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« La luz de un lago », ceci n’est pas de la merde

A voir, Les critiques, Orléans, Paris, Théâtre
La luz de un lago d'El Conde de Torrefiel
La luz de un lago d'El Conde de Torrefiel

Photo Mario Zamora

Spectacle plein de malice, de références, mais, paradoxalement, également simple et sensitif, La luz de un lago permet au langage scénique si singulier du duo espagnol d’El Conde de Torrefiel, Tanya Beyeler et Pablo Gisbert, de se déployer avec brio. Des mots, de la musique et des sons à la conquête des images intérieures.

Une image intérieure, c’était le titre du précédent spectacle d’El Conde de Torrefiel, découvert à Avignon en 2022. Retour du duo d’Espagnols avec son langage scénique qui se moque des images autant qu’il cherche à en créer, et se rit de l’art d’aujourd’hui autant qu’il y participe à plein. La luz de un lago est un film avec quatre histoires qui se suivent, à la fois connexes et déconnectées, nous annonce-t-on à l’entame, mais, comme la pipe de Magritte, il faut croire ce qu’avance El Conde en même temps qu’en comprendre l’ironie. Peu d’images filmiques hors quelques visions ultra-pixellisées peuplent en effet ce spectacle, mais des mots, encore des mots, toujours des mots, qui résonnent en espagnol et s’affichent en surtitres français et anglais. Des mots qui rythment dans leur lente succession des récits d’histoires d’amour qui se déploient aux quatre coins de l’Europe (Manchester, Athènes, Paris, Venise) de 1997 à 2038 en passant par aujourd’hui. Des mots, donc, pour des récits simples qui activent des souvenirs, des sensations, et produisent effectivement, in fine, des images.

Mention spéciale dans le genre à la première rencontre entre un jeune homme et une jeune femme. Love at first sight. Premier regard échangé sur Angel de Massive Attack, qui fait se rencontrer le sexe et la mort, premier baiser quelques heures plus tard sous LSD, dans l’atmosphère de transe électro d’une boîte de nuit de Manchester. On s’y croirait, on plane, en suspension, en lévitation, dans la fusion absolue des corps, de la musique et de la nuit, retour au magma des premières heures de la vie, quand rien encore n’était distinct, dans l’état heureux de la fusion originelle. Avec les mots, économes et bien sentis, la musique et tout un univers sonore créé par Rebecca Praga et Uriel Ireland font trembler les corps et les âmes. Le tout face à un mur blanc que viennent démonter des technicien·nes acteur·rices qui opéreront entre chaque tableau, entre chaque histoire, dévoilant tantôt un rectangle de viscères, tantôt un envers du décor dont il vaut mieux laisser la surprise, tant elle est réussie.

Chemin faisant ainsi entre ce couple hétéro, la lettre d’une grand-mère à son petit-fils trans et un spectacle sur une rencontre homo dans un cinéma d’Athènes généré par IA, La luz de un lago semble se moquer des travers de l’art d’aujourd’hui et de ses effets waouh en même temps qu’il en recycle quelques-uns. Les références à Romeo Castellucci – de la merde jetée sur un tableau comme les pierres dans Sur le concept du visage du fils de Dieu, en coévocation avec la merde qui dégoulinait des fesses de son personnage dysentérique – roulent de concert avec les effets spectaculaires d’un théâtre où les sens sont ébranlés, l’image intérieure appelée à émerger d’une expérience davantage que d’une réflexion. Entre clins d’œil artistiques référencés, évocations du monde comme il va mal avec son système libéral maltraitant et histoires d’amour comme on en a tant besoin aujourd’hui, La luz de un lago développe finalement une forme de simplicité du fond – Eros contre Thanatos, l’amour face aux forces obscures – et de la forme – des mots et le théâtre comme boîte artisanale de nos imaginaires – en même temps qu’il déploie une esthétique malicieuse pour intellos référencés. Toute une panoplie qui fait traverser des états et, en même temps, fourmiller de multiples et stimulants degrés de lecture.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

La luz de un lago
Conception El Conde de Torrefiel
Mise en scène, texte et dramaturgie Tanya Beyeler, Pablo Gisbert
Avec Mireia Donat Melús, Mauro Molina, Isaac Torres
Scénographie El Conde de Torrefiel, Isaac Torres
Traduction Marion Cousin (Français), Nika Blazer (Anglais)
Espace et matériaux El Conde de Torrefiel, La Cuarta Piel, Mireia Donat Melús
Lumière Manoly Rubio García
Création sonore Rebecca Praga, Uriel Ireland
Vidéo Carlos Pardo, María Antón Cabot
Régie en tournée Uriel Ireland, Guillem Bonfill, Roberto Baldinelli
Coordination et direction technique Isaac Torres

Production exécutive CIELO DRIVE SL, Alessandra Simeoni
Coproduction Festival GREC — Barcelone, CC Conde Duque — Madrid, Théâtre St. Gervais — Genève, Teatro Municipal de Porto — Rivoli, Festival d’Automne, Festival delle Colline Torinesi, Festival Contemporanea – Prato, VIERNULVIER — Gand
Avec le soutien de ICEC — Generalitat de Catalunya (production), Festival TNT — Terrassa, Teatre Principal de Lloret de Mar
Coréalisation Festival d’Automne à Paris

Durée : 1h30

Odéon-Théâtre de l’Europe, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
du 4 au 16 novembre 2025

Centre dramatique national Orléans / Centre-Val de Loire
les 19 et 20 novembre

6 novembre 2025/par Eric Demey
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