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La Phèdre corsetée de Georges Lavaudant

Décevant, Les critiques, Paris, Théâtre, Vesoul
Georges Lavaudant met en scène Phèdre de Sénèque au Printemps des Comédiens
Georges Lavaudant met en scène Phèdre de Sénèque au Printemps des Comédiens

Photo Marie Clauzade

Le metteur en scène s’égare dans les méandres tragiques d’une adaptation maladroite de Sénèque, et donne naissance à un spectacle plus emprunté que radical.

Lorsqu’il est question de Phèdre, les metteurs en scène font depuis toujours face à un dilemme : doivent-ils opter pour la version « traditionnelle » de Racine ou choisir celle moins connue de Sénèque, se mesurer à la beauté ombrageuse des vers raciniens ou s’essayer au coup d’épée sans ambages du théâtre latin ? En fin connaisseur des textes antiques, plus grecs que romains – L’Orestie d’Eschyle, Ajax et Philoctète de Sophocle –, Georges Lavaudant n’a pas hésité à s’emparer de la seconde afin, dit-il, « de retrouver la passion à l’état brut, quasi sauvage encore ». La passion, ou plutôt les passions, tant le désir, qu’il soit amoureux chez Phèdre ou guerrier chez Thésée, apparaît ici protéiforme, capable, quelle que soit sa source, de ronger les êtres jusqu’à l’os. Et c’est malheureusement, à l’épreuve des planches, tout l’inverse, ou presque, qui se produit. Aux commandes de cette pièce qu’il décrit lui-même comme « sobre », « épurée » et « volontairement austère », le metteur en scène accouche d’un spectacle tristement emprunté, corseté dans des intentions qui masquent bien plus qu’elles ne relèvent les enjeux sous-jacents.

A première vue, la proposition scénique de Georges Lavaudant semble pourtant correspondre en tous points à la radicalité du substrat sénéquien. Devant un écran où virevoltent des ombres menaçantes, le plateau de la salle Paul Puaux est tel qu’en lui-même, dans son plus simple appareil. Sans autre artifice que les belles lumières en clair-obscur de Cristobal Castillo-Mora qui mettent en relief les visages et les corps – à commencer par celui de Maxime Taffanel qui offre à Hippolyte son aura plastique –, le metteur en scène ouvre les portes d’un purgatoire où Phèdre et consorts livreraient leur dernier combat, alors qu’ils sont déjà condamnés par les Dieux. Las, la transposition de Frédéric Boyer a sur cet écrin l’effet d’une douche froide. Privée du chœur, expurgée de bon nombre de références, amendée çà et là, comme pour mieux aller droit au but, son adaptation réduit Phèdre à sa portion congrue, et déploie une langue à contre-courant. Perdue dans un entre-deux pompeux, enluminée de fioritures, elle ne parvient pas à renouer avec l’esthétique fertile d’une Florence Dupont qui, au fil des années, en bonne spécialiste de littérature latine, s’est imposée comme l’une des meilleures traductrices de Sénèque.

Induit en erreur par cette version, Georges Lavaudant se perd alors dans les méandres antiques. Tandis que tout repose sur elle, sa direction d’acteurs se fait erratique et ne parvient pas à conduire sa troupe à bon port. Handicapés par le travail chorégraphique de Jean-Claude Gallotta, qui noie leur présence dans une série de postures maniérées, les comédiens transforment les personnages en archétypes, en figures, théâtralisées à l’excès. Sans vision claire de leurs rôles, fondée sur une lecture précise de la pièce, ils semblent naviguer à vue, jusqu’à agir à contre-temps. Il n’est pas rare de les voir jouer en dépit du texte, surchargeant en intensité ce qui gagnerait à rester dans la mesure – à l’image de Phèdre et de sa nourrice – et délaissant ce qui pourrait s’avérer déchirant, telles les ultimes tirades de Thésée qu’Aurélien Recoing livre de façon étonnamment désinvolte. Coincés entre un phrasé artificiellement lent et un texte qui roule, un peu trop, à tombeau ouvert, tous apparaissent écartelés, à la peine, incapables de relayer le souffle dévastateur du désir, et de révéler ce que Phèdre a encore à nous dire.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Phèdre
de Sénèque
Mise en scène Georges Lavaudant
Avec Astrid Bas, Bénédicte Guilbert, Aurélien Recoing, Maxime Taffanel, Mathurin Voltz
Traduction et adaptation Frédéric Boyer
Lumières Cristobal Castillo-Mora, Georges Lavaudant
Son Jean-Louis Imbert
Chorégraphie Jean-Claude Gallotta

Production LG théâtre
Coproduction Printemps des Comédiens
Avec le soutien du CENTQUATRE-PARIS

Durée : 1h15

Athénée – Paris
du 12 au 22 octobre 2023
20h, 16h le dimanche

Jeudi 9 novembre
Théâtre Edwige Feuillère à Vesoul

Mardi 14 novembre
Radiant-Bellevue (Caluire-et-Cuire)

Mardi 28 novembre
Théâtre de St-Malo

Vendredi 1er décembre
Théâtre de Vienne

Mardi 5 décembre
Dôme (Albertville)

13 octobre 2023/par Vincent Bouquet
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1 réponse
  1. Taffanel
    Taffanel dit :
    28 avril 2022 à 12 h 07 min

    Bonjour,
    Les dates sont les 3 4 et 5 juin.
    Cordialement

    Répondre

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