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L’Archipel, être ou ne pas être à la hauteur de son sujet

Jeune public, Les critiques, Moyen, Paris, Théâtre

photo Vincent Arbelet

La compagnie En attendant … met en scène L‘Archipel de Denis Lachaud, texte sur la rencontre entre deux jeunes personnes en situation de migration. Un spectacle qui peine à être à la hauteur de son sujet.

Cela fait plus de quinze ans que Jean-Philippe Naas, metteur en scène rompu au théâtre jeune public, collabore avec l’auteur Denis Lachaud (ce dernier étant également romancier, metteur en scène et comédien). Et depuis la création en 2008 par le premier de Moi et ma bouche, texte non-édité du second, les retrouvailles sont régulières : 2011 pour Les grands plateaux : 2018 pour La Rivière, 2021 pour L’Archipel et 2024 pour Marcher dans le vent (qui sera créé le 15 mai prochain au Grand Bleu à Lille avant de jouer à La Villette, à Paris). Avant la création toute prochaine de ce dernier spectacle, L’Archipel est repris au Théâtre Dunois. À l’origine de ce texte, il y a une commande du metteur en scène à l’auteur, Jean-Philippe Naas explicitant (dans le dossier dudit spectacle) : « Je souhaite créer une petite forme à jouer dans tout type de lieux, un spectacle court qui permet un échange après la représentation (…). Assez naturellement, je passe une nouvelle commande à Denis, cela s’appelle L’Archipel. » Né pendant une résidence au long cours de la compagnie dans un lycée professionnel, le texte d’une quarantaine de minutes est, initialement, destiné à être joué dans des classes et est toujours suivi d’une rencontre. Il y a donc par la transposition dans le cadre plus conventionnel d’une salle de théâtre une gageure qui s’avère ici difficile à relever : celle de pouvoir adapter et retranscrire la circulation des deux protagonistes dans tout l’espace.

Au Dunois, les personnages de Lulu et Baya investissent autant le plateau que les gradins. Si la scène est couverte pour partie de bâches (dont certaines visent, on le suppose, à camoufler la scénographie d’un autre spectacle de la compagnie joué aux mêmes dates) et comporte des escabeaux, la salle elle-même a cette allure en chantier, une bâche et des seaux (remplis de cordes ou de magnésie bleue) occupant son centre. Déboulant sur le plateau par une porte située en fond de scène, le jeune homme et la jeune femme vont, pendant la quarantaine de minutes que dure le spectacle, circuler dans tous les recoins. Escaladant les gradins au milieu du public, grimpant sur les escabeaux, se servant d’une bâche comme protection à la pluie qui tombe, repartant pour Baya avec une corde, s’enduisant les mains de la poudre bleue pour Lulu, le duo ne cesse d’être en mouvement. Il ne cesse, également, d’échanger et à l’errance inquiète semble répondre les dialogues souvent elliptiques, assez sibyllins.

On pourrait dire, d’ailleurs, que beaucoup de choses échappent dans ce spectacle. Hélas non pas dans le sens du déploiement d’un mystère et de béances fertiles, mais plutôt dans une absence de sens, de profondeur, comme de pertinence dramaturgique. Si l’on saisit bien la difficulté à passer d’une salle de classe et de son archipel de tables, chaises, élèves et, donc, individualités, à la salle de spectacles où la structure et même les hiérarchies diffèrent totalement, force est de constater que ce n’est pas le changement de lieu qui constitue l’unique écueil de ce spectacle. Il y a le texte, qui en voulant raconter un fragment de vie de deux jeunes adultes en situation d’exil arrivés clandestinement en Europe, balance maladroitement entre flou et pathos, sans jamais permettre de rendre concret leur trajectoire. Flou avec les vagues considérations se voulant métaphysiques ou poétiques du duo sur leur vie, leurs émotions, leurs aspirations. Pathos avec l’évocation sans fard de la mort de la sœur du jeune homme. Il y a les choix scénographiques, et l’on  a quelques difficultés à comprendre le sens dramaturgique (ou métaphorique) des cordes manipulées, de la magnésie bleue ou des éléments évoquant un chantier. Enfin, il y a la direction d’acteurs, qui ne permet pas d’amener les interprètes à incarner avec une intériorité convaincante leur personnage. Aussi bien Lulu que Baya semblent surjouer en permanence le trouble, le doute, comme cet état de sortie de l’adolescence, et tous deux appuient leurs gestes, leur souffle et leurs intonations de manière insistante. Et face aux questions éminemment délicates que soulèvent le récit (qu’il soit fictif ou documentaire) de parcours de migrations de personnes réfugiées, L’Archipel peine à convaincre. Alors qu’un tel sujet impose une exigence éthique et politique, le spectacle suscite plus de perplexité que d’intérêt.

caroline châtelet – www.sceneweb.fr

L’Archipel
Texte de Denis Lachaud
Editions esse que
Mise en scène Jean-Philippe Naas
Avec Asmaa Samlali et Christian Franz
Scénographie Anouk Dell’Aiera
Costumes Mariane Delayre
Administration Audrey Roger
Diffusion Margareth Limousin

​Coproduction La Passerelle – Rixheim, L’arc scène nationale – Le Creusot, Scènes et Territoires
Accueil en résidence la Maison Jacques Copeau – Pernand-Vergelesses, La Machinerie 54 – Homécourt, Collège Pierre Brossolette – Réhon
La compagnie est conventionnée par ​la Ville de Dijon, le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté et soutenue la DRAC Bourgogne-Franche-Comté, le Conseil départemental de la Côte d’Or.

Durée 1h15

11 avril 2024
CC Saône Beaujolais (69)

Du 6 au 17 mai 2024
Théâtre Dunois, Paris (75)

11 mai 2024/par Caroline Chatelet
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