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« Hourvari », cirque buissonnier et troubles de l’ordre

A voir, Antony, Avignon, Best Off, Cirque, Le Mans, Les critiques, Montpellier, Paris, Pau, Perpignan, Quimper, Villeneuve en Scène
Hourvari de Marie Molliens
Hourvari de Marie Molliens

Photo Ryo Ichii

La Compagnie Rasposo invite sous son chapiteau à une plongée aussi ténébreuse qu’étincelante dans sa dernière création. Hourvari est une incitation à la désobéissance et au désordre, à respirer en dehors des codes et des normes, à prendre chemins de traverse et raccourcis vers le ciel, ensemble, envers et contre tous les rappels à l’ordre. Marie Molliens signe un spectacle aussi insaisissable et sublime que ses personnages, pantins trublions et guignol insolent, sur une partition musicale époustouflante.

C’est dans le cadre du Printemps des Comédiens que l’on découvre ce spectacle hypnotique et insolent, au bout du bout d’une journée en forme de traversée-fleuve dans les esthétiques, les thématiques et les disciplines. Après le geste théâtral magistral qu’est le puissant Musée Duras de Julien Gosselin, le théâtre de tréteaux populaire et réjouissant de Simon Falguières (Molière et ses masques) sous le soleil de juin et dans les odeurs de pins du Domaine d’O, le cap est mis sur Grabels, à une poignée de kilomètres du centre-ville de Montpellier. Une journée sous le signe d’un mouvement centrifuge qui repousse les cadres temporels de la représentation, sort le théâtre de ses murs, explose les limites physiques et la gravité terrestre. Hourvari se tient sous le chapiteau chaleureux de la Compagnie Rasposo, itinérant comme les cirques d’antan. En témoignent les caravanes garées non loin de là. Et la campagne autour surmontée d’une lune transparente dans un ciel encore clair. La nuit est loin quand on entre dans la gueule du requin qui sert de porte au chapiteau blanc. Dedans, une autre nuit nous attend, celle du théâtre et de ses ombres. Car Hourvari est une création sombre sous ses airs de fête et de farce, qui défie la bienséance et le respect des règles par une propension irrépressible à l’insoumission et à l’irrévérence, au désordre et au débordement.

En convoquant la figure de Guignol comme fil rouge de son spectacle, en intégrant ses propres enfants à la représentation, en brodant des personnages de pantins désarticulés et sous assistance respiratoire, Marie Molliens dépeint un monde au bord de l’asphyxie qui crie son besoin d’oxygène et d’école buissonnière. La salle est répartie en bi-frontal, de part et d’autre du cœur battant de la piste qui palpite au rythme de l’ouverture et de la fermeture d’un tulle rouge organique et translucide. De chaque côté, des pupitres d’écolier à l’ancienne où d’adorables bambins en culotte courte, tout droit sortis de manuels poussiéreux, ne tiennent pas longtemps en place. La carte de la sagesse à peine esquissée, voilà que tout part en vrille. Fauteurs de troubles par excellence, ces enfants de la balle désorganisent la représentation tandis que deux agents de sécurité musclés peinent à ramener tout le monde à sa fonction. Rien ne se passe comme prévu, le début du spectacle est différé, et, si l’on craint que la situation ne s’enlise un peu trop, elle y échappe heureusement et s’envole vers des numéros à couper le souffle qui emportent tout sur leur passage. Le cirque devient en lui-même discipline indisciplinée, vecteur de rébellion et de sortie de route. Choix de vie à la marge, pratique extrême qui bouscule les codes comportementaux et les corps civilisés pour explorer les hauteurs, le goût du risque, de l’empoignade et du défi acrobatique.

On pense à l’indétrônable Pinocchio Live d’Alice Laloy devant ses poupées suspendues qui semblent plus dans leur élément en l’air que sur terre où leur corps leur échappe. Les bêtises s’enchaînent : certains se transforment en âne, ici une guirlande lumineuse se détache, là ce sont des pans entiers de toile qui sont décrochées, bientôt le chapiteau nous tombera-t-il sur la tête ? À moins qu’il ne s’enflamme ? Car l’un des cancres incontrôlables met le feu à ses chaussures. Entre chutes et élévations, courses et portés vertigineux, le spectacle avance par à-coups, part un peu dans tous les sens parfois, tant il y a à voir de partout, mais son côté brinquebalant et brouillon n’empêche en rien la fascination, au contraire. Cette pièce aux allures foutraques, qui se rit des dramaturgies béton et assume son chaos interne, libère des tableaux d’une beauté folle, étonne et surprend, convoque nos âmes d’enfants.

