Face à Médée de François Cervantes

Médée est la fille d’un roi qui règne sur un peuple primitif, en Colchide, actuelle Géorgie, où se pratique encore le sacrifice humain. C’est une magicienne puissante et une guérisseuse.
Arrive de la mer un homme qui vient d’un pays « civilisé ». Il mène une expédition pour aller chercher la Toison d’Or, la ramener chez lui et prendre le pouvoir.
L’or est le secret intime de la Terre, le principe divin dans la matière. On en décore les morts, les rois et les objets sacrés.

Médée tombe follement amoureuse de ce voyageur, son destin change devant son visage.
Elle l’aide à voler la Toison d’Or, et pour protéger leur fuite, elle découpe son jeune frère en morceaux et le disperse sur la route.

Ils sont accueillis par un souverain puissant, en Grèce, et ils refont leur vie. Médée est maintenant loin des grandes forces de la nature.
Ils ont deux enfants.
Quand elle apprend que l’homme qu’elle aime totalement va se marier avec la fille de leur protecteur, qu’elle doit quitter le pays parce qu’on a peur d’elle, et que ses enfants resteront avec leur père, elle devient folle de douleur, elle tue la future épouse et égorge ses enfants.

Médée hante la mythologie Grecque, au moment où se construit ce grand empire colonisateur. C’est une femme, une étrangère, une barbare.
Elle est à la fois solaire et ténébreuse, guérisseuse et dévastatrice.
Son amour est absolu.

Cette histoire n’est pas seulement dans le passé, elle est aussi dans les fibres de nos corps. Nous avons, enfouie en nous, cette tragédie. Dans notre nature profonde, il y a cet amour, cette violence inouïe. Il y a une puissance qui communique avec les vols des oiseaux, les gouttes de pluie, les océans, le rouge éternel des coquelicots…

L’homme s’est mis debout, il a inventé les bateaux, les avions, il est parti découvrir la planète, l’espace…
Mais il reste une terre inconnue, c’est notre terre intérieure.
Le projet de l’homme n’est pas achevé, l’homme n’est pas encore humain.

En faisant revivre cette histoire face à nous, dans le présent du plateau, les comédiennes nous parlent directement, elles sont à la fois actrices et femmes.
L’amour, l’exil, le pouvoir, la trahison, et l’infanticide…
Cette tragédie leur fait traverser les larmes, arrêter le récit, partager avec nous des confidences. Du fond de leurs mémoires surgissent des visions.
Médée les emporte aussi vers la magie de leur art de comédienne : il est bien question d’amour entre elles et les spectateurs.
Ces comédiennes croient à la nécessité de partager nos espaces intérieurs. Elles en ont la force, et la rigueur.
Elles tentent de faire apparaître Médée, et de faire entendre sa parole.
François Cervantes – mars 2016

Face à Médée
Texte et mise en scène François Cervantes
Avec Anna Carlier, Hayet Darwich, Catherine Germain
Création son Xavier Brousse
Création lumière Dominique Borrini
Régie lumière Bertrand Mazoyer
Création costumes Sarah Veillon
Co-production Le Merlan – Scène nationale de Marseille, Pôle des arts de la Scène – Friche La Belle de Mai – Marseille, Les Théâtres Gymnase-Bernardines – Marseille, L’Estive – Scène nationale de Foix et de l’Ariège

Premières les 19 et 20 janvier 2017 au Merlan, Scène nationale de Marseille
jeudi 9 mars 2017
20h30
Espace Diamant | AJACCIO

jeudi 16 mars 2017
20h30 Théâtre des Ursulines
Le Carré, scène nationale de Château-Gontier | CHATEAU-GONTIER

jeudi 27 avril 2017
20h45
L’Estive SN de Foix et de l’Ariège | FOIX