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Laëtitia Dosch à cheval sur l’époque

À la une, Coup de coeur, Festival, Les critiques, Paris, Théâtre

©Dorothée Thebert Filliger

Pour dire le chaos du présent et poursuivre son audacieuse exploration du féminin, Laëtitia Dosch imagine un duo singulier. Un subtil discours amoureux avec un cheval qui arrive à Nanterre dans le cadre du Festival d’Automne.

À 37 ans, elle désespère. Le monde court à sa perte. L’homme détruit tout, y compris lui-même, dans une indifférence qui la sidère et l’attriste d’autant plus qu’à ce processus, elle ne voit pas d’issue. Pas question pour autant de sombrer dans la noirceur. Après avoir, en vain, voyagé à Rome et à Calais, participé à la dernière campagne présidentielle, écouté du rap et lu de la poésie pour tenter de préciser son regard sur l’époque et sa place dans cette grande confusion, Laëtitia Dosch a trouvé : ce qu’il lui fallait, explique-t-elle au début de Hate, c’était dialoguer avec un être calme et sans jugement. Capable d’accepter son grain de folie. Sa féminité décalée et volontiers trash, à laquelle les solos Laëtitia fait péter (2011) et Un album (2015), ou encore le beau premier long-métrage de Léonor Serraille, Jeune fille, caméra d’or à Cannes en 2017, nous ont déjà familiarisé.

Cet être, c’est Corazon. Soit un pur race espagnol, dont la robe gris pommelé se détache d’une piste circulaire remplie de sable rouge et d’un paysage verdoyant imprimé sur une large toile. Hate, c’est une sorte d’anti-Dame à la licorne. Car si elle évoque la célèbre oeuvre Renaissance et emprunte à toute une imagerie mythologique, Laëtitia Dosch ne fait pas tapisserie. Contrairement à la Dame en question, elle n’est pas un modèle bonne conduite. Vraiment pas une fille dans les clous. En tenue d’Ève près de son étalon, ses longs cheveux tressés, un fourreau à la taille et une épée en plastique au poing, l’artiste ne se contente pas de se détourner des clichés actuels du féminin : elle les attaque en leur opposant un personnage et un discours hybrides. Entre l’autofiction, l’épique et le romantisme.

Laëtitia Dosch se joue de tout, et d’abord de notre horizon d’attente. Hate en effet, c’est une histoire d’amour. Une idylle entre une femme et un cheval, certes assez désespérée mais pleine d’humour, arme favorite de l’artiste pour en découdre avec l’époque. De la déclaration aux crises, en passant par l’acte sexuel, tous les passages obligés du récit amoureux passent à la redoutable moulinette de la comédienne. Quels rituels inventer pour vivre une si singulière relation ? Quels mots utiliser ? Faut-il d’ailleurs parler, quand l’autre hennit ? Et quels gestes adopter pour s’épanouir tout en respectant un compagnon d’une nature, d’une espèce si différente ? En contant fleurette à un cheval, Laëtitia Dosch réactive à sa manière l’impératif surréaliste de « réinventer l’amour », sans omettre de questionner son geste.

À sa manière, apparemment spontanée, d’interagir avec sa partenaire de scène, on comprend vite que Corazon n’est pas le premier animal venu. Issu de l’Ecole-Atelier Shanju créé par Judith Zagury, coach cheval et collaboratrice chorégraphique du spectacle, Corazon a en effet été formé selon la méthode du « clicker training » qui consiste, lit-on sur la feuille de salle, à « instaurer une relation de compréhension avec l’animal pour aller plus loin dans la communication, et non d’instaurer une relation de domination par rapport à l’animal ». Dans Hate, le cheval qui permet à l’artiste d’interroger la domination qui caractérise selon Laëtitia Dosch les relations humaines est donc considéré comme un sujet à part entière. Ce qui contribue pour beaucoup à la délicatesse de la performance. À sa poésie brute et fragile, traversée par une urgence : imaginer, dans la ruine des modèles anciens, de nouveaux rapports entre les êtres.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Hate
Directrice artistique : Laetitia Dosch
Texte : Laetitia Dosch avec la participation de Yuval Rozman
Co-mise en scène : Yuval Rozman & Laetitia Dosch
Avec : Laetitia Dosch, Corazon
Collaboratrice chorégraphique et coach cheval : Shanju / Judith Zagury
Scénographie : Philippe Quesne
Lumières : David Perez
Son : Jérémy Conne
Collaborateur dramaturgique: Hervé Pons
Collaborateurs ponctuels : Barbara Carlotti, Vincent Thomasset
Assistanat : Lisa Como
Régie générale : Techies – David Da Cruz
Equipe administrative suisse : Paquis Production – Laure Chapel
Equipe administrative française : AlterMachine – Elisabeth Le Coënt & Camille Hakim Hashemi
Photo : Astrid Lavanderos

Production Viande hachée du Caire et Viande hachée des Grisons | Coproduction (en cours) Théâtre de Vidy – Lausanne (CH), Nanterre-Amandiers – CDN (FR), Festival d’Automne à Paris (FR), La Bâtie – Genève (CH), Shanju (CH), le phénix – Scène nationale de Valenciennes (FR), MA Scène nationale (FR) | Avec le soutien (en cours) de la Ville de Lausanne, du Canton de Vaud, de la DRAC Île-de-France, de la Société suisse des auteurs, de la SPEDIDAM, de la Loterie Romande, Migros Pourcent culturel, de la fondation Ernst Göhner, de la Fondation Nestlé pour les Arts | Avec le soutien (via résidence) de Montévidéo (Marseille, FR), Istituto Svizzero de Rome (Italie)
Durée: 1h20

du 28 septembre au 1er septembre à Shanju – Gimel (CH)

> du 25 au 28 septembre et du 1er au 4 octobre au Monfort Théâtre – Paris

> les 9 et 10 octobre à Les Quinconces – L’espal – Scène nationale du Mans

> les 20 et 21 janvier à L’Equinoxe – Scène nationale de Châteauroux

> les 27 et 28 mai à Châteauvallon – Scène nationale, Ollioules

15 septembre 2018/par Anaïs Heluin
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