Pour sa réouverture au public, l’Opéra-Comique présente une pièce éminemment symbolique : L’Orfeo de Monteverdi considéré par convenance comme le premier opéra du genre lyrique. Dirigée par Jordi Savall et mise en scène par Pauline Bayle, l’œuvre dégage une certaine fraicheur dans le drame.
Au moment où retentit la célèbre toccata qui inaugure le prologue de L’Orfeo, les cuivres sont placés dans les loges de part et d’autres de la fosse tandis que sur le plateau nu, un ensemble de choristes aux tenues printanières, aux gestes tendres et aux ritournelles enlevées, qui plus est galvanisé par la musique personnifiée, fait son entrée les bras chargés de bouquets de pétales d’un rouge pimpant. C’est ainsi que s’ouvre le spectacle qui se veut à la fois épuré et coloré aussi bien scéniquement que musicalement. L’espace vide est alors recouvert de ces fleurs éparses formant un cercle étroit qui renvoie au théâtre antique. Cette nature prodigue et bucolique s’offre comme décor aux deux premiers actes et trouvera un total contrepoint dans l’obscurité tenace qui enveloppe la partie qui suit.
Sans doute pouvait-on attendre des propositions plastiques et scéniques plus riches, plus inventives, plus saisissantes qu’une mise en images assez naïve, littérale, pour redécouvrir et réinterroger le mythe d’Orphée aujourd’hui. Mais Pauline Bayle qui signe sa première mise en scène à l’opéra assume la sobriété de son geste et se montre humblement fidèle au texte, à la musique et à la danse, autant d’éléments auxquels elle laisse toute la place et qui s’allient de manière naturelle et féconde.
Grand familier de Monteverdi et de L’Orfeo qu’il a dirigé plusieurs fois en version scénique comme concertante, Jordi Savall à la tête de son orchestre Le Concert des Nations et de La capella Reial de Catalunya restitue l’œuvre avec une grande probité, faisant néanmoins plus preuve de rigueur que de flamme. Sa direction se fait précisément au service de l’expression dramatique rendant compte, sans excès de joliesse et même en assumant parfois une certaine étrangeté sonore, de la dualité de son atmosphère contrastée, allant de l’allègre pastorale, reflet de fête et de félicité, à l’affliction effroyable et grinçante lors de la descente d’Orphée dans les limbes des Enfers.
Dans le rôle-titre qu’il connaît et maîtrise à la perfection pour l’avoir déjà beaucoup chanté, Marc Mauillon domine évidemment la distribution. S’il ne possède pas la suavité cristalline et le velouté d’autres titulaires du rôle, il y a dans sa voix large et ample et dans son interprétation quelque chose de brut, puissant, violent. Il impose un Orphée très incarné, profondément humain, doté d’une belle et entière sensibilité. Figure de pureté et d’innocence, cet Orphée tout vêtu de blanc immaculé, traverse la chaude clarté et les sombres ténèbres pour célébrer à nouveau le pouvoir émotionnelle du chant et de la musique qui nous avait tant manqués cette année.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
Orfeo
Direction musicale
Jordi SavallMise en scène
Pauline BayleDécors
Emmanuel ClolusCostumes
Bernadette VillardLumières
Pascal NoëlAssistante mise en scène
Céline GaudierStagiaire mise en scène
Mona TaïbiMusica/Euridice
Luciana ManciniOrfeo
Marc MauillonMessaggera
Sara MingardoSperanza/Proserpina
Marianne Beate KiellandApollo
Furio ZanasiCaronte/Plutone
Salvo VitalePastore I /Spirito II
Victor SordoNinfa
Lise ViricelPastore II /Spirito IV
Gabriel DiazPastore III /Spirito I /Eco
Alessandro GiangrandePastore IV/Spirito III
Ivan GarciaDanseurs
Yannick Bosc, Loïc Faquet et Xavier PerezOrchestre
Le Concert des NationsChœur
La Capella Reial de CatalunyaProduction
Opéra ComiqueCoproduction
Opéra Royal – Château de Versailles Spectacles, Opéra Grand AvignonDurée estimée : 2h
Opéra Comique
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