Au Carreau du temple dans le cadre du Festival Everybody, le collectif suisse Ouinch-Ouinch a entraîné le public dans leur délire grisant. A travers une fête qui prend des allures de clip musical, les styles de danse se mélangent et l’ambiance électrisante nous incite à notre tour à danser.
Un groupe surexcité se fraye un chemin dans la halle du Carreau du temple. Grosse lunettes, jupon en tulle noir, bob en fausse fourrure, chemise hawaïenne, elles et ils glappent un charabia de gnome du futur qui surprend la foule, encore dans la file d’attente pour la plupart. Ouinch-Ouinch (verlan de tchoin, prostitué en argot) est né d’une blague d’étudiant à la Manufacture de Lausanne, qui aiment faire la teuf ensemble. Après l’obtention du diplôme en 2018, ils créent un collectif mouvant, avec la ferme intention de s’éclater. Avec désormais Marius Barthaux et Karine Dahouindji à sa tête, elles et ils déploient l’énergie hors du commun de Happy Hype leur première création, pour cinq interprètes et une dj, Mulah. Dans cette teuf grisante, où le public prend de plus en plus de place, cette joyeuse bande livre une performance digne d’un clip, où les styles s’hybrident.
Une fois les Ouinch installés au milieu de la halle, Mulah commence à balancer des bangers où l’on croise Dua Lipa, Jäde, Le Juiice, Chilla, Cardy B ou Aya Nakamura. Avec une connivence palpable et un air naïf, les acolytes Elie Autin, Collin Cabanis, Adél Juhász, Marius Barthaux et Karine Dahouindji, se mettent à danser en ronde, esquissant des petits pas, façon danses traditionnelles et baroque. Peu à peu, ils se délestent de leur longue robe et des multiples couches de vêtements, pour apparaître plus humains, en short et top. Ils dévoilent des bribes de plusieurs styles, sensualité du dancehall, catwalk façon ballroom, sauts dignes du break, attitudes qui rappellent le waacking, auquel Mulah répond avec ardeur, loin d’être en retrait derrière ses platines. Cette successions d’images fortes d’influences diverses brouille la temporalité : on se croirait collé devant les clips de MTV dans un monde parallèle, entre passé, présent et futur.
Sur la scène, entourée des spectatrices et spectateurs, les interprètes se permettent de danser grand, d’être virtuose, de faire jaillir les individualités et les qualités techniques de chacun. Mais vient toujours le moment où ils se rassemblent, solidaires, pour une ronde ou des jeux de main. Forts d’une cohésion à toute épreuve, qui apporte une bonne dose d’énergie à l’ensemble, les Ouinch-Ouinch travaillent aussi au corps le public dès le début de la pièce, qu’il regarde, interpelle, incite à bouger. L’objectif est limpide : Nous faire danser avec eux. Après ce bon échauffement d’une heure, ils nous cueillent très facilement et nous entraînent sans difficulté dans la fête, finissant de démolir le quatrième mur.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Happy Hype
Ouinch-OuinchConception : Marius Barthaux, Karine Dahouindji, Simon Crettol, DJ Mulah, Nicolas Fernando Mayorga Ramirez
Co-création et danse : Elie Autin, Marius Barthaux, Collin Cabanis, Karine Dahouindji, Adél Juhász
Musique live : Maud Hala Chami aka Dj Mulah, avec les remix de SANTOProduction : Association Cie des Marmots, Association Le Voisin
Soutiens : Fondation l’Abri, Le FAR Nyon
Co-production : Festival Belluard Bollwerk
Photographies : Raphaëlle Mueller, Quentin Bacchus, Julie Folly, Jennifer ScherlerRemerciements : Dans Les Parages, laboratoire de LA ZOUZE – Cie Christophe Haleb
Durée 50 minutes
Festival Everybody, Carreau du temple
17 et 18 févrierLe Dancing CDCN, Dijon
31 mars, 2023AY-ROOP, Rennes
14 mai 2023CN D, Pantin
27 mai 2023
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