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Le diamant du Nil

A voir, Besançon, Les critiques, Paris, Théâtre

photo Jean-Louis Fernandez

A la poursuite du diamant aux yeux verts, Dea Liane a tissé un spectacle mêlant vraies et fausses archives dans une habile superposition de figures. Derrière l’actrice chanteuse star du Caire, Asmahan, c’est toute une époque et sa nostalgie que Le cœur au bord des lèvres fait vibrer.

Visage racé, yeux clairs, graves et tristes dans le fond, moue légèrement défiante et qui n’a rien de contrefait, Dea Liane est Asmahan et Asmahan Dea Liane. Deux femmes originaires d’Orient, de Syrie, d’Egypte. Asmahan est morte en 1944. Son chauffeur habituel s’est fait porter pâle. Son remplaçant a quitté la voiture avant de la projeter dans les eaux du Nil, ne laissant aucune chance à son occupante. Dea Liane a été formée au Théâtre National de Strasbourg, et via une carte blanche lancée par Célie Pauthe, directrice du CDN de Besançon, délivre dans Le cœur au bord des lèvres un portrait tout en délicatesse de l’ex star du Caire, dont on retrouvait récemment l’effigie taguée sur les murs de Beyrouth. En dessous de son visage était écrit « Révolution ».

De la vie d’Asmahan, il y avait un biopic à faire. Princesse druze mariée malgré elle, mère qui quitte le foyer, star de la chanson puis du cinéma, artiste dépressive et noceuse, femme forte, rivale d’Oum Kalthoum et espionne pour le compte des alliés pendant la seconde guerre mondiale, en instance de second divorce quand elle connaît la fin tragique que l’on sait, Asmahan est de ces destins tragiques, météorites aux vies aussi brèves qu’intenses qui vous feraient croire qu’il y a des destins comme ça. Rajoutez-y une voix à nulle autre pareille, une capacité hors pair à mêler le registre occidental à la musique arabe traditionnelle, et voilà un personnage, peu connu en France, légendaire de l’autre côté de la Méditerranée.

Mais Dea Liane n’a pas saisi la voie du biopic et c’est tant mieux. A la vie d’aventures, elle a préféré l’identification et le questionnement. Arpenter la mélancolie de cette femme via la sienne propre (et celle de sa mère). Imaginer ce qui se cache derrière le mystère. Mêler le vrai et le faux. L’hier et l’aujourd’hui. Fabriquer une fausse interview et superposer ses yeux bleus aux verts tout aussi fascinants de la chanteuse. Accompagnée du musicien Simon Sieger, grand brun, visage émacié, cheveux gominés, élégance un brin mystérieuse, avec lequel elle forme un duo complice, « fraternel » dit-elle, dans une scénographie de loge d’artiste, piano et paravent pour se changer, miroir et babioles d’époque, elle apparaît d’abord en femme d’aujourd’hui qui raconte la fascination de sa mère pour les stars arabes du cinéma d’avant-guerre. Récit cadre de son portrait d’Asmahan qui pose les bases d’une superposition des figures mais aussi d’une problématique féminine.

Asmahan, c’était l’Égypte d’avant guerre, une liberté, une audace qui semble aujourd’hui reculer. Puis Dea Liane plonge dans le rôle de la chanteuse. En esquisse l’esprit libre et facétieux mais aussi les failles, sourire au bord des larmes, tremblement intérieur, fragilité insondable toujours prête à déborder. En chante aussi quelques chansons, mélange images d’archive et vidéos d’elle, vrais et faux enregistrements, et crée ainsi un spectacle moins instructif qu’envoûtant. Car si l’on peine à reconstituer factuellement le cours de sa vie, n’en émerge pas moins l’essence d’une femme, les effluves d’une atmosphère, comme le parfum d’un passé dans ce qu’il embaume encore notre présent.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

Le Cœur au bord des lèvres
Texte et mise en scène
Dea Liane
Composition musicale / arrangements
Simon Sieger
Avec la collaboration artistique de
Célie Pauthe
Interprètes
Dea Liane,
Simon Sieger
Création vidéo
François Weber
Création lumières
Sébastien Lemarchand
Scénographie
Salma Bordes
Costumes
Anaïs Romand
Traduction en arabe égyptien
et voix du Journaliste
Georges Daaboul
Production
CDN Besançon Franche-Comté
Coproduction
Théâtre National de Strasbourg

Durée : 1h15

du 9 au 22 février 2023
Athénée Théâtre Louis-Jouvet

18 février 2023/par Eric Demey
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