Nouvelle directrice du Ballet de l’Opéra de Lyon, la danseuse autrefois magnifiée par Christian Rizzo, ouvre sa saison avec Danser encore, soirée de 7 solos inédits. Rencontre.
Après le départ contrarié de son ancien directeur, Yorgos Loukos, le Ballet de l’Opéra de Lyon, se remet en ordre de marche. Et ouvre sa saison avec Danser Encore, 7 solos pour 7 membres de la troupe. Suivront cet automne un programme Kylian puis une version pour le Ballet de Folks la pièce iconique de Alessandro Sciarroni. La saison prochaine verra en novembre 2021 une soirée Forsythe prometteuse. Julie Guibert lève un voile sur ses ambitions.
Quel était l’’état d’esprit de la compagnie à votre arrivée ?
J’avais un peu le sentiment d’arriver en plein milieu d’une tempête ! La compagnie était épuisée par ce qu’elle venait de vivre. Mais j’ai vite rencontré de l’impatience à travailler chez les danseurs.
Cette ouverture de saison qui place le danseur au centre de la création c’est un manifeste ?
J’ai souhaité échanger avec chaque interprète pour mieux les comprendre. Le corps de ballet peut, parfois, écraser les singularités. En étant interprète, ici même, j’ai traversé ces états de solitude. Puis lorsque l’on a créé pour moi, j’ai appris à dire JE là où jusqu’ici je disais NOUS. Cela a été un incroyable cadeau pour la danseuse que j’étais. Je souhaite, d’une certaine façon, en faire de même pour le ballet. Nous commençons avec 7 solos, il y en aura deux de plus pour notre passage à Pantin au Centre National de la Dance, puis 3 autres dans le cadre de la Biennale de Danse de Lyon. L’idée est d’arriver à 30 solos pour 30 danseurs. Et qui sait, un jour, de les présenter dans leur totalité. Je sens déjà un intérêt dans ce sens chez certains programmateurs.
Que peut apporter à un soliste ce genre de collaboration presque sur-mesure ?
Ils sont à un endroit d’émerveillement, face à un espace propre à chacun. Si je m’étais adressée à 30 performers habitués justement à cet exercice, il n’y aurait pas eu cet enthousiasme. Chacun est cette fois dans la découverte d’un territoire avec ses propres outils. Le but au final n’est pas de produire quelque chose d’imparable mais plutôt d’être dans une certaine vérité.
Comment avez-vous procédé ?
Nous avons échangé de manière épistolaire avec chacun. Après il y a eu des dialogues sur les invitations aux chorégraphes. Chaque rencontre a provoqué des bouleversements. Comme si la peau des danseurs changeait.
Le Ballet de l’Opéra de Lyon, par son histoire, est à la fois une compagnie de répertoire et une maison de créations
On peut dire, à propos du répertoire, que les gestes d’aujourd’hui contiennent déjà cette mémoire, ces écritures. Ce que nous faisons maintenant fera peut-être répertoire plus tard. Mais je n’ai pas envie de trop définir les contours de ces choses-là. Lyon, son opéra et son ballet, ont toujours été du côté de l’audace.
Vous souhaitez également repenser la place du ballet dans la ville ?
Avoir la même attention pour les actions hors de l’Opéra est primordial. Que ce soit le travail avec le Conservatoire, une prison ou une maison des aveugles. Par exemple trois de nos interprètes transmettent une pièce de Merce Cunningham et une de Trisha Brown au Conservatoire. Ce qui permet d’interroger la place de l’interprète. Il faut que la compagnie reste ce laboratoire élargi pour chacun de ses danseurs.
Vous avez de nouvelles contraintes en tant que directrice du Ballet ?
Je ne suis pas directrice, je le deviens ! Je ne veux pas diriger de loin. J’aime ici me glisser dans les studios, reprendre une conversation dans les couloirs avec un responsable des publics ou autre. Auparavant l’avais le sentiment d’être dans un paysage sans bord. Désormais je suis « contrainte » par un bureau, des horaires, des rendez-vous. J’ai cependant l’impression que cela m’aide à construire la fonction. J’aime ce qui palpite autour de moi à l’Opéra.
Propos recueillis par Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Danser Encore jusqu’au 27 septembre, Opéra de Lyon
www.opera-lyon.comChorégraphes – Interprètes du Ballet de l’Opéra de Lyon :
Mercedes Dassy–Maeva Lassère
Bintou Dembélé–Merel van HeeswijkIoannis Mandafounis – Yan Leiva
Jan Martens–Kristina Bentz
Yuval Pick–Marco Merenda
Jone San Martin–Julia Carnicer
Kylie Walters – Abril Diaz
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