Au Théâtre des Champs-Elysées, le cinéaste américain James Gray signe sa première mise en scène lyrique et donne dans l’esthétique désuète de « l’opéra de grand papa ». Ses Noces de Figaro se laissent néanmoins savourer grâce à une distribution et une direction musicale des plus pêchues.
Il y a quelque chose de fort étonnant à contempler ce spectacle d’un autre âge signé pourtant par un réalisateur bien de son temps. Sur la scène lyrique, l’intervention de gens de cinéma a parfois permis de profondément renouveler notre perception des œuvres classiques. L’emblématique Don Giovanni de Michael Haneke qui faisait se rencontrer l’univers impitoyablement sombre et glaçant du réalisateur autrichien et le génie musical et dramaturgique de Mozart en est une preuve édifiante. En attendant de voir à quoi ressembleront Les Noces de Figaro mis en scène par Olivier Assayas, un autre cinéaste qui abordera l’opéra pour la première fois à Lyon en fin de saison, on découvre, au théâtre des Champs-Elysées, la version farouchement apprêtée de James Gray. Ce dernier a souhaité rendre un hommage appuyé au théâtre de tréteaux, à la commedia dell’arte et son geste restitue avec gourmandise la plus pure des traditions en matière de comique populaire et bouffon.
Si son approche de l’oeuvre est incontestablement passionnée, elle n’apparaît pas des plus passionnantes. Le propos est plaisant mais trop souvent illustratif, et la surcharge décorative sur le plateau en vient parfois à étouffer sa réelle vivacité. Théâtralement, on relève chez James Gray une évidente acuité scénique tant son travail fourmille de détails dans la direction d’acteurs. Par exemple, il renforce le complexe de supériorité du Comte qui apparaît bien plus hautain que séduisant, en lui faisant mettre un fin linge blanc sur le siège du fauteuil roturier qui est placé dans la chambre des valets avant d’y poser son séant distingué. D’autres propositions semblent plus convenues car déjà vues.
Chaque photo du carnet de répétitions attenant au programme de salle témoigne du beau naturel et de la vitalité des interprètes. Dans leurs vêtements du quotidien, ils semblent d’une justesse folle qu’on ne retrouve pas systématiquement à la scène, une fois l’ensemble drapé d’une coquetterie complaisante et compassée.
C’est alors musicalement que la folie mozartienne se fait entendre car Jérémie Rhorer à la tête de son Cercle de l’Harmonie assume une direction d’orchestre aussi intrépide que frénétique. Des tempi fulgurants restituent tout l’allant et l’abattage de la partition. La théâtralisation exacerbée et maîtrisée de sa lecture donne un bon coup de fouet à l’ouvrage comme au spectacle. Les chanteurs se montrent également sensibles au caractère dramatique des personnages. A l’exception de la Comtesse de Vannina Santoni qui manque d’éclat et de relief, les autres personnages flamboient. Anna Aglatova et Jennifer Larmore s’en donnent à cœur joie dans les rôles de Suzanne et de Marcelline, Eléonore Pancrazi fait un joli Chérubin. La distribution reste tout de même dominée par le couple masculin central dans l’oeuvre : celui que forme le maître et le valet. Ce sont deux voix mûres, brillantes et viriles que possèdent Robert Gleadow en Figaro virevoltant et de Stéphane Degout qui triomphe une fois encore avec panache dans le rôle du Comte Almaviva.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
Les Noces de Figaro de Mozart
Jérémie Rhorer direction
James Gray mise en scène
Santo Loquasto scénographie
Christian Lacroix costumes
Bertrand Couderc lumièresAnna Aglatova Suzanne
Robert Gleadow Figaro
Stéphane Degout Le Comte Almaviva
Vannina Santoni La Comtesse Almaviva
Eléonore Pancrazi Chérubin
Carlo Lepore Bartolo
Jennifer Larmore Marceline
Florie Valiquette Barberine
Mathias Vidal Basilio
Matthieu Lécroart Antonio
Rodolphe Briand CurzioLe Cercle de l’Harmonie
Unikanti direction Gaël DarchenSabine Devieilhe attend un heureux évènement et ne sera donc pas en mesure d’interpréter le rôle de Suzanne. La soprano russe Anna Aglatova a été choisie pour la remplacer
Merci de votre compréhensionOpéra chanté en italien, surtitré en français et en anglais
L’Opéra national de Lorraine accueille 5 représentations de cette production, du vendredi 31 janvier au dimanche 9 février 2020, avec une autre distribution: Huw Montague Rendall (Comte Almaviva), Adriana Gonzalez (Comtesse Almaviva), Mikhail Timoshenko (Figaro) et Lilian Farahani (Susanna).
L’Orchestre de l’Opéra national de Lorraine sera dirigé par Andreas Spering et le chœur de l’Opéra national de Lorraine, par Merion Powell.
Durée: 1ère partie 1h40. 2ème partie: 1h20
Théâtre des Champs-Elysées
MARDI
26 novembre
19H30
VENDREDI
29 novembre
19H30
DIMANCHE
1 décembre
17H00
MARDI
3 décembre
19H30
JEUDI
5 décembre
19H30
SAMEDI
7 décembre
19H30Opéra national de Lorraine – Nancy
du vendredi 31 janvier au dimanche 9 février 2020
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