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Pelléas et Mélisande sombrent dans le sombre

Avignon, Décevant, Festival d'Avignon, Les critiques, Paris, Théâtre

Photo Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

Au Festival d’Avignon, Julie Duclos signe une version bien terne et trop littérale de Pelléas et Mélisande, le chef-d’oeuvre crépusculaire de Maurice Maeterlinck.

Ce sont d’abord les paysages en noir et blanc d’une nature brumeuse, vertigineuse, forcément adversative qui défilent sur un large écran. Puis une forêt, verdoyante, dont les feuilles dansent légèrement au gré du vent. Le Prince Golaud, en Anorak de chasseur et le fusil à l’épaule, erre, hagard. « Je crois que je me suis perdu moi-même », dit-il. Il fait la rencontre déterminante de Mélisande, pareillement égarée, simplement munie d’un petit blouson et d’un sac à dos d’éternelle fugitive. Sans rien apprendre d’autre de la jeune fille apeurée que son prénom, il décide de l’emmener avec lui et de l’épouser quelques mois après. Lorsqu’il l’introduit au royaume d’Allemonde, où elle rencontrera Pelléas dont elle tombera amoureuse, Julie Duclos passe, cette fois, à une écriture théâtrale. Elle fait pénétrer dans un lieu posé à distance sur un tapis de cailloux, qui se présente comme un condensé d’espaces compartimentés et sans cesse remodelés, d’un grand dépouillement.

L’image occupe une place centrale dans le travail présenté. Elle permet de voir se dérouler le fil narratif en toute fluidité. Par la projection vidéo de scènes tournées en décor naturel, Julie Duclos s’extrait du symbolisme de Maeterlinck et propose une monstration géante, cinématographique, qui fait entrer de plein fouet dans l’espace-temps impénétrable de sa mystérieuse pièce.

La metteuse en scène choisit de subtilement moderniser la pièce, mais sans la brusquer ou la recontextualiser. Sa lecture rigoureuse, mais presque platement illustrative, ne fouille pas assez les luttes et le désir auxquels se confrontent tragiquement les personnages éponymes représentés comme des jeunes gens d’aujourd’hui bien ordinaires. Certes la partition qu’offre Maeterlinck, si délicate et complexe tant elle est économe, elliptique, oblige à renoncer à toute forme d’ostentation. Mais il y a sûrement un geste plus pertinent à adopter que celui de l’embourgeoisement et de la banalisation pour monter Pelléas et Mélisande aujourd’hui.

Rarement donnée au théâtre, la pièce créée en 1892 est bien plus connue dans la version lyrique qu’en fait ultérieurement Claude Debussy. La magie de sa musique impressionniste et sensualiste manque cruellement à cette représentation gâtée par une lasse monotonie.

Julie Duclos appuie lourdement sur le climat morne et mortifère d’un monde déclinant qu’elle plonge dans un noir ténu. Alix Riemer et Matthieu Sampeur, silhouettes adolescentes, allures graciles et fragiles, présences sensuelles, campent en creux et sans trop de relief, ni de sauvagerie, Pelléas et Mélisande, tandis que Vincent Dissez, qui complète le trio tragique, fait un Golaud mâle et plus mature, véritablement torturé et donc plus passionnant. Lui excepté, les personnages semblent étrangement trop absents à eux-même et ont du mal à exister. Ce qui aboutit à un drame dépassionné.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Pelléas et Mélisande
de Maurice Maeterlinck

Avec Vincent Dissez, Philippe Duclos, Stéphanie Marc, Alix Riemer, Matthieu Sampeur, Émilien Tessier, et en alternance Clément Baudouin, Sacha Huyghe, Eliott Le Mouël
Mise en scène Julie Duclos
Scénographie Hélène Jourdan
Lumière Mathilde Chamoux
Vidéo Quentin Vigier
Son Quentin Dumay
Costumes Caroline Tavernier
Assistanat à la mise en scène Calypso Baquey

Production Compagnie L’In-Quarto
Coproduction Théâtre national de Bretagne, Odéon-Théâtre de l’Europe, La Comédie de Reims, Centre dramatique national Besançon Franche-Comté, Festival d’Avignon, Les Célestins Théâtre de Lyon, Comédie de Caen Centre dramatique national de Normandie, La Filature Scène nationale de Mulhouse
Avec le soutien du Ministère de la Culture Drac Île-de-France
Avec l’aide des ateliers du Centre dramatique national Besançon Franche-Comté, Théâtre du Nord Centre dramatique national Lille Tourcoing Hauts-de-France, Comédie de Caen Centre dramatique national de Normandie, Spedidam
Résidences La FabricA du Festival d’Avignon, Théâtre national de Bretagne, Odéon Théâtre de l’Europe 

Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck est publié aux éditions Le Livre de Poche et Espaces Nord.

Durée : 2 heures

Festival d’Avignon 2019
5 6 7 | 9 10 juillet à 18H
La FabricA

Théâtre de l’Odéon, Paris
du 25 février au 21 mars 2020

8 juillet 2019/par Christophe Candoni
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1 réponse
  1. Farga
    Farga dit :
    9 janvier 2020 à 10 h 09 min

    Résumons rapidement. Pelléas et Mélissande, c’est des personnages, vide, sans aucune passion, déambulant dans un décor riche et bien utilisé. En somme un plaisir pour les yeux parsemé d’une réelle sobriété pour les oreilles, c’est dire si la mort de Pelléas m’a à peine fait sourire tant la passion est absente.

    Répondre

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