A 48 heures de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, les danseurs, qui menaçaient de faire grève en raison d’inégalités de leurs conditions de recrutement, ont levé leur préavis après avoir obtenu une « victoire » partielle dans leurs revendications.
Il s’agit d' »une victoire qui, si elle n’est pas totale, répond à tout le moins aux urgences soulevées », s’est félicité le syndicat représentant les artistes-interprètes SFA-CGT, à l’origine du préavis. .
Il protestait contre les « criantes inégalités de traitement » entre les danseurs recrutés, parmi lesquels figurent parmi les quelque 3.000 artistes (danseurs, comédiens, musiciens, etc.) qui prendront d’assaut la Seine, ses quais, ses ponts, les toits des monuments qui les bordent, sur six kilomètres vendredi soir, à partir de 19H30.
Selon le SFA-CGT, 250 à 300 d’entre-eux, intermittents du spectacle, auraient été embauchés par Paris 2024 – et sa société productrice Paname 24 – à des conditions « honteuses », sans défraiement de logement ni de transport et avec des droits à l’image (droits voisins dus au titre de la captation télévisuelle) d’un montant de 40 ou 60 euros (contre parfois 1.610 euros pour des danseurs salariés au sein de différents ballets).
Après des réunions puis deux séances de négociations mardi matin et mardi soir, une proposition de Paris 2024 de revalorisation des droits voisins a été « validée par les artistes concernés », débloquant la situation.
Concrètement, les danseurs dits « catégorie 2 » (ayant un rôle peu important en temps de présence lors de la cérémonie) ont obtenu 200 euros bruts de cachet et 200 euros de droits voisins (contre 200 + 40 initialement), a précisé à l’ AFP est membre du syndicat à la table des négociations.
Les danseurs « catégorie 1 » (plus expérimentés et ayant un rôle plus important) ont obtenu 300 euros bruts de cachet et 300 euros de droits voisins (contre 300 + 60).
plomb sur les toits
« Ce que cette lutte impressionnante nous donne, collectivement, à nous artistes, c’est la conscience que notre précarité ne nous oblige pas à tout accepter », s’est félicité la SFA-CGT.
Lundi, en guise de protestation, des danseurs qui répétaient sur les quais et les toits de bâtiments bordant la Seine étaient restés le poing levé, sans bouger, pendant la durée (8 minutes) de leur tableau, avant de reprendre le filage du spectacle, selon des témoignages et une vidéo que l’AFP avait consultée.
Rien n’a été obtenu toutefois concernant le défraiement du logement et du transport pour les artistes non franciliens.
« Les droits voisins n’ont pas vocation à couvrir » ces frais-là, note le SFA-CGT qui juge que « ce point reste une tension forte ».
Il promet une nouvelle lutte, aux côtés de trois organisations (salariés comme employeurs) de la branche du Spectacle vivant. Dans un communiqué commun, elles « exigent le respect » de la convention collective, rappelant les montants d’indemnisation prévus par celle-ci.
Contactés par l’AFP, les organisateurs de Paris 2024 n’avaient pas fait de commentaire dans l’immédiat.
Un sujet n’a pas été abordé pendant les négociations : la teneur en plomb des toits de certains bâtiments de Paris sur lesquels vont évoluer des danseurs.
Mardi, l’Union départementale de la CGT et deux ONG (l’association Henri Pézerat de défense de la santé en lien avec le travail et l’environnement et l’Association des familles victimes du saturnisme) ont jugé qu’il s’agissait de « surfaces gravement contaminées au plomb », en raison « de l’érosion » mais aussi « des récentes recontaminations (sic) par l’incendie de (la cathédrale) Notre-Dame puis des travaux de déblaiement et reconstruction ».
Ils ont appelé « à l’exercice du droit de retrait d’une situation de danger grave et imminent », mettant en garde également « les électriciens » et « tous ceux qui auront ensuite à effectuer le lavage et le nettoyage des vêtements contaminés (.. .) : étoffes, chaussons de danse et autres costumes. »
Karine Perret © Agence France-Presse
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