Dans le tourbillon de Nacera Belaza

Photo Luca Ianelli

Avec La Nuée, créée au Kunstenfestivaldesarts, la chorégraphe Nacera Belaza fait tournoyer les danseurs dans un dispositif quadrifrontal, plongé dans une obscurité toujours aussi déroutante, qui entraîne le public au passage.

À chacune de ses pièces, on retrouve des constantes : l’obscurité qui règne, des corps tournoyants qui surgissent sans crier gare et une bande-son entêtante où sonnent des chants algériens remixés. Un spectacle de Nacera Belaza est toujours une expérience singulière, qui peut prendre la forme d’un dialogue avec soi-même, d’une confrontation à ses peurs, à une spiritualité, d’un saut dans le vide. Avec La Nuée, la chorégraphe franco-algérienne, qui a tissé son langage chorégraphique dans une rencontre mystique qui allie sobriété et puissance, déploie une nouvelle oeuvre qui file le tournis.

Un spectre surgit dans l’obscurité, tournoie les bras écartés au milieu de la scène, autour de laquelle le public est installé – le dispositif quadrifrontal est une rareté pour la chorégraphe –, comme un insecte attiré par la lueur d’une ampoule. Autour de cette lumière, fusent bientôt les quatre interprètes, dans une ronde qui évoque une nuée d’oiseaux. Pour une fois, on distingue plutôt bien ce qu’il se passe. Au gré des variations et des agencements lumineux, les danseuses et les danseurs se lancent dans des rotations répétitives, dont l’impulsion ne faiblit jamais.

On les croirait lancés dans un mouvement cosmique inarrêtable. Nourris par la musique, où les martèlements et les chants créent une atmosphère inquiétante, les corps balayés par les jeux de clair-obscur prennent une texture singulière, deviennent des apparitions, fugaces, des images friables. Ils dialoguent à côté les uns des autres ou tourbillonnent ensemble, constituant un clan, un groupe solidaire à l’air impassible.

Encore une fois, Nacera Belaza ouvre des mondes, des dimensions parallèles. Si, dans un dispositif frontal, ses magmas noirs attirent, le mode quadrifontal nous immerge dans la matière chorégraphique. Il sollicite autant les imaginaires que les corps. Il nous entraîne dans un tourbillon, jusqu’à la transe.

Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr

La Nuée
Chorégraphie, conception son et lumière Nacera Belaza
Avec Paulin Banc, Aurélie Berland, Eva Studzinski, Antoine Boisson, Madalena Hylak, Lora Juodkaite
Direction technique Christophe Renaud
Technicien du son Marco Parenti

Production Association Jazz Ame – Compagnie Nacera Belaza
Coproduction Kunstenfestivaldesarts ; Charleroi danse ; Festival d’Automne à Paris ; MC93-Bobigny, Chaillot – Théâtre National de la Danse ; Maison de la danse, Lyon – Pôle Européen de Création ; Villa Albertine – Ambassade de France aux États-Unis ; Compagnie DCA / La Chaufferie
Avec le soutien de l’ACCN et de l’A-CDCN dans le cadre de La Danse en grande forme : CNDC-Angers ; CCN-Malandain Ballet Biarritz ; La Manufacture – CDCN Nouvelle-Aquitaine Bordeaux La Rochelle ; CCN de Caen en Normandie ; Boom’Structur ; Comédie de Clermont-Ferrand ; Centre chorégraphique national de Grenoble ; MC2 : Maison de la Culture de Grenoble ; Le Phare-CCN du Havre Normandie ; CCN – Ballet national de Marseille ; CCN d’Orléans ; Le Gymnase CDCN Roubaix Hauts-de- France ; La Place de La Danse – CDCN Toulouse / Occitanie ; La Briqueterie CDCN du Val-de-Marne
Résidence Chaillot – Théâtre National de la Danse

La Compagnie Nacera Belaza est soutenue par la Direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France – Ministère de la Culture et de la Communication en tant que compagnie subventionnée et par la Région Ile-de-France dans le cadre de sa programmation artistique et culturelle permanente.

Durée : 50 minutes

Vu en mai 2024 au Kunstenfestivaldesarts

MC93, Bobigny, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
du 5 au 8 novembre

Théâtre d’Orléans, Scène nationale
le 12 novembre

Le Phénix, Scène nationale de Valenciennes, dans le cadre du festival Le Grand Bain
le 25 mars 2025

Théâtre de l’Agora, Scène nationale de l’Essonne, Évry-Courcouronnes, dans le cadre de la Biennale du Val-de-Marne
les 3 et 4 avril