La lauréate du prix Nobel Elfriede Jelinek a écrit Die Schutzbefohlenen en 2013, en réaction à la situation toujours plus navrante des réfugiés en Europe. Pour Jelinek, le réfugié est la figure par excellence qui permet de sonder le climat actuel de l’Europe et de mener la discussion sur les valeurs et normes, la place de la religion, la responsabilité de la politique. Se référant à l’œuvre classique d’Eschyle, Les Suppliantes (Die Schutzflehenden en allemand), Jelinek donne une voix aux demandeurs d’asile et d’une plume trempée dans le vitriol, elle met à nu le cynisme et le racisme latent de la politique européenne.
Son texte peut assurément être qualifié de prophétique : avec une précision glaçante, elle évoque – des années avant les faits – toutes les images qui se sont entre-temps gravées sur notre rétine, allant de petits cadavres d’enfants noyés à de lugubres cargaisons de camions frigo. Le véritable protagoniste des pièces de Jelinek paraît être le langage lui-même : Jelinek s’intéresse moins au dialogue classique qu’aux textes des chœurs et aux annonces des messagers qu’elle trouve dans la tragédie grecque. La perspective est le plus souvent celle du réfugié, mais parfois aussi celle de l’Européen blanc apeuré. Comme si Jelinek allongeait la société capitaliste sur le divan du psychanalyste et la laissait parler.
Cette création de Guy Cassiers sera chorégraphié par la française Maud Le Pladec. Le spectacle sera créé en mai 2017 au Kaaitheater de Bruxelles.
Die Schutzbefohlenen
Mise en scène de Guy Cassiers
dramaturgie Tom Kleijn
Avec Abke Haring, Katelijne Damen
Chorégraphie de Maud Le Pladec
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