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Une fabrique des monstres qui s’emballe sans emballer

À la une, Bobigny, Décevant, Les critiques, Théâtre

Jean-François Peyret convoque l’auteure de Frankenstein, Mary Shelley, dans La Fabrique des monstres, un spectacle à la fois surchargé et complètement vide.

Sur les bords du lac Léman, Mary Shelley, dix-neuf ans, silhouette à la Mary Poppins en grand chapeau et mousseline blanche, entreprend la rédaction du roman qui la rendra célèbre. L’invention du véritable mythe moderne qu’est Frankenstein se présente comme le point de départ d’un spectacle généreusement insolite où le chaos scénique et langagier abonde.

Sur le vaste plateau de la MC93 à la fois dégagé et encombré, un quatuor de comédiens joue à se raconter des histoires, les plus longues et opaques possibles, à endosser plusieurs identités, indistinctes pour eux comme pour nous, extraites de la vie de la romancière comme de son œuvre, et à livrer d’infinies logorrhées, d’ineptes discours scientifico-philosophico-poetico-verbeux, ponctués de plusieurs anicroches dans la restitution du texte comme du sens. Jeanne Balibar et Jacques Bonnaffé sont de grands acteurs, inspirants et allumés, mais ils semblent ici bien trop livrés à eux-même, se débattant comme ils peuvent dans un exercice peu maîtrisé. En histrions poussifs, ils peinent à convaincre et captiver.

Le travail d’écriture et de mise en scène opéré s’apparente à une recherche expérimentale, comme toujours chez Peyret nourrie d’une pensée scientifique comme d’un imaginaire débridé. Mais il y a comme un fossé énorme entre l’apparente modernité du propos (sur l’avenir de l’individu, l’existence nouvelle et artificielle, la transhumanité, la robotique) et la vétusté de son esthétique métathéâtrale et des pédantes références qu’elle véhicule.

Beckett s’impose entre autres avec de nombreuses citations : un pieds de femme sortant d’une trappe rappelle la prisonnière du mamelon de terre dans Oh les beaux jours !, un aveugle délirant logeant dans une poubelle fait écho à Fin de partie, le discours scientifique déconstruit et bégayant renvoie à celui de Lucky dans En attendant Godot. Ces pastiches usés jusqu’à la corde restent à la surface du profond génie du Maître de l’absurde.

Ce spectacle-monstre est accompagné par une machine musicale aux accents jazz délités composée par Daniele Ghisi et élaborée par l’IRCAM à partir d’un algorithme volontairement incontrôlable. Rien, du reste, ne se tient vraiment, dans cette proposition. A l’instar de Frankenstein et de sa créature, il semblerait que Peyret ne contrôle pas sa création.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

La Fabrique des monstres ou démesure pour mesure – Jean-François Peyret
Théâtre, Musique — Création
Conception Jean-François Peyret

Avec Jeanne Balibar, Jacques Bonnaffé, Victor Lenoble, Joël Maillard

Composition musicale Daniele Ghisi — commande Ircam-Centre Pompidou
Réalisation en informatique musicale Ircam Robin Meier
Scénographie Nicky Rieti
Lumière Bruno Goubert
Collaboration dramaturgique Julie Valero
Costumes Maïlys Leung Cheng Soo et Nicky Rieti
Assistanat mise en scène Solwen Duée

Production Théâtre Vidy-Lausanne, Compagnie tf2

Coproduction Ircam — Centre Pompidou, L’Hexagone — Scène Nationale Arts Sciences Meylan, L’Estive — Scène Nationale de Foix et de l’Ariège, Le Théâtre de Caen

Avec le soutien de MC93 — Maison de la culture de Seine-Saint-Denis, Bobigny, Communauté Universitaire Grenoble Alpes — IDEX Rayonnement culturel social, L’avant-Scène, the french Theatre Workshop of Princeton University’s Department of French and italian

Avec le soutien de la SPEDIDAM Société de perception et de distribution qui gère les droits des artistes interprètes en matière d’enregistrement, de diffusion et de réutilisation des prestations enregistrées

Remerciements François Ansermet, Judith Brouste, Denis Duboule, Richard Frackowiack, Alain Prochiantz, Thomas Boccon-Gibod
Durée: 2h

MC 93 Bobigny
8 > 13 juin 2018

11 juin 2018/par Christophe Candoni
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