Dans ce maelstrom spectaculaire de confettis et de ballons, dans cette débâcle de corps qui se contorsionnent, échappent à la vigilance et font de la désobéissance un art, la musique tient une place éblouissante. Jouée en direct, elle habille, soutient, propulse les voltigeurs, acrobates et saltimbanques de la plus belle espèce qui tapissent ce spectacle de tous leurs talents. Sur le fil, aux cerceaux, à la bascule coréenne, musiciens à leurs heures, les artistes en jeu font l’éclat de cette expérience magnétique et enveloppante tandis qu’en orchestre, qui se compose et se recompose au gré des partitions jouées, les musiciens font des merveilles. Accordéon et instruments anciens aux sonorités bouleversantes côtoient cuivres, guitare électrique et batterie (jouée par l’un des petits) sur des mélopées électroniques, tandis que la voix de la chanteuse est une invitation à l’extase. La partition musicale, sublime, va de pair avec une esthétique patinée par le temps, des costumes sortis de malles aux trésors qui participent de l’émerveillement global. « Hourvari » est un mot qui désigne le cri du chasseur pour faire revenir ses chiens sur la bonne piste. Ainsi, ce spectacle d’une beauté parfois ahurissante, qui semble à chaque instant se déglinguer, questionne le droit chemin, invite aux sorties de route et aux décrochages, aux digressions drolatiques et divagations oniriques. Il entrechoque la fourberie de Guignol avec les forces de l’ordre, fait de la poésie et de l’exaltation la condition sine qua non de notre humanité.

Marie Plantin – www.sceneweb.fr

Hourvari
Écriture, mise en scène, lumière Marie Molliens
Avec Robin Auneau, Eve Bigel, Camille Judic, Niels Mertens, Marie Molliens, Achille et Orphée Molliens, Tiemen Praats, Joséphine Terme, Seppe Van Looveren, Claire Mevel, Benoit Segui
Regard chorégraphique Milan Herich
Assistants à la mise en scène Robin Auneau, Fanny Molliens
Intervenants artistiques Aline Reviriaud, Sarah Anstett, Jacques Allaire
Création costumes Solenne Capmas
Création sonore Fabrice Laureau, Grégory Adoir
Assistant création lumière Théau Meyer
Création masques Camille Judic, Thaïs Paquet
Contributeur en cirque d’audace Guy Perilhou
Régisseurs Théau Meyer, Gregory Adoir
Construction Agatha Rose, Gaëtan Dubriont

Coproduction et soutiens en résidence Le PALC, PNC Grand-Est / Châlons-en-Champagne ; Le Sirque, PNC Nexon Région Nouvelle Aquitaine ; Theater op de Markt – Dommelhof, Belgique ; L’Espace des Arts, Scène nationale Chalon-sur-Saône ; Mirabilia International Circus – Festival Mirabilia, Italie
Coproduction Circa, PNC, Auch ; Archaos, PNC-BIAC, Marseille ; La Maison, Scène conventionnée, Nevers ; L’Azimut, PNC en Ile-de-France, Anthony/Château-Malabry ; Le Plongeoir, PNC Pays de la Loire, Le Mans ; Le Carré Magique, PNC Lannion-Trégor, Lannion ; Le Parvis, Scène Nationale Tarbes-Pyrénées, Ibos ; L’Archipel, Scène Nationale, Perpignan ; Espace Jeliote, Centre National de la Marionnette, Oloron Sainte-Marie ; L’onde Théâtre Centre d’Art, Scène Conventionnée, Velézy-Villacoublay ; Le Prato, Théâtre International de Quartier, PNC Lille
Avec le soutien du ministère de la Culture DGCA / DRAC Bourgogne-Franche-Comté et du Conseil départemental de Saône-et-Loire, dans le cadre des conventionnements pluri-annuels ; DGCA / DRAC Bourgogne-Franche-Comté, dans le cadre de l’aide à la création

La Compagnie Rasposo est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la communication / DRAC Bourgogne-Franche-Comté et par le Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté.

Durée : 1h20
À partir de 7 ans

Complexe sportif de l’Avy, Grabels, dans le cadre du Printemps des Comédiens
du 7 au 13 juin 2025

Le Plongeoir, Pôle national cirque Pays de la Loire, dans le cadre de Le Mans fait son cirque
du 26 au 28 juin 

Festival Villeneuve en Scène, Villeneuve-les-Avignon, dans le cadre du Festival Off d’Avignon
du 8 au 17 juillet

Festival Mirabilia, Cunéo (Italie)
du 3 au 6 septembre

2R2C, Paris, dans le cadre de Village de Cirque
du 12 au 21 septembre

L’Archipel, Scène nationale de Perpignan
du 27 septembre au 1er octobre

Espaces Pluriels, Pau, avec Le Parvis, Scène nationale de Tarbes et Espace Jéliote, CNMa
du 9 au 14 octobre

Festival CIRCA, Auch
du 19 au 21 octobre

Theater op de Markt / Dommelhof, Neerpelt (Belgique)
du 27 au 29 octobre

L’Azimut, Espace cirque d’Antony
du 27 au 29 octobre

Lavrar o Mar, Monchique (Portugal)
du 26 décembre au 4 janvier 2026

Le Carré Magique, PNC Lannion
du 16 au 18 janvier

Théâtre de Cornouaille, Scène nationale de Quimper, dans le cadre du festival CircoNova
du 23 au 29 janvier

Le Carré, Scène nationale de Château-Gontier sur Mayenne
du 4 au 6 février

10 juin 2025/par Marie Plantin
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