Créé en janvier 2011 à Rennes, Noli me tangere achève sa tournée aux ateliers Berthier, puis au TNT à Toulouse. Le spectacle a eu le temps de murir, et il arrive à Paris plein d’entrain et avec une mécanique parfaite. On retrouve tout le génie de la troupe de Jean-François Sivadier qui parvient à faire du théâtre avec des matériaux simples, avec au centre de son travail, le comédien, essentiel. Nicolas Bouchaud est comme à son accoutumée parfait dans le rôle de Ponce Pilate. Moralisateur dans son discours introductif, il se transforme peu à peu en clown démoniaque. « Noli me tangere est une suite de variations oniriques sur le thème de la confrontation du tyran et du Dieu, explique Jean-François Sivadier, sur la rencontre « historique », dans le climat de tension qui précède toute révolution, de deux hommes tous les deux autoproclamés « sauveurs du monde », le Christ et l’empereur Tibère ».
Dehors la révolte gronde, la tranquillité au Palais est fragile. Hérode fait donner une fête pour son anniversaire. Il convie une troupe de comédiens amateurs qui va jouer un épisode de la résurrection. Cette pièce dans la pièce est irrésistible. Elle crée de très belles ruptures dans la narration, et donne une tonalité franchement burlesque au spectacle qui permet aux comédiens de jouer sur plusieurs registres. Christophe Ratandra et Nadia Vonderheyben qui interprètent deux rôles dont ceux de Jean-Luc et Pascal (comédiens très amateurs de la troupe) sont hilarants. Marie Cariès incarne avec sobriété le rôle de Salomé. Après avoir inspirée Oscar Wilde et Apolinaire, la Salomé de Jean-François Sivadier provoque la déchéance de sa famille. Lors de sa danse enflammée, elle réclame la tête de Jean-Baptiste, le palais va alors s’effondrer sous le poids de la révolte populaire, la dernière image du spectacle est magnifique. Difficile de ne pas penser aux soulèvements de la jeunesse arabe.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Noli me tangere
texte et mise en scène Jean-François Sivadier
avec la collaboration artistique de Nicolas
Bouchaud, Véronique Timsit, Nadia Vonderheyden
Avec Nicolas Bouchaud, Stephen Butel, Charlotte Clamens, Christophe Ratandra, Nadia Vonderheyden, Rachid Zanouda
avec la collaboration artistique de Nicolas Bouchaud, Véronique Timsit, Nadia Vonderheyden décor Jean-François Sivadier et Christian Tirole lumières Philippe Berthomé costumes Virginie Gervaise assistante à la mise en scène Véronique Timsit
Jean-François Sivadier est artiste associé au Théâtre National de Bretagne, Rennes
Production déléguée Théâtre National de Bretagne – Rennes
Coproduction Prospero, Odéon – Théâtre de l’Europe, Italienne avec Orchestre, MC2 Grenoble – Espace Malraux – Scène nationale de Chambéry et de la Savoie
Durée: 2h45 sans entracte
Du 27/04/11 au 22/05/11 – Paris Ateliers Berthier – Odéon
Du 25/05/11 au 27/05/11 – Toulouse TNT-Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées
Une excellente pièce même si je l’ai trouvée un peu longue (2h45, la longueur toujours ce même défaut du subventionné). Les comédiens sont excellents avec une palme à Nicolas Bouchaud dans le rôle de Ponce Pilate et René qui est très bien servi en texte par Sivadier. Oui, une pièce qui colle à l’actualité qui nous rappelle que l’humanité est toujours la même depuis la nuit des temps. Une pièce sans espoir qui nous fait rire et sourire tout le temps.