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François Chaignaud, du Boléro au Butô

À la une, A voir, Danse, Festival, Les critiques, Nanterre



Dans le cadre du festival d’automne, l’inclassable danseur a enchaîné à quelques jours d’intervalle une interprétation fiévreuse et colorée du Boléro de Ravel et la création de Gold Shower, un irradiant pas de deux avec Akaji Maro.

Fasciné par la transformation physique, amoureux de costumes, de perruques et de masques, grand adepte d’artifices et de métamorphoses, François Chaignaud joue de sa superbe androgynie pour multiplier les figures à interpréter. Il y a chez l’artiste quelque chose de toujours mouvant, mutant, oscillant, où s’assume généreusement un goût pour la transidentité et la transdisciplinarité dans la mesure où il rend magnifiquement féconde la porosité entre les êtres, les arts, les genres, les styles, les époques, les cultures, les langages, modernes ou classiques, élitistes ou populaires.

La singularité du geste s’est déjà illustrée dans Romances Inciertos, un autre Orlando, un spectacle baroque conçu en collaboration avec Nino Laisné, acclamé au festival d’Avignon, dans lequel il endossait les costumes de la Doncella Guerrera, une jeune fille-soldate du Moyen-Age, de San Miguel, l’Archange victorieux, et enfin de la Tarara, gitane inspirée par Garcia Lorca. Elle se démontre à nouveau parfaitement à travers deux étonnantes performances dernièrement données : à la Philharmonie de Paris, d’abord, où, surplombant sur une simple estrade de bois l’effectif colossal d’un orchestre ravelien, François Chaignaud est apparu en bohémienne échevelée. Boucles et blondeur botticelliennes, torse nu et longue jupe, l’artiste charriait son lourd jupon aux étoffes chamarrées ; puis, à la Maison de la musique de Nanterre, où en gracieux et extatique faune anadyomène, tout scintillant d’or, il a de nouveau ébloui.

Dans chacune de ces prestations, la danse est athlétique, assurément théâtrale, empreinte de beauté sauvage et sensuelle. Le corps est solidement ancré dans le sol mais aussi en perpétuelle élévation. Le danseur se meut les bras tendus vers le haut tandis que ces pieds nus frappent le sol avec aplomb. Ainsi s’accompagnent les roulements infernaux de tambours du célèbre Boléro exécuté avec puissante exaltation par les musiciens de l’Orchestre Les Siècles dirigé par François-Xavier Roth. La pièce ponctue un triptyque enivrant et décadent constitué de la Rhapsodie espagnole et de la Valse, elles-mêmes précédées des fracas percussifs comme des accalmies délicates que fait s’alterner Clinamen / Nodus, une pièce composée par Olga Neuwrith au tournant du XXIe siècle et encore jamais entendue à Paris.

Passionnée par les Ballets Russes et l’art des années 1920, Dominique Brun réalise avec ce Boléro un nouveau travail qui repose sur une double résurrection. Elle exhume la chorégraphe Bronislava Nijinska, sœur du géant Vaslav Nijinski injustement éclipsée par la postérité tandis que Chaignaud fait revivre La Argentina, danseuse à laquelle il prête un corps tantôt courbé tantôt déplié, variant et réinventant allègrement les mouvements du flamenco.

De Gold Shower, on retient l’hyper-esthétisation du ballet même si on regrette un certain clinquant superfétatoire. Pour autant, le talent abonde chez Chaignaud, qui use de poses sculpturales et d’inimaginables contorsions, comme chez son acolyte, le japonais Akaji Maro, danseur butô de plus de 70 ans, figure bouffonne et néanmoins fort imposante. Une palpable respectueuse complicité réunit avec bonheur les deux interprètes qui ont pensé leur pièce comme le « portrait de l’un par et pour l’autre ». Au cours d’un rituel aussi bien charnel que immatériel, où la rencontre et le fantasme jouent un rôle primordial, les deux divas pleine d’outrance, d’exubérance et de subversion atteignent l’alchimie poétique et physique recherchée.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

GOLD SHOWER
Conception et performance, François Chaignaud, Akaji Maro
Costumes, Romain Brau, Cédrick Debeuf, Kyoko Domoto
Conception lumières, Abigail Fowler
Conception décors, François Chaignaud, Abigail Fowler, Akaji Maro
Interprète japonais, Mohamed Ghanem
Régie son, Caroline Mas
Assistante auprès d’Akaji Maro, Naomi Muku (Dairakudakan)
Collaborateur artistique auprès de François Chaignaud, Baudouin Woehl
Production Vlovajob Pru
Coproduction Pôle européen de création – Ministère de la Culture/Maison de la Danse en soutien à la Biennale de la danse de Lyon ; Maison de la musique de Nanterre scène conventionnée ; Bonlieu scène nationale Annecy ; Charleroi danse – Centre Chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles ; Chaillot – Théâtre national de la Danse (Paris) ; Le Quartz – scène nationale de Brest ; Teatro Municipal do Porto ; manège – Scène Nationale – Reims ; Setagaya Public Theatre (Tokyo) ; The Japan Foundation (Tokyo) ; Festival d’Automne à Paris
Coréalisation Maison de la musique de Nanterre  ; Nanterre-Amandiers, centre dramatique national ; Festival d’Automne à Paris
Avec le soutien de la Fondation pour l’étude de la langue et de la civilisation japonaises sous l’égide de la Fondation de France
Avec le soutien du Regard du Cygne, Paris ; La Villette – Paris ; Nanterre-Amandiers, centre dramatique national
Avec la participation du Jeune théâtre National

Durée estimée : 1h

Chaillot – Théâtre national de la danse
du 12 au 15 avril 2023

1 octobre 2020/par Christophe Candoni
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