mouvement doit être, comment je le trouve puissant », décrit-il, disant vouloir « inviter les danseurs dans [son] monde ». Ensuite, « à travers leur interprétation, je les laisse créer » et « ils apportent une nouvelle coloration à mon travail ».
Dans le même temps, Hofesh Shechter, qui avait signé la musique du film de Klapisch avec Thomas Bangalter, moitié de Daft Punk, crée ses compositions. Dans Red Carpet, ce sont « des morceaux électro » sur lesquels quatre musiciens jouent en live « un jazz expérimental ». Lors d’une répétition, le groupe évolue en tribu organique, dont l’élan est percutant. Les danseurs ancrent leurs pas dans le sol, pour mieux le repousser dans le mouvement suivant. Selon le chorégraphe, sa création s’inspire de « l’atmosphère du glamour, des paillettes, du cabaret », mais il ne souhaite pas en dire davantage sur cette oeuvre qui partira en tournée aux États-Unis en octobre.
« Faire bouillonner »
Formé à la danse folklorique, Hofesh Shechter débute sa carrière comme danseur au sein de la Batsheva Dance Company en Israël. Il s’installe à Londres au début des années 2000, commence à créer et fonde en 2008 une compagnie à son nom. Uprising (2006), première pièce l’ayant révélé auprès du public, danse brute et percutante de sept hommes en colère, a pu être lue comme puisant son inspiration dans les émeutes en France de 2005. From England with love (2021) est quant à elle une ode à la jeunesse de ce pays, un an après l’entrée en vigueur du Brexit.
Hofesh Shechter vient par ailleurs d’être nommé, avec trois autres personnes, co-directeur de l’Agora, nouvelle Cité internationale de la danse à Montpellier, qui gèrera également le festival Montpellier danse, rendez-vous de la création contemporaine. Observant en France une « soif » pour son travail, il entend « faire bouillonner » la danse « dans la ville » ou « auprès des étudiants », « donner de l’énergie à ce lieu et en puiser également ». Ce sera aussi un lieu d’attache pour sa compagnie durant les temps de création. Les quatre co-directeurs de l’institution seront aussi responsables d’un master dédié aux talents internationaux. Il s’agit « de s’impliquer pour aider les jeunes chorégraphes », en partageant les « expériences ». Il restera toutefois basé au Royaume-Uni, pays dont il doit par ailleurs obtenir « bientôt » la nationalité, sa troisième puisqu’il a aussi la nationalité allemande.
Karine Perret © Agence France-Presse
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