Dominique Blanc quittera la Comédie-Française cet été

Photo Carole Bellaïche

Sociétaire depuis 2021, Dominique Blanc annonce son départ de la Comédie-Française le 11 juillet 2026 dans une interview publiée par Télérama.

Dominique Blanc intègre la première promotion de la Classe Libre du Cours Florent, où elle se forme notamment auprès de Pierre Romans. Dès 1981, Patrice Chéreau lui confie le rôle de Solveig dans Peer Gynt d’Ibsen, créé au Théâtre National Populaire. Une collaboration artistique durable s’écrit alors : Les Paravents de Genet, Phèdre de Racine, puis La Douleur de Marguerite Duras, mis en scène avec Thierry Thieû Niang — une performance qui lui vaut le Molière de la meilleure comédienne en 2010. Au cinéma, Patrice Chéreau la dirige également dans La Reine Margot et Ceux qui m’aiment prendront le train, pour lequel elle recevra le César du meilleur second rôle féminin en 1999.

Le parcours de Dominique Blanc est jalonné d’autres rencontres décisives : Luc Bondy, Jean-Pierre Vincent, Antoine Vitez, Marc Paquien, Bruno Bayen… Son interprétation de Nora Helmer dans Une maison de poupée mise en scène par Deborah Warner, puis celle de Madame de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses sous la direction de Christine Letailleur, sont, elles aussi, saluées par deux Molières de la meilleure comédienne (2008 et 2016).

Au cinéma, elle tourne avec Claude Chabrol, Claude Sautet, Michel Piccoli, James Ivory, Lucas Belvaux. Elle obtient le César du meilleur second rôle pour Indochine de Régis Wargnier et Milou en mai de Louis Malle. En 2001, le César de la meilleure actrice pour Stand-by de Roch Stéphanik. Sa performance dans L’Autre de Pierre Trividic et Patrick Mario Bernard est couronnée en 2008 par la coupe Volpi de la meilleure actrice au Festival de Venise.

Après un parcours déjà très riche au théâtre comme au cinéma, Dominique Blanc entre à la Comédie-Française en 2016 et devient la 538e sociétaire en 2021. Elle y interprète des rôles majeurs : Agrippine dans Britannicus (Stéphane Braunschweig), Marie dans Le Testament de Marie (Deborah Warner), Helena Ekdhal dans Fanny et Alexandre de Julie Deliquet, qu’elle retrouve alors après Vania d’après Tchekhov, la Marquise dans Le Petit-Maître corrigé (Clément Hervieu-Léger), la Marquise de Villeparisis dans Le Côté de Guermantes (Christophe Honoré), Dorine dans Le Tartuffe ou l’Hypocrite (Ivo van Hove), Varvara Pétrovna Stavroguina dans Les Démons (Guy Cassiers).

Elle navigue ainsi avec aisance entre les grands auteurs du répertoire — Racine, Molière, Marivaux, Tchekhov, Dostoïevski, Proust — et les voix contemporaines comme Lars Norén. En 2020, sa prestation dans Angels in America de Tony Kushner, mis en scène par Arnaud Desplechin, où elle interprète cinq personnages, lui vaut le Molière de la comédienne dans un second rôle.

Début novembre, elle expliquait dans une interview accordée à L’Humanité avoir écrit à Emmanuel Macron pour lui rendre l’insigne d’officier de la Légion d’honneur. C’est François Hollande, alors Président de la République, qui lui avait remis cette décoration en 2014. « Je voulais le faire depuis la troisième nomination de Madame Dati en tant que ministre de la Culture. Elle a de nombreuses affaires judiciaires en cours. Évidemment, il y a présomption d’innocence, mais quand on est un homme ou une femme politique, il faut avoir une grande honnêteté, une grande intégrité par rapport au peuple français. Elle aurait dû refuser la deuxième nomination et partir. Elle ne l’a pas fait, donc à la troisième nomination, je me suis dit qu’il fallait que je rende cette décoration », racontait la comédienne.

Avant de quitter la Comédie-Française, Dominique Blanc sera présente dans deux spectacles en 2026 : Contre d’après la vie et l’œuvre de John Cassavetes et Gena Rowlands, dans la mise en scène de Constance Meyer et Sébastien Pouderoux reprise au Petit Saint-Martin, où elle interprète la critique Pauline Kael qui avait pris en grippe Cassavetes ; puis, dans Le Tartuffe ou l’hypocrite de Molière, mise en scène par Ivo van Hove à La Villette, pour une dernière ovation, le samedi 11 juillet.