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Dans les bois, Antoine Defoort réinvente les campagnes

A voir, Dunkerque, Les critiques, Strasbourg, Théâtre
Elles Vivent d'Antoine Defoort - L'Amicale de Production. Photo de Matthieu Edet Matthieu Edet
Elles Vivent d'Antoine Defoort - L'Amicale de Production. Photo de Matthieu Edet

Photo Matthieu Edet

Ex Feu de tout bois renommé Elles vivent après un lancement contrarié par le Covid, la dernière création d’Antoine Defoort tombe à point nommé. Il y est en effet notamment question de magie paradoxale, de Pokémons et… de campagne électorale. A la manière de l’artiste bien sûr, par la bande, par l’absurde, par la dérision poétique qui véhicule son lot de sens, en se prenant à moitié au sérieux et à moitié pas, « en même temps ».

On est à l’orée de la forêt. Grandes toiles peintes d’arbres qui montent jusqu’aux cintres; au sol, lino mélangeant herbes vertes et feuilles mortes, troncs d’arbre factices sur lesquels s’installent alternativement les personnages de Taylor et Michel et leurs répliques sous forme de mannequins immobiles. Le ton est donné. Ici, tout est faux, artifice et se donne pour tel. Et « en même temps », ce qui se joue a bien à voir avec la réalité.

Certains pourront critiquer le côté cool, deuxième degré, intello tout en dérision des spectacles d’Antoine Defoort. On peut aussi s’amuser de l’absurde des personnages et situations qu’il se plaît à inventer. Sachant que tout cela aurait beaucoup moins d’intérêt si l’on ne sentait pas qu’en même temps, ces histoires parlent de nous et de notre temps, à l’oblique, via un sens qui ne se donne jamais complètement, suivant un processus qui stimule drôlement les méninges pour démêler non pas le vrai du faux, mais plutôt ce qui fait sens de ce qui est pure fantaisie. Defoort lui-même dit rechercher l’équilibre « du fun et de l’interesting », et procède pour cela par « digressions (…) connexions improbables entre les formes, les matières et les savoirs » par sérendipité dramaturgique, pourrait-on dire.

Dans Elles vivent, deux amis se retrouvent donc dans la forêt. Michel vient de passer deux ans en méditation deep-mindfullness, sans rien manger, isolé du monde. Taylor, lui, vient de participer à une campagne électorale avec son « parti » PCM (Plateforme Contexte et Modalité). Une histoire qu’il raconte donc à son vieil ami, à l’aide d’innovations technologiques dérisoires, où, à l’écran, les personnages figurés sous formes de dessins bougent à peine les lèvres en parlant, et où les supposés hologrammes sont de vrais acteurs (Arnaud Boulogne, Antoine Defoort, Alexandre Le Nours et Sofia Teillet). La high-tech en prend pour son grade mais l’expansion du virtuel constitue en même temps un terreau remarquable pour y faire pousser des histoires.

Car c’est certainement là le sujet central d’Elles vivent. Étudier d’un peu plus près les histoires et les idées, ce que nous croyons et ce que nous revendiquons, comment les histoires peuvent naître hors la réalité et venir la transformer, le tout à travers la relation d’une campagne électorale bien particulière, dans laquelle les membres du PCM et Erwan Debreucq, politicien mâle un peu typique, se retrouvent opposés.

A travers toutes ces histoires, on traverse la rhétorique politique qui nous étouffe, l’aspiration à moins de verticalité et davantage d’humilité, de bienveillance, la place du virtuel et du fake dans nos sociétés, et celle des peurs. Le tout à travers des trouvailles conceptuelles délirantes et pourtant pas si idiotes telles que celles des Pokémons logomorphes ou de la magie paradoxale, porteuse de ce fameux « en même temps ». Un spectacle dense, truffé d’échos discrets comme des allusions voilées, pourvu d’un récit cadre que Sofia Teillet mène avec une délicatesse drôlissime, construisant également l’utopie d’un monde bricolé, doux et rêveur. Tout à l’opposé de ce qui se dessine aujourd’hui. Une bouffée d’air comme une promenade en forêt. La beauté d’une campagne qui ne serait pas électorale.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

Elles vivent (Feu de tout bois)
Conception : Antoine Defoort
Collaboration artistique : Lorette Moreau
Avec : Sofia Teillet, Alexandre Le Nours, Antoine Defoort et Arnaud Boulogne
Régie générale : Simon Stenmans
Création sonore : Mélodie Souquet
Création musicale : Lieven Dousselaere
Scénographie : Marie Szersnovicz
Production : Alice Broyelle et Thomas Riou
Regard extérieur : Stephanie Brotchie
Bricolage : Sebastien Vial et Vincent Tandonnet
Conception du robot de la réforme du fliflifli : Kevin Matagne
Conseiller logomorphe : Esprit de la Forêt
Photos : Matthieu Edet

Production : l’Amicale
Coproduction : Le Phénix Scène Nationale de Valenciennes Pôle
Européen de Création / Theatro Nacional D.Maria II – Lisbonne /
Atelier 210, Bruxelles / LE CENTQUATRE-PARIS / Malraux, scène
nationale Chambéry Savoie / Maillon, Théâtre de Strasbourg – Scène
européenne / Le Bateau Feu – Scène nationale Dunkerque / Le
Vooruit – Gand / le Vivat, Scène conventionnée d’intérêt national art
et création…
Soutien : Théâtre de Poche, scène de territoire pour le théâtre /
Bretagne romantique & Val d’Ille-Aubigné / Buda – Courtrai

Durée : 1h35

du 18 au 27 janvier 2022 (relâche les 23 et 24) : Le Centquatre – Paris
24 et 25 mars 2022 : Le Bateau Feu – Dunkerque
du 6 au 8 avril 2022 :Carré-Colonnes – Saint-Médard-en-Jalles

20 janvier 2022/par Eric Demey
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