« La Mouette » de Tchekhov dans une nouvelle version rock n’roll signée de Thomas Ostermeier avec une nouvelle traduction du romancier Olivier Cadiot achève sa tournée à l’Odéon. Nous ne sommes pas vraiment dans la Russie du 19ème siècle puisque la bande son signée The Doors donne un sacré coup de jeunesse à la pièce.
La musique de Jim Morrisson et les mots de Tchekhov: c’est le choc des cultures pour cette nouvelle adaptation de la Mouette. Car il faut bien parler d’adaptation plus que de traduction pour ce nouveau texte d’Olivier Cadiot. Thomas Ostermeier fait de ce classique, une pièce du 21ème, comme si Tchekhov était encore vivant. En guise de prologue, le patron de la Schaubühne de Berlin a choisi de raconter le monde d’aujourd’hui. Bénédicte Cerutti (Macha) et Cédric Eeckhout (Sorine) parlent de la Syrie et se posent des questions sur le théâtre d’aujourd’hui. Qu’est-ce que le théâtre d’avant-garde ? Des acteurs à poil ? Non maintenant le chic, c’est le slip blanc ! Un dialogue tordant qui indispose certains spectateurs et qui le font savoir dans la salle. Mais on a salivé devant ces moments bien sentis. Car après tout La Mouette est une pièce sur le théâtre…
La Mouette, c’est le destin de Nina, jeune comédienne amoureuse de l’auteur Trigorine (François Loriquet), un homme plus âgé qu’elle. Mélodie Richard est la révélation de ce spectacle. Elle se transforme littéralement pendant ces deux heures et demie. Son personnage passe de la femme enfant à la femme adulte. Valérie Dréville est également impressionnante dans le rôle d’Arkadina clamant haut et fort après la représentation de la pièce de son fils Konstantin : « On aurait dit la voix de Jeanne Moreau ! ». Thomas Ostermeier s’en est donné à cœur joie dans cette scène de l’acte 1 censée représentée la nouvelle forme théâtrale. On dirait une scénographie à la Romeo Castellucci !
Mélodie Richard a eu envie de chanter du Bowie sur scène. Insouciance de la jeunesse. Thomas Ostermeier l’a laissé faire. Avec Sébastien Pouderoux – échappé pour un temps de la Comédie-Française, très convaincant avec son look à la Groucho Marx, son bon et ses chaussures bateaux – ils forment un duo pop-rock craquant. Quand à Mathieu Sampeur, il virevolte dans le costume de Treplev, l’auteur maudit. La peintre Marine Dillard dessine une fresque sur le mur de fond pendant les trois premiers actes, un paysage montagneux au bord d’un lac qui deviendra une toile noire à la Soulage au dernier acte, avant que la pièce ne bascule dans le drame. Thomas Ostermeier signe une version décapante et nostalgique de la Mouette, ancrée dans l’époque.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
La Mouette de Tchekhov
mise en scène
Thomas Ostermeier
traduction et adaptation
Olivier Cadiot, Thomas Ostermeier
musique
Nils Ostendorf
scénographie
Jan Pappelbaum
dramaturgie
Peter Kleinert
costumes
Nina Wetzel
lumières
Marie-Christine Soma
peinture
Katharina Ziemke
assistanat mise en scène
Elisa Leroy, Christèle Ortu, Maxine Reys (stagiaire)
construction du décor
Atelier du théâtre de Vidy
Benedicte Cerutti – Macha
Valérie Dréville – Irina Nikolaïevna Arkadina
Cédric Eeckhout – Sémion Sémionovitch Medvedenko
Jean-Pierre Gros – Piotr Nikolaïevitch Sorine
François Loriquet – Boris Alexeïevitch Trigorine
Sébastien Pouderoux de La Comédie Française – Evgueny Sergueïevitch Dorn
Mélodie Richard – Nina Mikhaïlovna Zaretchnaïa
Matthieu Sampeur – Konstantin Gavrilovitch Treplev
Durée: 2h3017.03 – 18.03.2016 Théâtre de Cornouaille, Quimper
23.03 – 25.03.2016 Théâtre de Caen
31.03 – 9.04.2016 TNS, Strasbourg
13.04 – 16.04.2016 Teatro Stabile, Turin
21.04.2016 Mitem, Budapest
27.04 – 29.04.2016 TAP, Poitiers
11.05 – 13.05.2016 La Filature, Mulhouse
20.05 – 25.06.2016 Odéon Théâtre de l’Europe
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !