Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Disciplines
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Cirque
    • Jeune public
    • Théâtre musical
    • Marionnettes
    • Arts de la rue
    • Humour
  • Festivals
    • Tous les festivals
    • Festival d’Avignon
    • Notre Best OFF
  • Rechercher
  • Menu Menu

Black Label, mais où est la vulnérabilité ?

Les critiques, Lille, Moyen, Théâtre, Théâtre musical

photo Arnaud Bertereau

Cinq ans après avoir porté le chanteur et comédien JoeyStarr sur les planches dans Elephant Man, David Bobée récidive avec Black Label, une vaste fresque poétique et littéraire, mais dénuée de toute incarnation.

Le metteur en scène et directeur du Théâtre du Nord invite de nouveau Didier Morville, véritable nom de JoeyStarr, au plateau. Celui-ci signe également la conception, la mise en scène, et même une partie du texte de cette fresque composée des poèmes majeurs de la pensée antiraciste : d’Aimé Césaire à Eva Doumbia, en passant par Malcom X, Assa Traoré, la performance retrace l’histoire de la lutte contre le racisme, depuis le mouvement des droits civiques jusqu’à Black Lives Matter.

Véritable caméléon aux multiples casquettes qui a participé à fonder le rap français dans les années 90 avec son groupe NTM, devenu un objet médiatique fascinant et exubérant, Didier Morville s’est présenté en “poète cracheur de feu et dandy dissident”, drapé de sombre, lunettes sur le nez sur le plateau du Théâtre du Nord. Bête de scène lors de ses concerts, on le sait aussi capable d’une grande sensibilité : on l’a vu en flic déboussolé dans Polisse de Maïwenn (pour lequel il a été nommé aux César en 2011) ou en monstre déchirant dans l’Elephant Man de David Bobée. Tantôt les poings armés comme un boxeur, tantôt la voix éraillée de crooneur, Didier Morville aura hélas du mal à s’extraire de son pupitre, abrité derrière un texte qu’il tient en permanence à la main, trébuche sur les mots, passe en force. Son sens indéniable du rythme et son engagement corporel pointent trop rarement pour convaincre. Plus embêtant : on se demande où est la vulnérabilité derrière cette grande carcasse cramponnée à son texte qui refuse de se dévoiler, ce qui rend difficilement lisible l’échos que l’histoire de JoeyStarr, érigé en symbole, peut avoir avec les textes choisis, lui qui est présenté dans la note d’intention comme « le porte-voix de la périphérie et de la contre-culture« .

Perdus aux quatre coins du grand plateau du Théâtre du Nord – qui va devoir se remplir de silhouettes de carton-plâtre pour combler le vide – ses acolytes de jeu ne vont pas réussir à compenser la retenue ni à créer de véritable synergie de groupe, tandis que défilent sur un bandeau lumineux les noms des poètes ou poétesses cité.es, agrémentés d’images d’illustration à l’utilité relative. La virtuose Sélène Saint Aimé subjugue pourtant par ses envolées au chant et à la contrebasse et rythme le texte aux percussions pendant que Nicolas Moumbounoun l’accompagne à la danse. Sur l’ensemble de la performance, Jules Turlet artiste complet et touchant interprète la totalité des textes en Langues des signes françaises. Ainsi chacun.ne déploie son langage propre, multiplie les voix pour mieux évoquer la multitude des vécus face au raciste et à l’histoire coloniale. L’ensemble peine, hélas, à créer une énergie commune, les corps tentent de faire lien sans y parvenir, se contentent de se regarder sans se répondre. Finalement, les textes semblent déguisés d’avantage qu’incarnés.

La scène finale est évidemment percutante, lorsque Didier Morville et Sélène Saint Aimé énumèrent face public la longue liste des personnes décédées dans le cadre d’interactions avec la police sur fond de musique émouvante qui monte crescendo, pendant que sur le plateau, s’accumulent les silhouettes de ces centaines d’anonymes dont la mémoire est trop souvent oubliées, certaines brandissant le poing ou une pancarte, formant un large cortège silencieux, mais ne suffira pas à équilibrer l’ensemble.

Là où un chœur puissant et multiple avait toutes les chances d’émerger, la performance qui se veut sobre sonne finalement creux, n’assumant pas véritablement son format de lecture avec pupitres et sièges haut, ne jouant pas non plus à fond la carte de l’interprétation, avec ces corps qui n’interagissent pas ensemble. Elle se place dans un entre-deux tout en s’excusant d’y être. Une proposition qui aurait pu tout avoir d’une large fresque sensible à plusieurs entrées, mais qui se révèle un plat camaïeu passant à côté de toute esthétique novatrice.

Fanny Imbert – www.sceneweb.fr

Black Label
Conception et mise en scène : David Bobée et JoeyStarr
Avec les textes de : James Baldwin, Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas, Souleymane Diamanka, Éva Doumbia, Kiyémis, Lisette Lombé, Rogger Robinson, Tracy K.Smith, Assa Traoré …
Avec : JoeyStarr, Sélène Saint-Aimé, Nicolas Moumbounou, Jules Turlet
Scénographie : David Bobée et Léa Jézéquel
Lumières : Stéphane Babi Aubert
Son : Jean-Noël Françoise
Vidéo : Wojtek Doroszuk
Assistanat à la mise en scène : Sophie Colleu

Production : Théâtre du Nord – CDN Lille Tourcoing Hauts-de-France

Durée : 1h30

Théâtre du Nord
15 AU 22 MARS 2025

27 MARS 2025
Equinoxe Scène nationale, Châteauroux (36)

31 MARS 2025
Maison de la Culture d’Amiens (80)

4 AVRIL 2025
Théâtre de Choisy-le-Roi (94)

10 MAI 2025
La Villette, Paris (75)

16 février 2024/par Fanny Imbert
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur X
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
  • Lien vers Instagram
Vous aimerez peut-être aussi
Warm : une fournaise nommée désir
Fées de David Bobée et Ronan Chéneau
Emmanuel Meirieu crée Sur l'aile d'un papillon au Théâtre de LorientSur l’aile d’un papillon : les beaux vents contraires d’Emmanuel Meirieu
Théâtre en mai 2024
Un Elephant Man pas fracassant
Autophagies d'Eva Doumbia au Festival d'Avignon 2021 Autophagies, le cabaret eucharistique d’Eva Doumbia
Décolonisons les Arts ! Le livre choc de la rentrée
Pour un « monde d’après » décolonial
1 réponse
  1. Bouchain
    Bouchain dit :
    15 février 2024 à 15 h 27 min

    Quoi… un travail bâclé en trois jours…. Une dramaturgie aussi épaisse qu’un Oréo sans garniture… Joey Starr prend l’oseille du subventionné. Ca doit bien le faire rire… Se rappeler quand même que ce monsieur a été condamné à deux reprises pour coups et blessures sur jeune femme… de là à en faire un porte-parole….

    Répondre

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 22 000 spectacles référencés

© Sceneweb | Création site et Maintenance par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut