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Les Beaux : Barbie et Ken à la renverse

À la une, A voir, Les critiques, Paris, Théâtre

Photo Emilie Brouchon

Au Théâtre du Petit Saint-Martin, Elodie Navarre et Emmanuel Noblet donnent chair et piquant au jeu de massacre amoureux concocté par Léonore Confino.

Ils sont jeunes, ils sont grands, ils sont beaux. À première vue, le duo croqué par Léonore Confino a tout du couple idéal, presque agaçant dans sa réussite auto-satisfaite et son urbanité surfaite. À un détail près : ce couple sur papier glacé n’existe pas. Ou plutôt il subsiste dans l’imaginaire d’une petite fille, Alice, qui, au cœur de sa chambre, a façonné les parents qu’elle aimerait avoir, emplis d’amour, de désir et de projets. Loin, très loin, de la réalité, comme le triste reflet inversé des siens. Derrière sa porte, ses deux géniteurs se déchirent, s’envoient des injures à la figure, comme on enverrait valser la vaisselle à travers la pièce.

Lui est chasseur de têtes chez Publicis, elle est mère au foyer. Les deux étouffent dans une vie qu’ils subissent au lieu de la construire, frustrés de ne pas avoir su s’accomplir, gangrénés par la rancœur des mensonges. Leur couple est au bord de l’implosion, sous les coups de boutoir du quotidien urbain qui les ronge, de cette quête de sens qu’ils ne trouvent pas, de cette fille qui, parce qu’elle absorbe leur mal-être comme une éponge, s’est murée dans le silence et réfugiée, telle l’héroïne de Lewis Carroll, au pays des Barbie Palaces, où les couples parfaits s’aiment et se prélassent.

À sa pièce, Léonore Confino confère le pouvoir du miroir, qu’elle tend à ses lecteurs-spectateurs qui, nécessairement, et tristement, pourront s’y retrouver. À mi-chemin entre la comédie romantique et le drame contemporain, elle opte pour un ton mordant, soit directement par le biais de l’humour, soit indirectement par celui de l’ironie. Empli de bonnes intuitions – la peur d’être parent, la difficulté à devenir adulte, l’urbanité qui dévore tout –, ce boulevard haut de gamme échappe à tout psychologisme grâce à sa finesse décalée, mais ne transforme pas toujours l’essai. Pertinent dans les pistes qu’il esquisse, il en dessine trop pour les explorer en profondeur et, au choix clair, préfère la multitude, qui reflète, il est vrai, la complexité des vies et des situations.

Une ligne directrice floue que la mise en scène de Côme de Bellescize n’éclaire pas. Dans un élan littéral, il se borne à monter le texte, sans le trahir, mais sans coup de génie. Heureusement, il peut compter sur un duo de comédiens qui n’économisent ni leur énergie, ni leur talent, pour donner chair et piquant à l’ensemble. En équilibre sur un fil tragi-comique, Elodie Navarre comme Emmanuel Noblet se tiennent la dragée haute de bout en bout. Truculents en Barbie et Ken désarticulés et déshumanisés, ils savent se faire touchants quand ils luttent contre l’abîme qui menace leurs personnages, bien décidés à faire perdurer leur couple, y compris à bout de bras et à coups de réflexes enfantins. Tant et si bien qu’on en vient à se demander qui, dans ce maelström intime, sont les pantins et qui sont les humains, qui sont les parents et qui sont les enfants. Dans nos sociétés, les géniteurs ont parfois une puérilité égoïste que leurs progénitures n’ont pas.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Les Beaux
de Léonore Confino
Mise en scène Côme de Bellescize
Avec Elodie Navarre et Emmanuel Noblet
Décor Camille Duchemin
Costumes Colombe Lauriot-Prévost
Lumière Thomas Costerg
Son Lucas Lelièvre

Le texte de la pièce est publié aux éditions Actes Sud-Papiers sous le titre « Enfantillages ».

Durée : 1h10

Théâtre du Petit Saint-Martin, Paris
du 6 septembre au 5 octobre 2019

7 septembre 2019/par Vincent Bouquet
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