On retrouve avec bonheur Johanna Nizard dans ce monologue de Laurent Mauvignier. Le récit d’une femme traumatisée par le geste de son père. Un geste comme une blessure dans sa vie qui ne s’est jamais soignée. Johanna Nizard est convaincante. On a été beaucoup moins séduit par le texte.
Une femme attend sa famille à dîner. Elle parle à son employée de maison, une étrangère qui ne comprend pas le français. Cette étrangère c’est aussi nous. Johanna Nizard s’approche du public. Elle cherche des regards et de la compréhension. Elle qui semble « parler dans la vide » raconte sa blessure de petite fille devenue grande. Une image reste gravée dans sa mémoire, celle de son père se masturbant devant elle. Une blessure indélébile. On détecte tout de suite dans le comportement du personnage une instabilité. Elle change constamment de robe. Elle ne sait pas quelle nappe utiliser pour recevoir ses invités.
Laurent Mauvignier a écrit ce texte pour qu’il soit joué par Johanna Nizard et mis en scène par Othello Vilgard. Un billard à trois bandes. Le texte a fait des allers retours entre l’auteur, la comédienne et le metteur en scène (il été présenté dans une première version au Musée Calvet en 2013 au Festival d’Avignon). Trop d’allers retours ? Pour laisser s’installer les silences, pour que la comédienne comble les espaces ? Au risque de se vider de sa profondeur ? On a eu le désagréable sentiment que ce texte n’allait gratter là où ça fait mal.
On regrette l’audace de la mise en scène d’Othello Vilgard qui nous avait épaté dans Trois Ruptures de Rémi de Vos et que l’on retrouve pas ici. L’espace scénique est occupé par des accessoires, des meubles, il est vaste, trop vaste, à la fois désordonné et éclaté. Johanna Nizard comble heureusement le vide. Elle se lâche, se jette à l’eau et envoie la solitude de son personnage à la figure du public. Elle porte à bout de bras ce spectacle. Elle a du tempérament et transmet ses émotions. Elle est sincère et endiablée.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Une légère blessure
Avec Johanna Nizard
Texte Laurent Mauvignier ; mise en scène, scénographie et son Othello Vilgard ; lumière Franck Thévenon ; dramaturgie Laurent Mauvignier ; collaboration artistique Louise Loubrieu
Production Compagnie Solaris
Coproduction Théâtre du Rond-Point. Avec le soutien du Théâtre de Lorient, Centre dramatique national et du Théâtre Garonne, Scène Européenne / Toulouse
Durée: 1h10Théâtre du Rond-Point
3 – 27 NOVEMBRE 2016, 20H30
12 — 14 ET 26 — 28 JANVIER 2017
THÉÂTRE GARONNE — SCÈNE EUROPÉENNE / TOULOUSE (31)
4 — 7 AVRIL 2017
THÉÂTRE DE LORIENT — CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL (56)
27 ET 28 AVRIL 2017
THÉÂTRE DU BOIS DE L’AUNE / AIX-EN-PROVENCE (13)
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