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Bernard Bloch met Jérusalem sur écoute

A voir, Les critiques, Paris, Théâtre

photo Philippe Delacroix

Dans La Situation (Jérusalem – Portraits Sensibles), l’auteur, acteur et metteur en scène Bernard Bloch relate son voyage de 2016 à Jérusalem. Incarnées par huit comédiens, les 60 personnes rencontrées sur place donnent très subtilement à entendre la complexité de cette ville située au cœur d’un conflit qui n’en finit pas.

La scénographie de La Situation (Jérusalem – Portraits Sensibles) est à l’image de la première partie de son titre : mystérieuse, assez ouverte pour accueillir bien des récits, bien des significations. Autour d’une tente blanche pareille à celles qui fleurissent depuis un certain temps devant les pharmacies, des chaises en plastique de couleurs diverses annoncent l’arrivée d’un événement sans renseigner sur sa nature. Installées autour d’une scène miniature posée côté cour, où le musicien Arnaud Petit – en alternance avec Yannick Lestra – s’apprête à officier derrière machines et clavier, ces sièges sont trop peu confortables et trop éparpillés, trop désordonnés pour accueillir les spectateurs d’un concert. Et si l’on peut penser à une fête, pourquoi pas à une sorte de garden party, l’austérité de l’ensemble, et toujours les espaces qui séparent les différents éléments du décor nous font aussi d’emblée abandonner cette piste.

Posés sur certaines chaises, comme paralysés, de petits oiseaux apportent leur contribution à la légère étrangeté de La Situation. Titre qui, lit-on en note de bas de page du dossier de ce spectacle de Bernard Bloch, fait référence aux longues conversations entre les écrivains et amis Amos Oz et David Grossman : « Ils terminaient leurs rencontres par cette injonction commune : Et maintenant, parlons de ‘’la situation’’. Je vous laisse imaginer la suite », dit l’auteur, acteur et metteur en scène. La « situation » en question, la deuxième partie du titre, entre parenthèses, l’éclaire : c’est le conflit israélo-palestinien qui va s’inviter dans le décor pauvre, minimaliste du spectacle. Cela non pas à travers des figures intellectuelles célèbres, contrairement à ce que peut laisser présager la référence citée plus tôt, mais par le biais de témoignages de femmes et d’hommes pour la plupart inconnus. Des juifs, des musulmans et des chrétiens. Des militants palestiniens, israéliens, des partisans de la « solution à deux États » déçus par l’Histoire…

Ces personnes situées de part et d’autre du conflit israélo-palestinien, Bernard Bloch les a rencontrées en 2016. Il les a questionnées lors de son deuxième voyage en « Palestine-Israël » comme il dit, histoire de bien mettre au clair sa position à lui. À travers le jeune comédien Jonathan Mallard, qui interprète son rôle d’interviewer en série dans la première partie du spectacle, « La paix introuvable » – la deuxième s’intitule « Le prix à payer » –, l’artiste explicite son rapport au territoire auquel il a déjà consacré un livre et un spectacle. « Je suis venu pour la première fois en Israël, il y a 50 ans. J’ai fait ma Bar Mitzva à Bne Brak. Et je ne suis revenu qu’il y a trois ans en 2013. J’ai fait un voyage en Cisjordanie. Il fallait que je voie de mes yeux ce qu’il se passe dans les territoires (…) », explique-t-il par l’intermédiaire de son acteur, qui apporte à la pièce une forme de distance par rapport au travail de journaliste quasi-gonzo, car très proche de son sujet, mené par Bernard Bloch. Cela avec pour objectif de « rendre palpable la vitalité exceptionnelle de cette ville de tous les dangers et de tous les espoirs ».

Les neuf comédiens – Étienne Coquereau, Hayet Darwich, Rania El Chanati, Camille Grandville, Daniel Kenigsberg, Muranyi Kovacs, Jonathan Mallard, Zohar Wexler et Bernard Bloch lui-même dans la deuxième partie du spectacle – qui portent la partition théâtrale écrite par le metteur en scène à partir des 60 entretiens réalisés à Jérusalem adoptent un jeu à l’image de la ville : à la frontière de choses contradictoires. Au bord de l’incarnation, ils portent chacun – Bernard Bloch excepté – la parole de plusieurs personnes. D’une partie à l’autre de la pièce notamment, ils changent radicalement de discours. Sans varier toutefois sur une chose : leur amour pour leur ville. « Nulle part ailleurs, vous ne verrez une telle lumière ! Elle sculpte les pierres quand le soleil se couche du côté de la mer ou quand il surgit derrière le Mont des Oliviers… Alors l’air devient substance, comme si tu pouvais l’étreindre… », dit par exemple l’un d’eux.

Ces pierres ont beau être lourdes de l’un des grands conflits de l’époque, lui-même héritier de violences plus anciennes, les témoignages récoltés et restitués par Bernard Bloch prouvent que dans l’intimité, la guerre n’abolit jamais tout à fait l’espoir. En donnant à voir la fabrique de son spectacle en même temps qu’il se fait – entre les deux parties, il explique notamment le protocole qu’il a mis en place pour ses entretiens, sous le signe de L’Année des Treize Lunes de Fassbinder –, Bernard Bloch remplit les vides qu’il a laissés au plateau. Non pas pour y installer une certitude quelconque, un socle sur lequel pourraient danser ensemble les convives très différents de La Situation, mais pour mettre à jour la circulation complexe des sentiments et des idées. En portant à notre connaissance des espaces de paix – une école mixte par exemple, ou le foyer d’un couple – autant que des lieux de conflit, en les faisant cohabiter, Bernard Bloch et son équipe portent un théâtre adossé au réel d’une façon si passionnée et passionnante, avec une telle urgence, qu’ils déplacent les lignes trop droites des discours dominants.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

La Situation (Jérusalem – Portraits Sensibles)

Texte et mise en scène : Bernard Bloch

Scénographie : Didier Payen, assisté de Sarah Garbarg

Costumes : Raffaëlle Bloch, assistée de Marion Duvinage

Musique originale : Arnaud Petit, avec la collaboration de Rrackham

Création lumières : Franck Thévenon

Création sonore : Thomas Carpentier, Mikael Kandelman

Régie générale : Marc Tuleu

Avec : Bernard Bloch, Etienne Coquereau, Hayet Darwich, Rania El Chanati, Camille Grandville, Daniel Kenigsberg, Muranyi Kovacs, Jonathan Mallard, Zohar Wexler et Arnaud Petit ou Yannick Lestra (claviers)

Production Le Réseau (Théâtre) | Coréalisation Théâtre L’Échangeur – Cie Public Chéri
Avec le soutien de l’ADAMI – l’Adami gère et fait progresser le droit des artistes interprètes en France et dans le monde. Elle les soutient également financièrement pour leurs projets de création et de diffusion.
Avec le soutien de la SPEDIDAM – La Spedidam est une société de perception et de distribution qui gère les droits des artistes interprètes en matière d’enregistrement, de diffusion et de réutilisation des prestations enregistrées
Avec le soutien du Fonds SACD Musique de Scène, du DIESE # Auvergne – Rhône-Alpes | dispositif d’insertion de L’École de la Comédie de Saint-Étienne et du Théâtre L’Échangeur – Cie Public Chéri
Le Réseau (Théâtre est une compagnie soutenue par la Drac Ile de France.

Photo © Bernard Bloch

Durée : 2h45

Théâtre du Soleil
du 15 mars au 9 avril 2023
Du mercredi au vendredi à 19h30
Le samedi et le dimanche à 16h

9 février 2022/par Anaïs Heluin
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