Dans le quatuor Fampitaha, fampita, fampitàna, la chorégraphe Soa Ratsifandrihana et trois comparses créent une communauté d’artistes issus de la diaspora de territoires colonisés. Leurs corps racontent leur histoire à travers danse et musique, et imaginent un futur émancipateur.
Quelques instruments de musique, plusieurs tapis qui dessinent un archipel et quatre interprètes occupent le plateau. « J’appelle Madagascar », commence l’un d’eux. Audrey Merilus, Stanley Ollivier, Joël Rabesolo et Soa Ratsifandrihana lèvent la main les uns après les autres. Ils sont originaires de Madagascar, de la Guadeloupe ou d’Haïti ; ils habitent la Belgique ou la France ; ils sont immigrés de première, deuxième ou troisième génération. La jeune chorégraphe Soa Ratsifandrihana nous avait scotché avec son solo g r oo v e (2021), une recherche formelle sur le groove, ce balancement rythmique qui donne une saveur particulière à la musique. Sa danse s’y dépliait progressivement, faisant jaillir des émotions intérieures qui explosaient dans l’espace de la scène.
Fampitaha, fampita, fampitàna (la comparaison, la transmission, la rivalité en malgache) est la deuxième partie d’une recherche de la chorégraphe sur les liens entre les corps et l’histoire. Il suit le documentaire radiophonique Rouge Cratère qui retrace son voyage à Madagascar. Dans cette pièce où danse et musique sont indissociables, c’est l’histoire des corps qui se dessine. Sur les riffs de guitare, tantôt groovy, tantôt rock, de Joël Rabesolo, les quatre interprètes, en robes et pantalons façon XVIIIe siècle esquissent des danses style baroque ou quadrille qui se transforment au fur et à mesure.
Elle devient des footwork entraînants, un bal où les ondulations chaloupées côtoient la danse contemporaine dans une atmosphère solaire et dense. Une histoire coloniale se dessine, autant dans ces réminiscences de gestes que dans la mention de la « rue Gallieni ». Ce quatuor ne se réapproprie pas seulement les récits coloniaux, majoritairement contés d’un point de vue européen, il dessine une communauté d’exil, faite d’alliances entre les diasporas, qui croisent leurs héritages et imaginent un futur commun, comme en témoigne la mention d’une « rue des Negmarrons ». Ensemble, ils tissent un réseau d’où naissent des formes artistiques transdisciplinaires inédites. Chaussés des mêmes bottes argentées futuristes, ils sont bien partis pour émanciper, au passage, nos imaginaires.
Belinda Mathieu – www.sceneweb. fr
Fampitaha, fampita, fampitàna
Une performance de Soa Ratsifandrihana
Création et performance Audrey Mérilus, Stanley Ollivier, Joël Rabesolo, Soa Ratsifandrihana
Musique Joël Rabesolo
Dramaturgie Lily Brieu Nguyen
Collaboration artistique Jérémie Polin Razanaparany alias Raza, Amelia Ewu, Thi Mai Nguyen
Conception lumière Marie-Christine Soma
Conception des costumes Harilay Rabenjamina
Conception sonore Chloé Despax, Guilhem Angot
Questions d’assistance sur la transmission et l’identité Prisca Ratovonasy
Textes Sékou Semega
Vidéos Valérianne Poidevin
Direction technique Blaise Cagnac
Technicienne lumière Diane Guérin
Technicien du son Guilhem AngotProduction déléguée ama brussels, Théâtre Varia en collaboration avec Météores
Coproduction Kunstenfestivaldesarts, Kaaitheater, Théâtre Varia, Charleroi danse, MC93 — Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, ICI – centre chorégraphique national Montpellier Occitanie (direction Christian Rizzo), Centre chorégraphique national d’Orléans (direction Maud Le Pladec), Le Gymnase-CDCN Roubaix, La Place de la Danse-CDCN Toulouse • Occitanie, Fonds Yavarhoussen, Dance Reflections by Van Cleef & Arpels, Tanz im August/HAU Hebbel am Ufer, La Coop asbl, Shelter Prod, A-CDCN (Les Hivernales – CDCN d’Avignon, La Manufacture – CDCN Nouvelle-Aquitaine Bordeaux • La Rochelle, L’échangeur – CDCN Hauts-de-France, Le Dancing CDCN Dijon Bourgogne-Franche-Comté, Chorège CDCN Falaise Normandie, Le Pacifique – CDCN Grenoble • Auvergne • Rhône-Alpes, Touka Danses – CDCN Guyane, Atelier de Paris – CDCN, Le Gymnase CDCN Roubaix • Hauts-de-France, POLE-SUD CDCN Strasbourg, La Place de la Danse – CDCN Toulouse – Occitanie, La Maison Danse CDCN Uzès Gard Occitanie, La Briqueterie CDCN du Val-de-Marne)
Résidences ICI – CCN Montpellier Occitanie, La Bellone – Maison du spectacle, Gemeenschapscentrum De Kriekelaar, Université d’Antananarivo, KAAP, Le Gymnase – CDCN Roubaix, Théâtre Varia, CCN d’Orléans, Radio Grenouille
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Service de la danse, Wallonie-Bruxelles International, taxshelter.be, ING et le Tax Shelter du Gouvernement fédéral belgeSoa Ratsifandrihana est en résidence au Kaaitheater pour 2023-2025.
Durée : 1h20
Vu en mai 2024 au Kunstenfestivaldesarts, Théâtre Varia, Kaaitheater
MC 93, Bobigny, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
du 18 au 22 septembre
Actoral, Marseille
les 3 et 4 octobreThéâtre d’Orléans – Scène nationale
le 10 décembrePôle Sud – CDCN Strasbourg, dans le cadre du Festival L’année commence avec elles
le 24 janvier 2025La Place de la Danse – CDCN Toulouse Occitanie
les 4 et 5 févrierLes Hivernales – CDCN d’Avignon
le 8 févrierThéâtre Sévelin 36, Genève
les 5 et 6 marsChaillot – Théâtre national de la danse, Paris
du 9 au 12 avril
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