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Sombre et sobre Don Giovanni

À la une, A voir, Les critiques, Opéra, Paris

Étienne Dupuis (Don Giovanni), Ain Anger (Il Commendatore), Philippe Sly (Leporello) photo Charles Duprat

Dans une nouvelle production de Don Giovanni résolument tirée vers le tragique, Ivo van Hove veut explorer la part destructrice du héros mozartien à qui il ôte toute séduction.

Assurément plus prédateur que jouisseur, c’est ainsi que se présente le Don Giovanni d’Ivo van Hove. Sur cette même scène de l’opéra Garnier, la lecture noire et féroce du chef-d’oeuvre de Mozart par Michael Haneke dévoilait, en 2006, avec une toute autre radicalité, la violence exacerbée d’un Don Juan représenté en jeune chef d’entreprise, vorace dominateur aux tendances suicidaires. Ici et ailleurs, délinquant héroïnomane, loup des bois, bad boy marginalisé, obsédé sexuel…, Don Juan a plus d’une fois révélé de sombres visages. En long imperméable et costume cravate foncé lui donnant fière allure, Don Giovanni ne dissimule pas longtemps ses penchants destructeurs. Froidement autoritaire, il se montre même prompt à dégainer le pistolet. Pour autant, il n’échappera pas à sa chute programmée. Ivo van Hove le présentant comme condamné d’emblée.

Tandis que retentissent les puissants accents pleins de drame et de solennité au début de l’ouverture, des volutes de fumée blanche s’échappent d’un sol pentu et macadamisé, rappelant le feu des enfers où finira le libertin damné. Elles se propagent et enveloppent les façades grises monolithiques de plusieurs immeubles mitoyens servant de décor froidement éclairé par une lumière livide. Oppressant, le lieu regorge d’escaliers à la dérobée et de recoins sombres dans un style Piranésien. A l’image de cet espace sans aucune fioriture, la mise en scène se caractérise par une écriture brute, sèche, sévère, austère.

Il faut reconnaître à Ivo van Hove une direction d’acteurs plutôt bien aiguisée même si assez classique. Mais force est de constater qu’il n’a semble-t-il pas totalement su tirer profit de la formidable jeunesse et de la fraîcheur naturelle des interprètes réunis. Aussi bons chanteurs que comédiens, ils paraissent scéniquement un peu bridés. Cela n’enlève rien aux qualités vocales déployées. Si Stanislas de Barbeyrac fait un brillant Ottavio et Ain Anger un Commandeur vigoureux, les femmes, bien que victimes, se font la part belle. Intensément tragiques sont la superbe Donna Anna de Jacquelyn Wagner – timbre clair et puissant aigu joliment modulé – et la splendide Elvira de Nicole Car, à la fois fort émouvante et assurée. Enfin, Elsa Dreisig confère à sa Zerline l’ingénuité et le brin de sensualité qu’il convient. Elle est relativement bien secondée par un Masetto de tempérament que campe Mikhail Tomoshenko. Philippe Jordan qui s’est déjà beaucoup illustré et avec un bonheur inégal dans la trilogie Da Ponte à Paris se montre un accompagnateur subtil, soucieux de l’élégance sonore mais aussi de l’expressivité des chanteurs comme de l’orchestre.

Après avoir campé un fiévreux Don Giovanni, Philippe Sly chante pour la première fois Leporello. Il lui prête une grande classe et un peu de sa fantaisie facétieuse. Moins convainquant, Etienne Dupuis dans le rôle-titre, possède une voix de baryton solide mais parfois trop feutrée. Il livre une prestation contrastée, osant d’infimes pianissimi et une certaine langueur dans la sérénade qu’il chante hors scène de manière inexpliquée. La progression du personnage manque d’ éclat mais son issue tragique est néanmoins spectaculaire. Le chanteur, comme la mise en scène et la vision d’ensemble qu’il sert au mieux, ne restitue pas le vertige, l’énergie vitale et rageuse qui font le magnétisme enivrant d’un grand Don Giovanni.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr – critique lors de la création en 2019

Don Giovanni

Dramma giocoso en deux actes (1787)

Musique :
Wolfgang Amadeus Mozart

Livret :
Lorenzo Da Ponte

Direction musicale :
Philippe Jordan
Guillermo García Calvo – 13 juillet

Mise en scène :
Ivo van Hove

Décors :
Jan Versweyveld

Lumières :
Jan Versweyveld

Costumes :
An D’Huys

Vidéo :
Christopher Ash

Dramaturgie :
Jan Vandenhouwe

Chef des Choeurs :
Alessandro Di Stefano

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris
Coproduction avec le Metropolitan Opera, New York

Distribution
Don Giovanni :
Étienne Dupuis

Il Commendatore :
Ain Anger

Donna Anna :
Jacquelyn Wagner

Don Ottavio :
Stanislas de Barbeyrac

Donna Elvira :
Nicole Car

Leporello :
Philippe Sly

Masetto :
Mikhail Timoshenko

Zerlina :
Elsa Dreisig

Durée: 3h30 avec entracte

Distribution 2022 à l’Opéra Bastille – du 01 février au 11 mars
Distribution
Don Giovanni :
Christian Van Horn

Il Commendatore :
Alexander Tsymbalyuk

Donna Anna :
Adela Zaharia

Don Ottavio :
Pavel Petrov

Donna Elvira :
Nicole Car

Leporello :
Krzysztof Bączyk

Masetto :
Mikhail Timoshenko

Zerlina :
Anna El-Khashem

14 juin 2019/par Christophe Candoni
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