Un Marivaux sans triomphe
Régulièrement Denis Podalydès délaisse ses camarades de la Comédie-Française pour monter une production avec les Bouffes du Nord. Cette année il s’agit du Triomphe de l’Amour de Marivaux. Une des nombreuses pièces de l’auteur sur le travestissement que le metteur en scène ancre dans le 18ème sans en donner une lecture audacieuse.
Denis Podalydès s’échappe de la Comédie-Française mais s’est entouré de Christian Lacroix pour les costumes et d’Eric Ruf, son patron place Colette pour la scénographie. Il règne comme un petit air de Maître Corrigé (la mise en scène de Clément Hervieu-Léger présentée salle Richelieu en 2016) avec les mêmes bouquets d’herbes folles et des toiles peintes en fond de scène. Les deux pièces ont été écrites à deux ans d’intervalle par Marivaux. Le Triomphe n’a pas provoqué l’enthousiasme à l’époque. Le public était peut-être un peu fatigué du recours systématique à l’art du travestissement chez Marivaux ? Ou tout simplement parce que la pièce n’est pas sa meilleure ?
Le travestissement et la séduction, c’est le « fonds de commerce » de Marivaux. Ici la princesse Léonide sous le nom de Phocion cherche à séduire Agis, mais le philosophe Hermocrate et sa soeur Léontine vont tomber amoureux de la princesse. Trois prétendants pour une seule âme, quelle chance ! Marivaux mêle tout cela d’un brin de farce avec la présence des valets. Cela pourrait donner une pièce débridée, voire transgenre, mais sur le plateau cela reste très sage et ampoulé. Ça traîne en longueur, d’autant que Denis Podalydès allonge la sauce avec une version lénifiante de Plaisir d’amour (ne dure qu’un moment) le tube d’Yvonne Printemps (mais dont les paroles datent de l’époque de Marivaux). Ça plombe définitivement le spectacle.
Dommage car la distribution permet de revoir avec plaisir Philippe Duclos (le juge Roban d’Engrenages) dans le rôle d’ Hermocrate, trop rare au théâtre. Jean-Noël Brouté en Arlequin et Dominique Parent en Dimas, les deux valets sont très drôles et amènent un peu de fantaisie. Enfin Leslie Menu dans le double rôle de Phocion/Léonide est incroyable, son androgynie colle parfaitement au personnage. Il manque juste un brin de folie pour faire éclore tout ce petit monde, et faire sauter les boutons de redingotes.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr08
Le triomphe de l’Amour
De Marivaux
Mise en scène Denis Podalydès, Sociétaire de la Comédie-Française
Direction musicale Christophe CoinAvec
Edwige Baily Hermidas
Jean-Noël Brouté Arlequin
Christophe Coin Musicien
Philippe Duclos Hermocrate
Stéphane Excoffier Léontine
Leslie Menu Phocion
Dominique Parent Dimas
Thibault Vinçon AgisProduction C.I.C.T. – Théâtre des Bouffes du Nord
Coproducteurs associés Maison de la culture d’Amiens ; Les Théâtres de la Ville de Luxembourg ; Théâtre de Liège ; Opéra Royal / Château de Versailles Spectacles ; Châteauvallon – Scène Nationale ; Printemps des Comédiens / Montpellier ; TNT – Théâtre National de Toulouse
Coproduction Théâtre du Gymnase / Marseille ; La Criée – Théâtre national de Marseille ; Théâtre de Nîmes, scène conventionnée d’intérêt national pour la danse contemporaine ; Espace Jean Legendre, Théâtre de Compiègne ; Théâtre de Caen ; Théâtre Le Forum / Fréjus
Construction des décors Les Théâtres de la Ville de Luxembourg
Confection des costumes Le Théâtre de Liège
Durée: 2h1022 > 25 mai 2018
Maison de la Culture d’Amiens7 > 9 juin 2018
Printemps des Comédiens / MontpellierDu 15 juin au 13 juillet 2018
Théâtre des Bouffes du Nord20 > 21 juil 2018
Châteauvallon – Scène Nationale / Ollioules
Au vu du nombre de coproducteurs et des noms prestigieux comme Christian Lacroix ou Eric Ruf comme costumiers et scénographes on se demande combien cette petite plaisanterie a pu coûter! car enfin il n’y a pas un nombre fou de comédiens en scène. Pourquoi et comment donner toujours plus à ceux qui sont déjà gavés dans leurs théâtres de riches? est-ce bien légal d’ailleurs que ces messieurs déjà rémunérés par la Comédie Française perçoivent des salaires en plus pour des créations à l’extérieur? ça manque cruellement d’enquêtes de ce côté là, sur scèneweb comme ailleurs car c’est l’omerta absolue sur ces questions délicates qui fâcheraient sûrement les intéressés. Bravo cependant à cette critique franche j’ai passé une soirée d’ennui également avec ce spectacle mollasson qui traîne en longueurs. Mais écrire que le travestissement est le fonds de commerce de Marivaux c’est bien léger car je ne crois pas que l’écrivain ait fait du commerce avec son écriture.
Quelle bêtise ! Si tu es comédien français, tu dois y rester toute ta vie, tu ne vas pas voir ce qu’on fait ailleurs, tu ne vas jouer ailleurs, tu ne mets pas en scène ailleurs, même si tu as de bonnes idées à explorer, et surtout, si tu le fais , tu ne dois pas toucher un sou !!! Mais que fait la police ?
Je sors du spectacle, je ne me suis pas ennuyée, c’est très bien joué (Duclos et Menu), la mise en scène est alerte, le décor de cabane dans un marais surprenant. La pièce est loin d’être ratée, on rit souvent, et la manipulation tous azimuts se retourne contre son auteur, comme dans Melle de la Jonquière. Merci à Podalydes
Ça n’est pas le meilleur de Marivaux malheureusement !
D.Podalydes en à tiré un bon parti de mise en scène vive et enjouée, heureusement !
Il a aussi donné le rôle principal à une actrice sans voix et sans charisme, malheureusement !
On a pu déguster le talent puissant et subtil de Philippe Duclos heureusement !
Entre malheurs et bonheurs ce spectacle s’accepte de justesse … dommage.
Excellente soirée à Compiegne devant cette pièce inclassable, pas le moins du monde ennuyeuse.