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Je ne suis pas de moi : Roland Dubillard par Roland Dubillard

À la une, Avignon, Les critiques, Paris, Théâtre
Denis Lavant et Samuel Mercer dans Je ne suis pas de moi de Roland Dubillard au Rond-Point
Denis Lavant et Samuel Mercer dans Je ne suis pas de moi de Roland Dubillard au Rond-Point

Photo Giovanni Cittadini Cesi

Maria Machado et Charlotte Escamez plongent dans les Carnets en marge de l’inclassable écrivain. Malgré une adaptation décousue, ses envolées stylistiques, ses fulgurances intellectuelles et le talent de Denis Lavant font mouche.

Près de dix ans après sa disparition, Roland Dubillard a toujours son lot de fidèles qui, inlassablement, continuent de faire vivre son esprit à travers son œuvre. A commencer par la co-fondatrice de la compagnie Tangente, Maria Machado, qui fut son épouse pendant plus de trente-cinq ans, et Charlotte Escamez, qui l’a accompagné durant ses dernières années en tant que secrétaire littéraire. Avec le soutien du Théâtre du Rond-Point, qui lui avait consacré un festival en 2004 et avait accueilli Les Diabologues (2007) et La Maison d’os (2013), les deux metteuses en scène se sont lancé un joli défi : adapter ses Carnets en marge, ce journal de bord, de vie et de création de plus de mille pages que l’auteur a tenu entre les années 1940 et 1990.

Moins connu que ses pièces de théâtre ou que sa poésie, cet ouvrage fait partie de la catégorie des OLNI – objets littéraires non identifiés. « C’est un journal entre Kafka et Jules Renard qui fait aussi penser aux Cahiers de Paul Valéry », résumait justement Charlotte Escamez lors d’un entretien sur France Culture en mars 2018. S’y trouvent aussi bien des pensées dérobées que des tranches de vie, des confessions que des rêveries, des ébauches de scènes dramatiques que des aphorismes en cascade – « L’amour est bon pour les bibliothèques. Il est moins gênant dans les livres que dans la vie ». Sans être un journal intime, ce recueil dit beaucoup de l’homme Roland et de la lutte qu’il entretient avec l’écrivain Dubillard. Au fil des pages, se dévoile un artiste torturé, en proie au doute malgré ses bons mots, malade d’amour, parfois désenchanté par le théâtre, mais toujours émerveillé par la littérature – « On ne change pas l’amour par l’amour, ou par la matière, mais par la littérature car l’amour est implicitement littéraire. […] Il ne s’agit pas de pleurer ou de faire pleurer mais de réaliser une espèce supérieure de larmes. »

A l’épreuve des planches, un substrat aussi hétéroclite peut s’avérer particulièrement difficile à manier. En dépit d’une tentative de séquençage en quatre temps – l’enfance, l’âge adulte, la chute et la survie après son AVC – et un dédoublement judicieux de Roland Dubillard entre un « Homme » et un « Jeune homme », façon de renforcer le duo-duel qu’il forme et entretient avec lui-même, l’adaptation de Maria Machado et Charlotte Escamez se révèle d’ailleurs trop décousue pour convaincre pleinement. Si les habitués, et encore plus les fidèles de l’écrivain s’y retrouveront sans aucun doute, ceux qui découvriraient son œuvre et son style pourront être décontenancés par un texte labyrinthique qui, à trop vouloir embrasser, passe souvent du coq à l’âne, et paraît sacrifier la cohérence sur l’autel du non-sens et du jaillissement intellectuel si chers à son auteur. Malgré tout, ses envolées stylistiques et ses fulgurances ne manquent pas de dynamiter l’ensemble et de faire mouche, à l’image de ce « conte libertin » un rien gênant, de son histoire d’amour avec Angélique en proie à l’adultère ou de la mort de Nicole.

Surtout, elles profitent du talent de Denis Lavant, capable, en fin connaisseur de l’écrivain – il avait déjà participé au festival organisé par le Rond-Point en 2004 –, de donner à ses écrits le relief qu’ils méritent. Si le potentiel chorégraphique de son acolyte Samuel Mercer, formé au Tanztheater Wuppertal / Pina Bausch, est largement sous-exploité et que la création vidéo et sonore sert surtout d’habillage à un plateau assez pauvre en idées de mise en scène, le comédien, avec sa façon si intense d’empoigner les textes, offre de beaux moments de bravoure, de beauté et d’émotion. Comme s’il n’était jamais aussi à l’aise – comme il l’est avec Beckett – qu’entre deux eaux, dans ces espaces de friction où la métamorphose et l’étrangeté sont reines.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Je ne suis pas de moi
Texte Roland Dubillard
Adaptation et mise en scène Maria Machado, Charlotte Escamez
Avec Denis Lavant et Samuel Mercer
Design sonore Guillaume Tiger
Lumière Jean Ridereau
Vidéo Maya Mercer
Chorégraphie Julie Shanahan (Tanztheater Wuppertal Pina Bausch)
Décor Didier Naert
Costumes Agnès B
Stagiaire mise en scène Eugénie Divry

Production La Compagnie Tangente, Marie-Cécile Renaud Prod
Accompagnement Hélène Icart (Prima Donna)
Coréalisation Théâtre du Rond-Point

Avec le soutien de la Région Ile-de-France, du département de l’Essonne, du Théâtre intercommunal d’Etampes (la communauté d’agglomération de l’Etampois Sud Essonne – CAESE), le Théâtre Coluche à Plaisir, la Société des Amis de Roland Dubillard, Lumières des Cinés

Durée : 1h20

Théâtre du Chène Noir
Avignon Off 2023
du 7 au 30 juillet 2023
19h15
Mardis et mercredis

13 juin 2021/par Vincent Bouquet
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