Compagnie invitée ce mois de juin à l’Opéra de Paris, les belges Peeping Tom déploient dans Triptych, The missing door, The lost room and The hidden floor des tableaux délirants, où danse expressive et acrobatique explose dans un décor vintage léché. Une mise en scène cinématographique qui joue avec les clichés.
À la frontière entre danse et théâtre, la compagnie belge Peeping Tom déploie des mises en scènes étranges, à la patte sombre et cinématographiques. Une sorte de Tanztheater acrobatique et hyper expressif, où l’horreur côtoie le rire. La compagnie créée en 2000 par Gabriela Carrizo et Franck Chartier est invitée à l’Opéra de Paris pour déplier Tryptych, The missing door, The lost room and The hidden floor, un titre énigmatique, pour une pièce qui l’est tout autant.
Porte manquante, chambre perdue, étage caché (pour proposer une traduction littérale), les apparences sont trompeuses dans ce huis clos bizarre. Dans un bateau à la dérive, dont on explore les cabines, qui ressemblent tour à tour lobby d’hôtel, chambre étrange et bar chic, la scénographie sophistiquée rétro-chic, agencé comme un plateau de cinéma, devient le théâtre d’intrigues mystérieuses. Un chiffon flotte dans l’air et époussette le lambris, des corps apparaissent dans des placards, une tête grimace, calée sous le bras d’un homme qui apparaît sur un balcon. Ces saynètes sont baignées dans une ambiance sonore façon film d’épouvante cheap : pleurs de bébé, sonnettes et grincements. À la fois sombre et burlesque, ce Triptych tient autant du tour de magie que film d’horreur, joue avec les lieux communs, au prix d’être un poil kitsch.
Les forces de la nature font irruption au fil des tableaux : des hommes en costumes, emportés par la tempête, comme des feuilles mortes, passent la porte d’entrée; l’eau infiltre la salle du bar; un incendie finit par tout brûler. Porosité entre le dedans et le dehors, elles font jaillir l’intensité des émotions. Mais c’est le météo du corps qui fait avant tout vibrer. Elle explose à travers des gestes des émotions intenses, ployant les corps à la limite de la destruction. Elle est brusque, rapide, intense, comme pour traduire la folie, la douleur, l’urgence, la passion. Ces personnages sont-ils maîtres d’eux-même ? Sortes de pantin désarticulés en transe, on les croyait guidés par des forces obscures, sous l’emprise d’un sort. Conte hallucinatoire façon Shutter Island chez les aristos, Triptyque bien qu’alourdit par les stéréotypes qu’il convoque, accroche aussi par son habileté à les mettre en scène.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Triptych: The missing door, The lost room and The hidden floor
Concept et mise en scène
Gabriela Carrizo and Franck ChartierPerformance
Konan Dayot, Fons Dhossche, Lauren Langlois, Panos Malactos, Alejandro Moya, Fanny Sage, Eliana Stragapede, Wan-Lun YuAssistance artistique
Thomas MichauxDramaturgie sonore
Raphaëlle LatiniComposition sonore et arrangements
Raphaëlle Latini, Ismaël Colombani, Annalena Fröhlich, Louis-Clément Da Costa, Eurudike De BeulConception lumières
Tom VisserConception décors
Gabriela Carrizo, Justine BougerolCostumes
Seoljin Kim, Yi-chun Liu, Louis-Clément Da CostaConfection costumes
Sara van Meer, Lulu Tikovsky, Wu Bingyan (stage)Coordination technique
Giuliana Rienzi, Pjotr Eijckenboom (creation)Techniciens
Bram Geldhof, Ilias Johri (lumières), Tim Thielemans/Jonas Castelijns (son)Régisseur de plateau
Thomas Dobruszkes (régisseur de plateau), Clement Michaux, Kato Stevens (assistants plateau)Stage production
Lisa Gunstone, Robin AppelsBasé sur Adrift, créé avec les danseurs de NDT I: Chloe Albaret, Lydia Bustinduy, César Faria Fernandes, Fernando Hernando Magadan/Spencer Dickhaus, Anna Hermann, Anne Jung, Marne Van Opstal, Roger van der Poel, Meng-ke Wu, Ema Yuasa/Rena Narumi, avec assistance artistique par Louis-Clément Da Costa, Seoljin Kim et Yi-Chun Liu.
Production
Peeping TomCo-production
Opéra National de Paris, Opéra de Lille, Tanz Köln, Göteborg Dance and Theatre Festival, Théâtre National Wallonie-Bruxelles, deSingel Anvers, GREC Festival de Barcelona, Festival Aperto/Fondazione I Teatri (Reggio Emilia), Torinodanza Festival/Teatro Stabile di Torino – Teatro Nazionale (Turin), Dampfzentrale Bern, Oriente Occidente Dance Festival (Rovereto).Palais Garnier
du 07 au 11 juin 2023
Bonjour, avez vous lu le programme de salle ? Cela se passe dans un bateau, à la dérive, l histoire d un couple en quête d une vie meilleure, qui soudain se retrouve à la dérive des vents et des courant, avec peut être comme seul moyen de survire, l amour.