Le nouveau spectacle de l’italienne Emma Dante est d’une très belle poésie. Ce sont trois histoires indépendantes qui se succèdent. Trois chapitres d’un spectacle d’une extrême sensibilité dans lesquels les personnages rêvent d’une vie différente, d’une vié oubliée, ou d’une vie espérée.
Dans le chapitre I, Acquasanta, un homme, Spicchiato interprété par Carmine Maringola, est assis dans un bateau imaginaire. Il est relié à trois ancres par des cordes hissées sur des poulies. Il crache de l’eau aux spectateurs. Cet homme est un pauvre, devant lui un panier indique qu’il fait la manche. Pour vivre il se donne en spectacle et imagine sa vie sur ce navire. Il se lance dans une danse endiablée tel un pantin articulé. Il se donne. On est touché par le jeu de Carmine Maringola et sa sincérité, il est d’une belle tendresse.
Dans Il castello della Zisa, le chapitre II, deux filles prient et agitent des croix suspendues à des élastiques. Ces deux grenouilles de bénitiers dans un ballet rondement coordonné s’habillent. Ce sont deux religieuses. Elles s’occupent d’un jeune garçon handicapé, Nicola (Onofio Zummo). Elles le lavent, jouent avec lui, le remettent debout, et lui redonnent espoir. Nicola, gardien du château dans le quartier populaire de la Zisa sort de son emprisonnement. Il se réveille, retrouve la jouissance de ses membres. Il danse, il vit, le temps d’un rêve.
Autre regard tendre et mélancolique dans Ballarini, le chapitre III, celui d’un couple de personnes âgées. On assiste à leur renaissance. Dans le coffre de leur vie, ils dénichent des objets qui ont marqué leur existence. Ils se remémorent leur vie, et remontent dans le temps. On assiste à l’accouchement de leur enfant, leur mariage, leur rencontre, leur premier flirt. Les comédiens ôtent leur masque, retrouvent la jeunesse, le temps d’un autre rêve, pour ensuite remettre leur masque et mourir. Ils dansent sur les tubes qui ont rytmé leur jeunesse. Une belle histoire d’amour très touchante.
Emma Dante dédie cette trilogie « à nos grands-parents et à leurs souvenirs qui les aident à se sentir moins seuls, aux personnes malades ( …) et aux mendiants que nous rencontrons tous les jours dans la rue et que nous n’avons pas le temps d’écouter ». Un spectacle qui fait réfléchir sans nous enfoncer dans les bons sentiments.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr – 4/02/12
Emma Dante
La Trilogia degli occhiali
(La Trilogie des lunettes)
texte et mise en scène Emma Dante
Chapitre I avec
Acquasanta Carmine Maringola
Chapitre II avec
Il castello della Zisa Claudia Benassi
Stéphanie Taillandier
Onofrio Zummo
Chapitre III avec
Ballarini Manuela Lo Sicco
Sabino Civilleri
scénographie Emma Dante, Carmine Maringola
costumes Emma Dante
création lumière Cristina Fresia
responsable des surtitres Franco Vena
direction technique Marcello d’Agostino
Coordination production/diffusion Fanny Bouquerel/ Amunì
coproduction Compagnia Sud Costa Occidentale, Teatro Stabile di Napoli,
CRT Centro di Ricerca per il Teatro, Théâtre du Rond-Point
spectacle en italien surtitré
durée : 2h15 avec un entracte
( Acquasanta : 50’, Il castello della Zisa : 30’, Ballarini : 45’)
3 – 19 février 2012, 19h30
dimanche 15h30, relâche les lundis
Théâtre de la Criée – Marseille
Du 8 au 12 mai 2012
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