Reprise cette semaine aux ateliers Berthier de l’Odéon de Vu du Pont, la mise en scène de Ivo van Hove créée en 2015. C’était la première fois que le metteur en scène travaillait avec des comédiens français, depuis il y a eu le succès des Damnés en juillet 2016 dans la Cour d’honneur à Avignon. Retour sur cette pièce de Miller avec le metteur en scène à l’issue de la première aux ateliers Berthier.
Finalement cette pièce de Miller est assez méconnue en France, qu’est-ce qui vous a séduit dans ce texte ?
Peter Brook l’a déjà monté mais il y a longtemps. On l’a oublié ici mais pas en Angleterre ou aux Etats-Unis où la pièce est très connue. Il parle de thèmes actuels. L’immigration, la vengeance. Faut-il suivre la loi de la justice ou se battre ? Ce qui très beau chez Arthur Miller c’est son mélange entre ces thèmes universels et des histoires personnelles. Et cela donne beaucoup d’émotion.
Il y a beaucoup de dramaturgie dans le texte mais aussi dans votre mise en scène
On s’est tout simplement inspiré d’Arthur Miller. Il a écrit la pièce en un acte. Il considérait cela comme une tragédie grecque moderne. Et par rapport à la version anglaise créée au Yong Vic à Londres, j’ai un peu plus poussé la dramaturgie sur la psychologie des rôles féminins. Le texte est très naturaliste, cela parle des immigrés italiens dans les années 50 à New-York. Aujourd’hui c’est un thème universel. On voit les immigrés partout au Mexique, en Amérique et aussi en Europe. Du coup il n’y a pas d’objet dans la mise en scène. C’est minimaliste mais j’espère intense pour les spectateurs.
Et chacun d’ailleurs peut y mettre ses propres images !
Oui et cela est toujours important au théâtre. Car c’est le monde de l’imagination et non pas dire ce que l’on doit voir, ce que l’on doit écouter.
La musique est enivrante avec notamment le Requiem de Fauré
Au début des répétitions je n’avais aucune idée de la musique. Et puis j’ai pensé aux films de Pasolini sur les ouvriers où il y a toujours de la musique de Bach, c’est d’une beauté extrême. Et ce Requiem est la musique la plus poétique que je connaisse. C’est religieux, mais pas trop. Et cela donne de la gentillesse dans ce monde plein de cruauté.
Vous avez mis en scène cette année Juliette Binoche, mais en en anglais et c’est votre première mise en scène avec des comédiens français. Est ce que c’est un plaisir ?
C’était un défi. Et c’était comme un cauchemar ! Je l’ai fait maintenant et les acteurs sont admirables. Quand j’avais des doutes sur des mots précis pour expliquer ils avaient beaucoup de patience. Et j’ai pu aussi travailler en toute confiance avec mon assistant Vincent Hugoin qui était aussi l’assistant de Patrice Chéreau, mon idole !
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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