David Lescot et Emmanuel Bex nous emmènent au cœur de la Commune de Paris à travers 13 tableaux musicaux, chantés, récités, slamés. Ils retracent cette période très courte de l’histoire de France – à peine 3 mois au printemps 1871 – mais très riche. La Commune a été un laboratoire d’idées progressistes en matière de laïcité, d’émancipation des femmes, du droit de la presse et du droit du travail. Des thèmes qui font toujours l’actualité aujourd’hui.
Les textes fouillés et très documentés de David Lescot sont accompagnés de la musique jazzy et électro d’Emmanuel Bex. Un spectacle qui fait le pont entre deux familles, celle du théâtre et du jazz. Rencontre avec les deux créateurs.
Depuis quand remonte votre passion pour cette période de l’histoire ?
David Lescot : C’est un choix que l’on a fait ensemble avec Emmanuel. On souhait marier nos deux expressions artistiques. Lui, la composition et la musique et moi l’écriture. On a cherché un thème qui nous rassemblerait. La Commune est apparue comme une évidence. Cela rejoint notre conscience politique et militante. On avait envie de faire résonner ces évènements aujourd’hui.
Car dans le spectacle on parle de laïcité, du droit des femmes, du droit social…
David Lescot : L’organisation du travail a été au cœur de la Commune pour échapper aux organisations patronales, inventer des formes d’union et de syndicalisation. On a fait la liste de toutes les œuvres de la Commune, y compris celles que les communards n’ont pas eu le temps de mettre en place, car cela n’a duré que trois mois. Dans ces expériences il y a aujourd’hui des thèmes qui reviennent, des échelles d’organisation sociales qui nous inspirent.
Emmanuel Bex : Et comme la Commune a été fugace, les communards ont eu peu de temps pour produire des textes, il y a eu beaucoup d’improvisation. Tout s’est passé au jour le jour. Et cela colle avec l’esprit du jazz.
Comment fait-on swinguer les mots autour de la Commune ?
Emmanuel Bex : Plutôt que de les faire swinguer, j’ai essayé de les faire tanguer. J’ai besoin de penser que la musique raconte quelque chose. Les mots de David se mêlent aux notes de musique comme une évidence.
Les femmes sont très importantes dans la Commune et elles sont au cœur du spectacle. Est-ce que l’on peut dire que c’est un spectacle féministe ?
David Lescot : Oui on peut le dire. Les femmes ont joué un rôle prépondérant. Elles ont été des héroïnes. Avec en tête Louis Michel, la militante anarchiste increvable. Dès qu’elle sort de prison, elle repart au combat. Et puis il y a des femmes moins connues. On a consacré une chanson à Elisabeth Dimitrieff, une russe venue observer la Commune qui est devenue une pasionaria en robe rouge sur les barricades. Elle incarne la dimension romanesque et poétique de cette époque. Les femmes ont lutté pour la Commune mais la Commune n’a pas tant lutté que cela pour les femmes. Dans la liste impressionnante des revendications il n’était pas prévu qu’elles obtiennent le droit de vote.
C’est un spectacle qui permet à vos deux familles de se réunir, celle du théâtre et celle du jazz.
Emmanuel Bex : C’est une des dimensions du titre du spectacle. David est aussi musicien. C’est intéressant de discuter de la place de la musique au théâtre. La musique est libre et n’empêche pas la parole.
David Lescot : Et puis il y a d’autres musiques que le jazz. Je milite pour le mélange et le métissage. Les formes pures ne m’intéressent pas. La musique peut éclairer les textes et les faire flamber.
Dans le spectacle figure Le temps des cerises, l’une des chansons les plus populaires de France que vous avez réarrangé.
Emmanuel Bex : Elle a été composée avant la Commune, les paroles sont déconnectées des évènements mais elle est emblématique car les gens la chantaient sur les barricades. Et j’en ai fait une version joyeuse.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
La Chose commune
Cie du Kaïros / David Lescot
composition musicale Emmanuel Bex
texte et mise en scène David Lescot
avec Emmanuel Bex, Elise Caron, Simon Goubert, Mike Ladd, Géraldine Laurent, David Lescot
Durée: 1h3028 janvier – 21h • création en résidence • Astrada, Marciac
31 janvier – 20h30 • La Passerelle – Scène nationale de Gap
22 & 24 mars – 20h / 23 mars – 19h • La Filature – Scène nationale de Mulhouse
28 mars – 20h30 • La Halle aux Grains, Blois
31 mars & 01 avril – 20h30 • CNCDC, Châteauvallon
19 > 29 avril – 20h30 • Théâtre de la Ville – Espace Cardin, Paris
17 novembre • D’Jazz Nevers Festival, Nevers
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