Le metteur en scène anglais et francophone Simon McBurney ouvre Festival d’Automne 2017 avec La Pitié dangereuse de Stefan Zweig, spectacle créé la saison passée avec la Schaubühne de Berlin.
Pourquoi avoir choisi « La Pitié dangereuse » pour votre première collaboration avec la Schaubühne ?
Stefan Zweig y parle d’aujourd’hui et le théâtre est un art du présent. Présent parce qu’il se pratique en direct face au spectateur. Mais le théâtre se doit aussi de parler du présent, du monde qui entoure ces mêmes spectateurs participants à l’expérience de l’instant. En même temps, j’apprécie m’attaquer à un roman car je me questionne sans cesse sur « qu’est-ce que raconter une histoire au théâtre ? », j’essaye de trouver des moyens de décrire les choses, les faire sentir sans me contenter de bien orchestrer les scènes. Je me vois davantage comme un storyteller, un raconteur d’histoire que comme un metteur en scène.
Qu’est-ce que ce texte nous dit du monde dans lequel on vit ?
Comment cela est devenu normal, pour les gens, que toutes les réponses tiennent en une phrase. Il faut que tout soit simplifié, la musique, le théâtre, les films alors que pour moi, c’est souvent difficile de savoir pourquoi je fais quelque chose, je laisse faire le subconscient. Il y a au cœur du roman la question de la pitié de la norme sur « l’autre ». La question de la pitié me semble assez urgente de nos jours, parce que souvent, on pense qu’on fait le mieux alors qu’on ne fait rien. La pitié permet principalement de soulager nos consciences, car il faudrait faire d’énormes sacrifices pour pouvoir vraiment faire le bien.
Avez-vous impliqué les acteurs dans l’adaptation ?
J’ai écris l’adaptation sur place, avec les acteur de la Schaubühne. J’avais des idées, des esquisses, mais je ne connaissais pas leurs voix et leur façon de jouer ensemble. Lors des premières répétitions, j’ai pris un sentier difficile en n’étant pas clair avec eux sur qui allait jouer quoi. Cela a été une expérience de recherche collective aussi parce que je voulais être absolument sur que ce que j’ai lu en anglais soit compris en allemand. Car il y a dans le roman tout un aspect psychologique probablement du à l’importante fréquentation de Sigmund Freud par Zweig lors de la rédaction. Il fallait faire ressortir les questions sur l’intention, mais je pense que nous avons réussi puisque toute l’essence du roman, son geste ultime, tout sera visible sur scène.
Propos recueillis par Hadrien Volle
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !