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Cannes Trente-neuf/Quatre-vingt-dix : le Festival sans festival d’Etienne Gaudillère

À la une, Les critiques, Malakoff, Moyen, Théâtre

Photo Joran Juvin

Au Théâtre 71, le jeune metteur en scène navigue dans plus de cinquante ans d’histoire de l’institution cannoise au long d’un spectacle qui, malgré son érudition, ne parvient jamais à dépasser le stade de la reconstitution un peu trop sage.

Le Festival de Cannes, sa Croisette, son Palais, son hôtel Martinez, sa montée des marches, ses paillettes, ses soirées privées, ses tenues de gala… De ce décorum immuable, intrinsèquement lié à cette manifestation qui, au fil des années, s’est transformée en institution, Etienne Gaudillère n’a choisi de retenir que la portion congrue. Sur le plateau du Théâtre 71 de Malakoff, ne subsistent qu’un élégant palmier et quelques escaliers qui tantôt singent ceux d’un hôtel de luxe, tantôt servent de bureaux pour les journalistes des « Cahiers du Cinéma ». Tout juste remarque-t-on quelques jolis costumes, accessoires et attitudes de stars qui nous font dire que le tapis rouge n’est sans doute pas bien loin.

Plutôt que le folklore ou les palmarès successifs, le jeune metteur en scène a préféré se concentrer sur le versant économico-politique des cinquante ans d’histoire du Festival qu’il explore. Loin de retracer, année après année, les différents événements d’une manifestation devenue mythique, il a choisi de se focaliser sur cinq épisodes clés : sa création avortée en 1939 dans un contexte de lutte contre le fascisme qui avait pris le contrôle de la Mostra de Venise ; le scandale de la photo de Simone Silva, objet, en 1954, d’une guerre diplomatique entre les Etats-Unis et l’URSS ; la remise en cause, puis la déstabilisation provoquée par les réalisateurs de la Nouvelle Vague lors des événements de mai-68 ; les attentats de 1975 liés à la sélection en compétition du film Chroniques des années de braise ; et, enfin, la Palme d’Or décernée en 1989 à Steven Soderbergh pour Sexe, mensonges et vidéo qui augure d’une nouvelle ère économique.

S’y dévoile un Festival en proie à des forces – politiques, économiques, artistiques – qui ont, à maintes reprises, menacé de le faire chavirer. Grâce à un travail de documentation qu’on imagine aussi long et fastidieux que passionnant, Etienne Gaudillère traduit parfaitement les soubresauts vécus par une manifestation qui a dû batailler ferme pour gagner son indépendance, s’extirper des jeux diplomatiques, et s’en tenir à l’amour du septième art, et à lui seul. Pour cela, il convoque un ensemble de personnages – de Jean Zay à Claude Lelouch, en passant par Jean Cocteau, Eric Rohmer, Agnès Varda, Jean-Luc Godard, Philippe Erlanger, Jacques Rivette, Jack Lang, François Truffaut ou encore Jacques Demy – que ses neuf comédiens et lui-même incarnent tour à tour avec énergie, aplomb et complicité.

Sauf que l’entreprise a le revers de son érudition. Lestée par son application, elle peine à décoller et souffre d’une écriture de plateau souvent faiblarde qui n’a pas le panache des événements qu’elle entend rejouer. Au milieu du gué, ces « situations inventées à partir de faits réels » sont trop scolaires pour relever de la fiction pure et pas assez fournies pour être qualifiées de théâtre documentaire. Sans aucun extrait de film, ni image d’archives, le propos manque de cette nourriture scénique qui lui aurait permis de dépasser le stade de la reconstitution un peu trop sage. Au-delà des intermèdes très maladroits, qui masquent mal leur côté bouche-trou, la mise en scène est à l’avenant. Sans totalement démériter, elle ne fait jamais le pari de la folie ou de l’audace. Un comble pour un Festival qui, lui, n’en a jamais manqué.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Cannes Trente-neuf/Quatre-vingt-dix
Texte et mise en scène Etienne Gaudillère
Avec Marion Aeschlimann, Clémentine Allain, Anne de Boissy, Etienne Gaudillère, Fabien Grenon, Pier Lamandé, Nicolas Hardy, Loïc Rescanière, Jean-Philippe Salério, Arthur Vandepoel
Collaborateur artistique Arthur Vandepoel
Collaborateur dramaturgique Pierre Lamandé
Aide à l’écriture Elsa Dourdet
Scénographie Bertrand Nodet
Création lumière Romain de Lagarde
Création sonore Antoine Richard
Costumes Sylvette Dequest
Création vidéo Raphaël Dupont

Coproduction Compagnie Y, Théâtre Molière Sète – Scène nationale archipel de Thau, La Comédie de Saint-Etienne – CDN, Théâtre de Villefranche, Le Vellein – scènes de la CAPI – Villefontaine, ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie, La Mouche – Saint-Genis-Laval
Soutiens à la résidence NTH8 – Nouveau Théâtre du 8ème – Lyon, Théâtre Nouvelle Génération – CDN Lyon
Avec le soutien de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, et de la Spedidam
Production déléguée Théâtre Molière-Sète – Scène nationale archipel de Thau

Durée : 2h

Théâtre 71, Malakoff
du 8 au 16 janvier 2020

Théâtre Firmin Gémier – La Piscine, Châtenay-Malabry
les 18 et 19 janvier

Maison des Arts du Léman, Thonon-Evian
le 21 février

Théâtre Croisette, Cannes
le 7 mars

12 janvier 2020/par Vincent Bouquet
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