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Un anecdotique Stabat Mater désacralisé

Caen, Les critiques, Moyen

© Jean-Louis Fernandez

Une vaste troupe de comédiens, chanteurs et musiciens emmenée par Simon-Pierre Bestion et Maëlle Dequiedt revisite le Stabat Mater de Scarlatti dans un spectacle musicalement superbe mais théâtralement abscons, qui cherche encore sa forme et son ton.

Resté célèbre pour ses 555 sonates pour clavier, Domenico Scarlatti a aussi été, durant sa période romaine, un brillant compositeur de musique sacrée. Commandé par le Vatican, son Stabat Mater écrit pour dix voix et basse continue, demeure sans doute sa composition liturgique la plus connue même si elle est rarement jouée. C’est d’ailleurs sa toute première forme scénique que propose la metteuse en scène Maëlle Dequiedt. Sans vraiment parvenir à en tirer une convaincante théâtralité, elle sait en revanche bien se servir de l’inhabituelle polyphonie de l’ouvrage en mêlant sur scène des artistes de différentes disciplines formant un chœur soudé et ne manquant pas de belles et singulières personnalités. Au dix musiciens accomplis de l’ensemble La Tempête vient s’ajouter quatre comédiens omniprésents mais un peu perdus que sont Youssouf Abi-Ayad, Emilie Incerti Formentini, Frédéric Leidgens, Maud Pougeoise.

D’un point de vue musical, l’atmosphère intimiste de l’œuvre trouve sa juste place dans l’écrin des Bouffes du Nord. Le mélange de solennité et de lyrisme passionné, qui témoigne de la très vive sensibilité du compositeur, se trouve très favorablement porté par les interprètes qui réinventent un matériau musical à la beauté doloriste en objet étrange et insolite, volontiers transgressif. Si le début du XVIIIe siècle exigeait de la musique d’église qu’elle soit pure, édifiante, pour mieux inciter à la piété, la revisite proposée aujourd’hui ne souffre d’aucune univocité et trouve son intérêt dans sa très libre et inventive adaptation. Stylistiquement anachronique, elle mélange les influences et les instruments bigarrés tels que l’accordéon et la batterie, donnant ainsi quelques accents électro et jazzy à cette version inédite du Stabat Mater, bien décapée mais sans amoindrir sa portée émotionnelle.

Pareillement distanciée, la mise en scène évacue d’emblée l’idée de figurer de façon illustrative le texte latin qui est chanté. Elle se constitue d’une suite de tableaux qui étonnamment se comptent au nombre de huit, alors que la partition dont il existe de nombreuses sources différentes est construite en dix sections. Les tons varient. On assiste d’abord à la satire un peu épaisse d’un antique personnel politico-religieux. Coiffés de cornettes et ridiculement costumés, quatre cardinaux un peu poseurs en procession s’adonnent à force exubérances et puérilités dans un contexte de conclave. Adviennent ensuite des séquences plus ordinaires, car empreintes de quotidienneté, comme celle jouée autour d’un four où des matrones épluchent longuement des patates pour cuisiner une tortilla sous un néon blafard.

Ce travail qui fera vagabonder jusque dans des Enfers survoltés, se présente comme décousu et anodin. Comme chez Samuel Achache et Jeanne Candel qui dominent de très haut le théâtre musical actuel, on y trouve un amour immodéré (et assez inesthétique) pour les bâches en plastique et le désordre assumé. En dépit de la ferveur des artistes, tout ce qui  se donne à voir sur scène paraît à la fois trop agité et délité pour vraiment captiver.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Stabat Mater
D’après Domenico Scarlatti
Mise en scène Maëlle Dequiedt
Direction musicale Simon-Pierre Bestion

Dramaturgie Simon Hatab
Scénographie Heidi Folliet
Costumes Solène Fourt
Lumières Auréliane Pazzaglia
Chorégraphie Olga Dukhovnaya
Régie générale / plateau Jori Desq
Son Mateo Esnault
Assistante mise en scène Clara Chabalier
Assistante costumes Salomé Vandendriessche

Avec Youssouf Abi-Ayad, Emilie Incerti Formentini, Frédéric Leidgens, Maud Pougeoise

Et l’Ensemble La Tempête : Annabelle Bayet soprano, Guy-Loup Boisneau ténor, comédien et percussions, Jean-Christophe Brizard basse profonde et accordéon, Myriam Jarmache mezzo-soprano, comédienne et danseuse, Lia Naviliat-Cuncic soprano, flûte traversière et charengo, Matteo Pastorino clarinette et clarinette basse, René Ramos-Premier baryton et piano, Hélène Richaud mezzo-soprano et violoncelle, Abel Rohrbach bugle et tuba, Vivien Simon ténor, flûtes et piano.

Production Centre International de Créations Théâtrales / Théâtre des Bouffes du Nord, Compagnie La Phenomena & Compagnie vocale et instrumentale La Tempête
Production associée Antipol (Théâtre d’Orléans / Scène nationale ; Le Manège, Scène nationale de Maubeuge ; Fondazione I Teatri, Reggio)
Coproduction Opéra de Lille ; Opéra de Reims ; Le Quartz, Scène nationale et Congrès de Brest ; Théâtre de Caen ; MCA – Maison de la Culture d’Amiens ; Cercle des partenaires
Résidences réalisées au Théâtre d’Orléans / Scène nationale et au Manège Maubeuge – Scène Nationale.
Le décor a été réalisé par l’atelier de l’Opéra de Reims
Les costumes ont été réalisés par l’atelier du Théâtre National de Strasbourg
La Phenomena et La Tempête sont associés au Théâtre d’Orléans / Scène nationale.

Durée : 1h30

Vu en octobre 2023 au Théâtre des Bouffes du Nord – Paris
Théâtre de Caen, 1er avril 2025

15 octobre 2023/par Christophe Candoni
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