À l’origine de La guerre des images, il y a une diapositive que j’ai trouvée en 2020 dans une benne à ordures. Une image minuscule et fascinante. Une Vénus allongée devant un paysage chaotique, une cité lointaine qui paraît brûler. Sous les colonnes de fumée noires et menaçantes, la Vénus est impassible, elle tourne le dos à l’apocalypse et semble comme endormie.
Malgré mes nombreuses recherches, je ne suis pas parvenu à déterminer le titre de cette peinture, ni son auteur ou son emplacement. Le temps a détruit certaines couleurs de la diapositive, si bien que lorsque je l’ai scan- née il ne restait qu’une nuance majoritaire de rose très intense. Cette couleur improbable redouble le statut d’énigme que prend cette image à mes yeux. C’est un des matériaux qui sert à l’écriture de La guerre des images.
Poursuivant une méthode d’écriture faite d’intuitions plastiques et de recherches théoriques, je m’attache comme dans mes textes précédents à composer une fiction dans laquelle ces recherches prennent forme et s’incarnent de manière sensible.
La Guerre des images est une sorte de huis-clos : dans la réserve d’un musée, se rencontrent quatre personnes qui ont un lien avec le lieu : un artiste, une commissaire d’exposition, une gardienne et un restaurateur d’œuvre d’art.
Contrairement à mes deux précédents textes, les personnages ne se donnent pas rendez-vous pour exposer des connaissances théoriques. C’est la préparation d’une exposition sur le Caravage qui les fait se croiser là. L’évènement à venir fait se rencontrer les toiles du maître du clair-obscur et des productions de jeunes artiste inspirés de son œuvre. Une situation qui va les pousser à faire exploser certains conflits et divergences sur la création et les images. C’est dans cette modalité de la controverse mais explorée dans un versant plus intime que va se dérouler la pièce.
Ce projet d’écriture est sous-tendu par les écrits de la philosophe Annie Le Brun. Dans son essai Ceci tuera cela, elle fait le constat d’une culture contemporaine des images au bord de la désolation, dans laquelle le flux ininterrompu tue à petit feu la profondeur des images, leur capacité à générer de l’imagination et du trouble.
Je suis convaincu que la dictature de la visibilité (notamment imposée par les réseaux sociaux, la publicité et les nouvelles technologies) dont fait état Annie Le Brun appelle une contre-attaque de l’imagination. Je crois aussi que le théâtre a la force d’opérer cette contre-attaque.
La Guerre des images
Texte, scénographie et mise en scène
Charles ChauvetAccompagnement dramaturgique
Sarah CillaireJeu
Isabel Aimé Gonzalez Sola,
Luca Besse,
Matthias Hejnar,
Mireille HerbstmeyerCréation lumière
Léa MarisCréation musicale et sonore
Antoine ProstDirection de production et de communication
On s’en occupe
Corine PéronPhotos Pascal Gely
Coproduction
Les Plateaux Sauvages, avec le soutien de La DRAC Ile-de-France, de la Ville de Paris, du CNDC-THEATRE OUVERT, du CENTQUATRE-PARIS et du Studio-Théâtre de Vitry.Production
Compagnie Fleuve de Janvier.Création
Du 27 novembre au 7 décembre 2024
aux Plateaux Sauvages
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