La mort de Pierre Audi

Photo Sarah Wong

Le metteur en scène franco-libanais Pierre Audi, patron du Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence et ancien directeur artistique de l’Opéra national des Pays-Bas, est décédé à l’âge de 67 ans.

« C’est avec une immense tristesse que l’équipe du Festival d’Aix-en-Provence vient d’apprendre le décès brutal de Pierre Audi, survenu dans la nuit de vendredi 2 au samedi 3 mai à Pékin. Le monde de la création artistique perd un immense artiste et directeur d’institution », a indiqué le Festival d’Aix dans un communiqué. « Pierre Audi avait dédié sa vie à la création artistique » et « a profondément renouvelé le langage de l’opéra », a salué, de son côté, la ministre de la Culture Rachida Dati sur X. En 2018, ce natif de Beyrouth avait pris la direction générale du Festival d’Aix-en‑Provence, un des plus grands rendez-vous internationaux de l’art lyrique, et avait été reconduit à sa tête fin 2021 pour un mandat qui devait courir jusqu’en 2027.

Au début des années 1980, ce grand adepte de l’opéra hors les murs s’était fait connaître en fondant le théâtre Almeida dans un bâtiment désaffecté de Londres, transformé en lieu d’innovation artistique. « Lorsque j’ai pensé l’Almeida Theatre, ouvert en 1980, c’était en réaction contre un certain type de théâtre anglais », racontait-il en 2022 dans un entretien publié sur le site du Festival d’Aix. Il est ensuite devenu directeur artistique de l’Opéra national d’Amsterdam, où il a créé la plupart de ses mises en scène, travaillant avec des plasticiens comme Georg Baselitz ou Anish Kapoor. Il restera à ce poste près de trente ans.

En 2015, il met le cap sur New York en devenant le directeur artistique du Park Avenue Armory, lieu pluridisciplinaire de près de 5 000 m2 qui accueille des installations ou des mises en scène monumentales d’Ivo van Hove ou Ariane Mnouchkine. « Il aurait été impossible de (les) montrer dans une salle conventionnelle », assurait Pierre Audi en 2022. Lui-même avait mis en scène la création de L’Apocalypse arabe de Samir Odeh‑Tamimi au Festival d’Aix en 2021 et devait monter Tosca de Puccini à l’Opéra de Paris à la fin de cette année. « Il croyait profondément en l’avenir de l’art lyrique (et du théâtre musical), art plus que tout autre apte, selon lui, à surmonter toutes les crises », a expliqué le Festival d’Aix.