Days of nothing: les fêlures de l’adolescence vues par Fabrice Melquiot et Matthieu Roy

Matthieu Roy achève son cycle intitulé Visage(s) de notre jeunesse avec cette création d’un texte poignant de Fabrice Melquiot qui met en scène un adolescent tourmenté dont personne ne parvient à identifier le malaise. La comédienne Hélène Chevalier qui incarne le rôle est remarquable.

Un homme affalé sur l’écran de son ordinateur dans un salle de classe est dérangé par un élève agité. C’est la première rencontre de Max, l’élève et de Rémi, auteur en résidence dans l’établissement scolaire. Le gamin est revêche, il possède le franc-parler de beaucoup de jeunes de cette génération. Il pousse l’adulte dans ses retranchements et même si l’auteur le dépasse de deux têtes, le gamin lui tient tête.

Fabrice Melquiot a écrit un très beau face à face. Philippe Canales (Remy) et Hélène Chevalier (Max) sont constamment sur le fil dans cette pièce à la narration rapide, où les scènes s’enchaînent à toute vitesse. C’est impressionnant d’écouter cette langue adolescente retranscrite par l’auteur. Elle en dit long sur la jeunesse d’aujourd’hui, sur son rapport à l’autorité et sur son malaise. Que se passe-t-il dans la tête de Max ? Pourquoi cet enfant mythomane se suicide ? Les dialogues sont cinglants.

Cette pièce est un thriller psychologique magnifiquement bien découpé par Matthieu Roy qui poursuit ainsi son cycle de spectacle autour de la jeunesse après la pièce de Gustave Akakpo présentée au Festival d’Avignon en 2014 et Martyr créée à Poitiers. La performance d’Hélène Chevallier est aussi à souligner. Elle se fond totalement dans l’esprit et le corps de ce garçon puis dans celui d’un autre personnage, Alix, la petite amie présumée de Max.

On retrouve dans la scénographie de Gaspard Pinta et dans le travail sonore de Mathilde Billaud tout ce que l’on aime dans les spectacles de Matthieu Roy. Ils sont en prise avec notre société. Ils questionnent le monde dans une forme esthétique totalement raffinée et moderne.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

Days of nothing
Arche Éditeur 2012
de Fabrice Melquiot
Cie du Veilleur / Poitou-Charentes
mise en scène Matthieu Roy
avec Philippe Canales, Hélène Chevalier
collaboration artistique Johanna Silberstein
scénographie Gaspard Pinta
costumes Noémie Edel
maquillages et coiffure Kuno Schlegelmilch
lumières Manuel Desfeux
espace sonore Mathilde Billaud
vidéo Nicolas Comte
régie générale Léa Maris
assistante à la mise en scène Marion Lévêque
administration, production, diffusion Claire Baldensperger
L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté.
Coproduction Fédération d’Associations de Théâtre Populaire (FATP) ; Théâtre de Thouars-Scène conventionnée ; l’ONDE-Théâtre et Centre d’art de Vélizy-Villacoublay ; Scènes du Jura-Scène nationale de Lons-le-Saunier ; Théâtre du Fil de l’eau, Pantin ; Théâtre des Bergeries, Noisy-le-Sec.
Avec le soutien du Jeune théâtre national, du DICRéAM, de la Chartreuse-CNES.
La compagnie a été accueillie en résidence au Théâtre de Thouars, aux 3T – Théâtres de Châtellerault, à La Maison des Arts de Brioux-sur-Boutonne, au Hall des Chars de Strasbourg.

Théâtre Paris Villette
Du 3 au 13 février 2016