Dans HOP !, Jacques Gamblin et Raphaëlle Delaunay déplient avec sensibilité et humour la rencontre entre deux personnages. Un spectacle au propos léger, aussi inégal que sincère.
En 2018, Jacques Gamblin et Raphaëlle Delaunay imaginaient ensemble VIA ! Un (très) court métrage que l’acteur réalisait et dont la danseuse et chorégraphe était l’interprète. Pour leur nouvelle collaboration, les artistes se retrouvent cette fois tous les deux au plateau. Intitulée HOP !, cette création du duo emporte dans son titre l’idée de mouvement, de changement, la réalisation d’actions ou de gestes rapides, le lien entre la parole et la façon dont celle-ci guide ou impulse les gestes. Autant de propos que le spectacle va approcher ou évoquer à travers la rencontre entre un homme et une femme.
Elle, R. est une danseuse qui transmet sa pratique. Lui : J. a travaillé dans l’aéronautique et souhaite prendre des cours de danse. C’est dans un espace entièrement vide à l’exception d’une chaise, sorte de « white cube » composé de deux murs et d’un sol blanc que J. retrouve R. Les premiers échanges épousent les codes d’un cours, elle en jogging égrenant ses conseils, lui en tenue de ville et mocassins forçant son incompréhension ou sa gaucherie, comme pour mieux marquer son éloignement de ce milieu et de ses codes. Passée cette introduction un peu trop appuyée par le souci de Gamblin de tirer son personnage vers le clown, d’autres scènes s’enchaînent. Parfois, il ou elle sera seule au plateau, elle changeant de costumes, lui demeurant toujours dans la même tenue. Parfois, les mots accompagneront les mouvements, mettant le corps en action, prolongeant par la parole ce que le corps tente de dépasser – et inversement, langue et gestes s’alimentant l’un l’autre. Parfois, de la musique – majoritairement des compositions de Franz Schubert – accompagneront l’ensemble. Parfois, la référence à la relation professeure-élève est présente, parfois elle tend légèrement à s’estomper. Mais toujours demeure le souci de l’une et de l’autre de dialoguer, comme de (nous) transmettre leurs états d’âme et réflexions.
La succession de séquences – sans lien narratif trop déterminé – esquisse par petites touches une mosaïque d’atmosphères, de confidences, d’émotions, par les confidences comme par les gestes. Cette écriture composite fondée sur un travail d’improvisation a, à sa façon, les défauts de ses qualités – et inversement : tandis que certaines scènes révèlent une puissance folle (citons celle, véritable instant de grâce, où Raphaëlle Delaunay en tutu et chaussons de danse détaille par le menu ses mouvements), d’autres sont plus à la peine (les duos fondés sur un dialogue aux divers clins d’œils sexuels ne brillent ainsi pas par leur légèreté). L’on en vient à s’interroger sur la fictionnalisation de leur rencontre et l’invention de ces deux figures d’enseignante et d’ingénieur en aéronautique. Si ce choix se veut poétique par le gouffre séparant leur deux profils, le personnage incarné par Jacques Gamblin peine parfois à convaincre, et s’en tenir à leur biographie respective aurait semblé moins factice. D’autant qu’entre Raphaëlle Delaunay, danseuse à la technique et l’expressivité saisissante qui a dansé ou danse pour des chorégraphes comme Pina Bausch, Alain Buffard, Boris Charmatz, etc. ; et Jacques Gamblin, auteur, metteur en scène et acteur autant au théâtre qu’au cinéma, il y avait déjà matière à discussion et rencontre. De HOP ! reste ainsi au sortir du spectacle la sincérité et l’engagement de ces deux artistes, quelques images en suspension et d’autres qui, très vite, s’effaceront.
Caroline Châtelet – www.sceneweb.fr
HOP !
textes, mise en scène, interprétation : Raphaëlle Delaunay, Jacques Gamblin
collaboration artistique : Emmanuel Daumas
lumières et dispositif scénique : Eric Soyer
son : Lucas Lelièvrerégie générale et lumières : Laurent Bénard
régie son : Simon Denis ou Nicolas Perreau
assistante de tournée : Tina Hollard
production, diffusion : Françoise LebeauProduction : Productions du dehors
Coproduction : Communauté de Communes du Mont-Saint-Michel dans le cadre de son programme de résidence, Domaine de Kerguehennec, Grand Théâtre de Lorient, CENTQUATRE-PARIS, Espace Malraux – Scène nationale de Chambéry, Bonlieu – Scène nationale d’Annecy, Le Radiant-Bellevue, La scène nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines, Théâtre de Coutances, THEV – Vesoul, Scène Nationale Carré-Colonnes, Maison de la Culture d’Amiens, la Coursive scène nationale de la RochelleRaphaëlle Delaunay et Jacques Gamblin sont en résidence de création au CENTQUATRE-PARIS.
Le spectacle a été accueilli en résidence de création à Cap Caval – PenmarchDurée 1h20
2 au 12 février 2023
CentQuatre, Paris
relâche le lundi 6 février23 février
Le Radiant-Bellevue, Caluire et Cuire3 au 5 mars
Bonlieu – Scène nationale d’Annecy8 mars
Théâtre de l’Olivier, Istres10 mars
Théâtre de Grasse16 mars
Théâtre de Cahors21 mars
M.A.L. Maison des Arts du Léman, Thonon-les-Bains23 et 24 mars
Théâtre TSQY Scène nationale, Saint-Quentin-en-Yvelines28 mars
THEV, Vesoul31 mars
Théâtre de Coutances
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