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A Jérusalem, le théâtre envers et contre tous

À la une, A voir, Les critiques, Paris, Théâtre

Photo Alain Richard

Jean-Claude Fall adapte Jours tranquilles à Jérusalem de Mohamed Kacimi. A travers le récit du processus de création Des roses et du jasmin d’Adel Hakim, il dresse un portrait, à la fois sobre, sombre et lumineux, de la société palestinienne d’aujourd’hui.

Adel Hakim est allé partout où le théâtre pouvait s’exporter. Décédé en août 2017 des suites de la maladie de Charcot, le metteur en scène et dramaturge s’est rendu en Argentine, au Chili, en Uruguay, au Yémen, et même au Kirghizstan pour monter La Toison d’or avec des acteurs de la région de Bichkek ; mais c’est à Jérusalem-Est, pour la création Des roses et du jasmin avec les comédiens du Théâtre national palestinien, qu’il a connu les vents contraires les plus forts, de ceux qui découragent, en théorie, de mener un projet à bien.

En elle-même, la genèse de ce spectacle, qui retrace plus de quarante ans d’histoire commune entre palestiniens et juifs, est une épopée que Mohamed Kacimi, son dramaturge d’alors, a retracé dans Jours tranquilles à Jérusalem. De ce récit, Jean-Claude Fall a voulu s’emparer pour l’adapter avec une simplicité presque désarmante. Comprenant qu’il se suffisait amplement à lui-même, le metteur en scène n’a pas cherché à en pousser les feux, à le théâtraliser à l’excès, mais s’est simplement attaché à lui redonner corps et âmes pour le partager avec le plus grand nombre. Car, à elle seule, cette histoire en dit long sur l’état de la société palestinienne, celle-là même dont les médias parlent peu, sauf, très sporadiquement, en cas de guerre ou d’attentat.

A travers la création de son spectacle, Adel Hakim a tout vécu, ou presque : la menace de l’armée israélienne qui, pour son bon plaisir, vient empêcher la représentation d’une pièce de marionnettes voisine ; les administrateurs du Théâtre national populaire qui, parce qu’il y est question de la Shoah, veulent réécrire Des roses et du jasmin et menacent, en cas de refus, de barrer la route du spectacle, voire de brûler le théâtre ; les comédiens palestiniens, parfois bloqués aux checkpoints, qui rechignent à jouer des personnages juifs, à interpréter des scènes d’humiliation quotidienne ou à employer des mots – comme « niquer » – susceptibles de choquer le public ; la division culturelle entre Jérusalem-Ouest et Jérusalem-Est ; le manque d’argent, le manque de place, le manque d’électricité ; mais aussi, et surtout, l’incroyable aventure humaine dont le théâtre, parce qu’il veut advenir envers et contre tous, est à la fois le but ultime et le moteur.

Devant un simple mur de feuilles griffonnées, représentatif de l’ampleur de la tâche à accomplir, sur lequel sont projetés des images de la ville, les jeunes comédiens dont Jean-Claude Fall – qui incarne lui-même le rôle d’Adel Hakim – s’est entouré font souffler un vent de fraîcheur sur cette scène, creuset miniature de la vie palestinienne, où tout et rien à la fois ne semblent possible. En administrateurs zélés ou en comédiens torturés, bien plus à l’aise que leurs aînés, ils surfent sur l’humour caustique de Mohamed Kacimi pour éclairer ce sombre tableau, au parti-pris pour la cause palestinienne affirmée, d’une douce luminosité qui met en relief ses fragments les plus vitaux. De là où il est Adel Hakim a de quoi être fier de son épopée.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Jours tranquilles à Jérusalem
Texte Mohamed Kacimi, publié aux édition Riveneuve
Mise en scène et scénographie Jean-Claude Fall
Avec Bernard Bloch, Roxane Borgna, Étienne Coquereau, Jean-Marie Deboffe, Jean-Claude Fall, Paul-Frédéric Manolis, Carole Maurice, Nolwenn Peterschmitt et Alex Selmane
Dramaturgie Bernard Bloch
Création vidéo Laurent Rojol
Création son Eric Guennou
Travail chorégraphique Naomi Fall
Direction technique Jean-Marie Deboffe

Production La Manufacture Cie J-C Fall
Coproduction Théâtre des Quartiers d’Ivry, Centre Dramatique National du Val-de-Marne et Le Réseau (théâtre)
La Manufacture est une compagnie aidée par la DRAC Occitanie. Elle bénéficie régulièrement d’aides à la création de la Région Occitanie

Durée : 1h50

Théâtre 13 / Bibliothèque
du 12 au 24 avril 2022

30 janvier 2019/par Vincent Bouquet
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