Une mère qui venge la trahison de son époux dans le sang de leurs propres enfants : Médée est sans doute le mythe le plus violent et glaçant qui nous soit parvenu de la Grèce antique. Il met en scène un tabou qui nous révulse et nous renvoie aux plus sombres tréfonds de l’âme humaine, l’infanticide.
Donner la mort à la chair de sa chair, se repaître du sang de son sang, quelles démesures de haine peuvent-elles conduire à cette horreur ultime ? Bafouée, répudiée, outragée, l’âme de Médée ne vit plus que d’un seul affect, tendue toute entière vers l’assouvissement d’un seul désir impérieux qui l’aveugle et sème la mort sur son passage : la vengeance, ultime jubilation avant que l’enfer ne l’engloutisse en livrant le monde aux flammes. Médée apparaît ainsi comme le double inversé de l’autre furie vengeresse de la mythologie grecque, Electre. Mais là où la fille d’Agamemnon ressasse jusqu’à la folie un acte qu’elle laissera a un autre, Médée accomplit son destin jusqu’au bout et exulte dans l’horreur même. L’abomination et l’infamie sont choses attirantes au théâtre : de Marc-Antoine Charpentier en 1635 à Michèle Reverdy en 2003, nombreux seront les compositeurs qui les mettront à la scène. Parmi eux, Luigi Cherubini mérite une place à part. Chaînon manquant entre le classicisme et le romantisme, dont il fusionne clarté et sombres tourments, ce compositeur florentin établi à Paris, admiré de Haydn et de Beethoven comme de Berlioz et Wagner, sait user des possibilités offertes par un genre alors en plein renouvellement. Dans sa version originale en français avec textes parlés — celle-là même qu’a choisi l’Opéra de Dijon — Médée offre une manière de conjuguer musique et théâtre redoutablement efficace, usant de transition entre parole, mélodrame (texte parlé sur musique) et chant et de finesses expressives de l’orchestration qui portent le drame à son incandescence. Que les grandes tragédiennes de l’art lyrique, Maria Callas en tête, en aient fait leur opéra de prédilection ne saurait être un hasard. Après la passion pour le pouvoir d’Agrippina en 2011, rien d’étonnant non plus à ce que cette histoire pleine de bruit et de fureur ait conquis le maître de théâtre qu’est Jean-Yves Ruf.
Médée, opéra comique (tragédie) en trois actes, version originale française 1797
CRÉÉ Au Théâtre Feydeau, Paris, le 13 mars 1797
EN FRANÇAIS SURTITRÉ
LIVRET François-Benoit Hoffman,
adaptation Jean-Yves Ruf et Stephen Sazio
MUSIQUE Luigi Cherubini
ORCHESTRE DIJON BOURGOGNE
CHŒUR DE L’OPÉRA DE DIJON
DIRECTION MUSICALE Nicolas Krüger
MISE EN SCÈNE Jean-Yves Ruf
SCÉNOGRAPHIE Laure Pichat
COSTUMES Claudia Jenatsch
LUMIÈRES Christian Dubet
SON Jean-Damien Ratel, en collaboration
avec David Jackson, compositeur
RÉALISATION VIDÉO Rémi Briand – R. Productions
MAQUILLAGE | COIFFURES Cécile Kretschmar
ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE Anaïs de Courson
ASSISTANAT AUX COSTUMES Lucie Hermand
CHEF DE CHANT Bertrand Halary
CHEF DE CHOEUR Anass Ismat
PIANISTE ACCOMPAGNATEUR Maurizio Prosperi
MÉDÉE Tineke van Ingelgem
JASON Avi Klemberg
CRÉON Frédéric Goncalves
DIRCÉ Magali Arnault Stanczak
NÉRIS Yete Queiroz
1re SUIVANTE DE DIRCÉ Dima Bawab
2e SUIVANTE DE DIRCÉ Léa Desandre
FILS DE JASON & MÉDÉE (en alternance)
Erwan et Nils Ruf
Isaac El Hadad et Quentin Mura
RÉALISATION DES DÉCORS Ateliers de l’Opéra de Dijon & de l’Opéra de Rouen
RÉALISATION DES COSTUMES Ateliers de l’Opéra de Dijon & ateliers Caraco
CRÉATEUR DES SURTITRES Thomas and Neel
ÉDITEUR DES PARTITIONS Simrock (édition critique de la version originelle, Heiko Cullmann)
PRODUCTION Opéra de Dijon
COPRODUCTION Opéra de Rouen Normandie
Ensemble associé
AVEC LE MÉCÉNAT du Crédit Agricole de Champagne-BourgogneOpéra de Dijon
Auditorium – mai 2016
mardi 17 à 20h00
jeudi 19 à 20h00
samedi 21 à 20h00
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !