« Mi athlète, mi artiste », il se décrit comme un « arthlète » : Danis Civil, alias Dany Dann ou Bboy Dany, champion d’Europe de breaking 2023, a décroché l’argent en finale des JO de Paris.
Pour une première, tous les espoirs étaient permis. Las, au terme d’un parcours plein de promesses ce samedi 10 août lors des épreuves de breaking des JO de Paris, Dany Dann a dû se contenter de la médaille d’argent. Après une finale particulièrement éclatante face au Canadien Phil Wizard, le breaker s’est finalement incliné trois manches à zéro. Il devient malgré tout le premier médaillé olympique français de l’histoire de cet art de la danse issu de la culture hip-hop, et probablement le dernier. Sport additionnel à Paris, le breaking n’a en effet pas été retenu par le comité d’organisation des Jeux olympiques à Los Angeles en 2028.
Cheveux bleus et pendentif de la Guyane, dont il est originaire, autour du cou, Dany Dann, 36 ans, commence le breakdance « par hasard », quand il passe à 14 ans devant une salle de Saint-Laurent-du-Maroni, dans l’ouest de ce département français frontalier du Brésil, où son cousin participe à un stage. Il est scotché, « époustouflé ».
« Je suis tombé amoureux », témoignait le double champion de France et champion d’Europe 2022, venu assister « en touriste » au championnat de France à Grande-Synthe, dans le Nord, début mai. S’en suivront « des heures et des heures » de visionnage de ses idoles, d’entraînement à la salle pour reproduire les mouvements, puis ses premières battles au sein des crews locaux.
À 19 ans, après deux ans dans l’armée, le Bboy, nom donné aux breakdancers, quitte la Guyane pour « tenter sa chance » en métropole. Pour vivre, il enchaine les boulots alimentaires : agent d’accueil des parcs et jardins, livreur, salarié dans les cantines, puis aide-soignant dans un Ehpad.
Culture hip-hop
En 2022, Dany Dann, qui vit maintenant de sa passion, intègre l’Insep, le temple des sportifs de haut niveau à Paris. Comme un athlète, il y travaille « le cardio et le renforcement musculaire », se consacre à sa discipline, la danse. « Il y a aussi la kiné, la récupération, la préparation mentale… Un bon athlète doit savoir sortir de ses problèmes d’être humain pour se concentrer sur son sport », insiste-t-il. « Dany est un travailleur acharné qui peut bosser de 9h à 23h pour trouver la faille dans la danse de son adversaire », décrit son coach personnel Omar Remichi.
Pendant les épreuves de breaking des JO, qui se sont tenues vendredi 9 et samedi 10 août, place de la Concorde à Paris, les Bboys et Bgirls se sont affrontés en duel sur scène accompagnés par de la musique. Ils lancent des figures acrobatiques et un jury vote pour élire le vainqueur en évaluant notamment l’aspect athlétique et la qualité d’exécution des mouvements. Dany Dann était l’un des quatre Français engagés aux JO, avec trois autres breakers : les Bgirls Sissy et Carlota et le Bboy Lagaet
Le breaking « a commencé dans la rue », dans les quartiers défavorisés de New York dans les années 1970, « et aujourd’hui je suis reconnu comme athlète, pour mon art, pour mon sport », se réjouit le danseur. Son souhait : « Montrer à la nouvelle génération qu’on peut s’imaginer être athlète de haut niveau en breaking et avoir la possibilité de vivre de sa passion. » Il se dit « fier » de « représenter une grande nation ».
« Il danse avec ses tripes »
Dany Dann, qui compte plus de 30 000 abonnés sur Instagram, se décrit comme un « joker », un « peu foufou », qui « ose faire les choses ». Pour décrire son style, il met en avant sa « musicalité » et son « explosivité ».
Sa danse « est à l’image de sa personnalité, il a un vécu, il danse avec ses tripes, beaucoup à l’instinct et avec une forme d’instantanéité, dit Omar Remichi. Il a une histoire, des racines et un corps qui s’exprime à travers les battles. » Quand il ne danse pas, il retourne à Perpignan auprès de sa femme Marion, ancienne breakdanseuse, et de ses deux garçons de six et huit ans qui préfèrent le football au breaking.
Après l’argent de Bboy Dany, et le titre de la Bgirl Ami, eux et les autres breakdanseurs disent déjà au revoir aux JO. « Peut-être qu’ils vont regretter », balayait l’athlète avant la compétition.
Zoé Leroy © Agence France-Presse
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