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Mats Ek, un retour en verve

A voir, Danse, Les critiques, Paris

Avec l’entrée au répertoire de Carmen ainsi que les créations de Another Place et Boléro à l’Opéra national de Paris, Mats Ek fait un retour à la scène inespéré et offre un condensé de son art toujours vif et étonnant.

Alors qu’il avait décidé de quitter la scène, Mats Ek revient, à plus de 70 ans, avec trois pièces données à l’Opéra Garnier. C’est tant mieux. Sa danse et son style ne cessent de dérouter et de subjuguer. Très véhémente, son écriture sacrifie volontiers le beau geste au profit d’une hyperthéâtralité quasi expressionniste. Le jeu est parfois burlesque, parfois cruel, parfois lunaire, le mouvement toujours net, franc et tranchant.

Celui qui a plus d’une fois revisité d’une manière iconoclaste les grands titres du répertoire classique, de Gisèle au Lac des cygnes en passant par La Belle au bois dormant et Roméo et Juliette, redonne Carmen à Paris. La pièce créée en 1992 et interprétée pour la première fois par le ballet de l’Opéra conserve toute sa force provocante et insolente. Ni les éventails mobiles et les robes à volants chatoyants comme seules traces un peu kitsch de l’hispanité de l’ouvrage, ni le pot pourri des mélodies de Bizet déstructurées avec des sonorités métalliques et chaloupées, ne sont du plus bel effet. En revanche, la danse, elle, passionne. Elle s’axe sur le désir sexuel et la liberté. Déboule une Carmen telle une torche ardente en froufrous rouges, le corps aguicheur, les jambes écartées, les mains baladeuses, cigare en bouche, pieds nus. Amandine Albisson réaffirme dans sa composition son fort tempérament de danseuse Etoile. Elle met littéralement à ses pieds un Don José transi que campe avec conviction et séduction Florian Magnenet dans un rôle lui permettant de s’extraire un peu du prince romantique qui lui colle à la peau. Enfin, il faut tout le sex appeal de Hugo Marchand pour électriser un Escamillo hautain en combinaison coruscante.

Another place imaginée dans la veine d’un pas de deux créé en 2007 pour Ana Laguna, femme et muse de Mats Ek et Mikhaïl Baryshnikov, reprend la même configuration scénique. Un couple gravite autour d’une simple table et d’un tapis. L’amour, ses élans, ses épuisements, le temps, l’usure, la tentative d’une nouvelle approche entre un homme et une femme, l’angoisse, la vulnérabilité, la folie de ceux-ci…, tout se joue charnellement, sans détour, avec humour et âpreté dans l’immensité d’un plateau nu et entièrement dégagé, sur le fil ininterrompu de la Sonate en si mineur de Franz Liszt écrite d’un seul tenant. Fils de l’acteur bergmannien Anders Ek et de la chorégraphe Birgit Cullberg, Mats Ek a toujours été un homme de danse et de théâtre. Avec minutie et acuité, il scrute la complexité des rapports sentimentaux et humains. Il observe, restitue, la puissance dramatique des objets issus du quotidien, des petits gestes apparemment anodins mais jamais insignifiants. L’un avec l’autre, l’un sans l’autre, l’un sur l’autre, Aurélie Dupont et Stéphane Bullion, graves, sensibles et facétieux, déploient une formidable gamme d’émotions.

Pour finir la soirée, Mats Ek s’empare du célébrissime Boléro de Ravel et laisse cette fois assez dubitatif. A l’écoute de la musique, de sa lancinante répétition et sa dimension ritualisante, il confie à son frère, l’acteur Niklas Ek, le rôle d’un vieil homme, porteur malmené de sceaux d’eau. À force d’incessants allers et retours, il remplit une baignoire alors que des canalisations en forme de zigzag descendent des cintres. Comme en contrepoint à l’intimisme observé précédemment, la pièce, trop peu poétique, repose cette fois sur la puissance du groupe. Tandis que l’œuvre culmine en crescendo vers son apogée, répétant et amplifiant à l’envi son thème principal pendant un bon quart d’heure, une colonie de très jeunes hommes et femmes uniformément vêtus de combinaisons noires à capuche, enchaîne des mouvements robotiques ou plus vigoureux, tenant le fiévreux rythme ravélien sans céder à l’épuisement. Un acte de persistance, de résistance, de rébellion semble même naître. Le geste se fait libre, virulent, à l’image de son auteur, un chorégraphe aux ressources inépuisables.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr – critique lors de la création en juin 2019

Carmen
Musique :
Georges Bizet
Rodion Shchedrin
Chorégraphie :
Mats Ek
Direction musicale :
Jonathan Darlington
Décors :
Marie-Louise Ekman
Costumes :
Marie-Louise Ekman
Lumières :
Jörgen Jansson
Carmen
Danseurs en alternance :
24

Another Place
Création
Musique :
Franz Liszt – Sonate pour piano en si mineur
Chorégraphie :
Mats Ek
Direction musicale :
Jonathan Darlington
Décors :
Peter Freiij
Costumes :
Peter Freiij
Lumières :
Erik Berglund
Another Place
Danseurs en alternance :
Aurélie Dupont
Ludmila Pagliero
Stéphane Bullion
Alessio Carbone

Boléro
Création
Musique :
Maurice Ravel
Chorégraphie :
Mats Ek
Direction musicale :
Jonathan Darlington
Décors :
Marie-Louise Ekman
Costumes :
Marie-Louise Ekman
Lumières :
Erik Berglund
Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet
Orchestre de l’Opéra national de Paris
Danseurs en alternance :
Alice Catonnet
Christelle Granier
Charline Giezendanner
Roxane Stojanov
Aubane Philbert
Lydie Vareilhes
Letizia Galloni
Caroline Osmont
Marion Gautier de Charnacé
Sofia Rosolini
Seo-Hoo Yun
Marc Moreau
Yann Chailloux
Fabien Revillion
Matthieu Botto
Antoine Kirscher
Axel Magliano
Florent Melac
Hugo Vigliotti
Alexandre Boccara
Giorgio Fourès
Isaac Lopes Gomes
Nikolaus Tudorin
Durée: 2h10

Palais Garnier
du 06 mai au 05 juin 2022

7 mai 2022/par Christophe Candoni
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