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Avec « Dainas », Dimitri Doré reste dans sa bulle

Angers, Belfort, Besançon, Décevant, Genève, Les critiques, Paris, Théâtre
Dimitri Doré et Jonathan Capdevielle créent Dainas au T2G
Dimitri Doré et Jonathan Capdevielle créent Dainas au T2G

Photo Grégory Batardon

Sous la houlette de Jonathan Capdevielle, le comédien Dimitri Doré propose un solo hermétique où, au lieu de se livrer sur son cheminement intime, il semble se réfugier derrière la galerie de figures plus ou moins chimériques qu’il convoque.

« En tant que metteur en scène, je trouve l’exercice du solo à la fois risqué et passionnant. C’est un endroit de représentation dans lequel le savoir-faire et la virtuosité de l’interprète cohabitent aussi avec sa fragilité et sa sensibilité, tout en aspirant à incarner un discours ‘universel’. Ce juste équilibre est pour moi essentiel, et permet d’éviter l’écueil de l’exercice de style, démonstratif et sans générosité. » Lucide sur sa nouvelle création, Jonathan Capdevielle l’est dès sa note d’intention. Pour qui connaît le travail de l’artiste, cette observation n’est guère étonnante tant il fait partie de ceux qui en ont vu pour avoir lui-même, au cours des dernières années, et plus particulièrement dans Adishatz / Adieu qui a contribué à le propulser, manier, souvent avec brio, l’autofiction. Pour permettre à Dimitri Doré de mener à bien la création d’un spectacle en solo dont, dit-il, il ressentait « le besoin », Jonathan Capdevielle paraissait alors être le metteur en scène de la situation. Pour avoir lui-même emprunté ce chemin, mais aussi car les deux artistes se connaissent particulièrement bien. Depuis son adaptation du roman Un crime de George Bernanos en 2017 intitulée À nous deux maintenant, le jeune comédien est de toutes les créations (ou presque) de son aîné : lui a été confié le rôle-titre de Rémi (2019), imaginé d’après Sans famille d’Hector Malot, mais aussi celui de Scipion dans le Caligula (2023) d’Albert Camus. Et, à chaque fois, comme il a aussi pu le prouver au long de la carrière cinématographique qu’il conduit en parallèle – notamment sous la direction de Vincent Le Port dans Bruno Reidal ou de Mathilde Chavanne dans Pleure pas Gabriel –, Dimitri Doré s’est imposé comme un acteur talentueux et singulier.

La promesse de le voir se livrer à un exercice en solitaire avec la complicité, et l’expérience, de son metteur en scène fétiche ne pouvait alors qu’aiguiser la curiosité. D’autant que Dimitri Doré a une histoire personnelle qui n’est pas tout à fait linéaire. Né à Jelgava, en Lettonie, en 1997, le jeune homme a été adopté à l’âge de 18 mois par une famille de Reims. « Même si j’ai toujours été poussé à découvrir mes origines, la culture lettone n’a pas vraiment influencé la construction de mon identité », assure-t-il dans sa note d’intention ; et pourtant, c’est cette part enfouie de lui-même que l’artiste semble aujourd’hui vouloir (re)trouver en convoquant les souvenirs, les rêves et les obsessions, enfantines et adolescentes, qui ont pavé son chemin et l’ont peu à peu façonné. Après la diffusion d’un film Super 8 où son père et sa mère, Yannick et Dominique Doré, encore jeunes, vivent de façon (presque) ordinaire Un jour de la semaine pour un couple, le comédien les imagine, à couvert, lors de leur échange sur sa procédure d’adoption dont ils satisfont les formalités administratives ; puis, ce qui paraissait s’ouvrir comme un livre de famille prometteur se renferme aussitôt pour céder la place à une figure pseudo-viking, Oleg – du nom du géniteur de Dimitri Doré, ce que nous apprendrons plus tard –, attifé avec un ensemble de couches et de sur-couches qui lui donnent des airs de créature chimérique. Entre un adorable chat automate qui miaule quand on le caresse et une cigogne en peluche beaucoup plus traditionnelle, l’homme apparaît rapidement comme le premier spécimen d’une galerie d’avatars que, de la gymnaste spécialiste du cerceau aérien à la responsable de l’orphelinat où il a été adopté, le comédien se plaît à invoquer – pas toujours à vue – au milieu de ces draps blancs qui lui servent de décor et de supports de projection.

Ce qui aurait pu ressembler à une malle à souvenirs, réels ou fantasmés, ouverte avec délicatesse, se transforme malheureusement bien vite en solo hermétique, tournant sur lui-même et fermé à double tour, à l’image des dainas, cette forme traditionnelle d’art littéraire letton, à mi-chemin entre la poésie et le chant, que les contemporains comprennent plus difficilement que leurs ancêtres. Par excès de pudeur, sans doute, Dimitri Doré ne donne pas suffisamment de clefs de compréhension pour éclairer les figures qu’il convoque, les liens qui l’unissent à elles, le chemin qui les relie entre elles. Son exercice en solitaire prend alors la forme d’un patchwork superficiel où si, parfois, l’immense sensibilité du comédien affleure – comme dans le passage du cerceau aérien ou lors de la conversation pour le moins accidentée avec la responsable de l’orphelinat letton –, les différents éléments et les diverses créatures convoquées paraissent insuffisamment creusés et exploités pour devenir, dans leur large majorité, dignes d’intérêt. Tout se passe alors comme si, plutôt que de se livrer tout entier à l’exercice de l’autofiction, avec la mise à nu, au moins partielle, qu’elle suppose, Dimitri Doré s’était satisfait de la retenue et était resté dans l’ombre, réfugié derrière ses avatars, à l’abri de cet insondable brouillard imaginaire. Au sortir, au-delà de l’étrangeté de l’univers singulier et poétique qu’il met en partage, une question se pose : qui est réellement l’homme, et non pas seulement l’artiste, qui, pendant près d’une heure, s’est produit devant nous ? Le mystère reste entier.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Dainas (pron. Daïnas)
Texte Jonathan Capdevielle, Dimitri Doré
Mise en scène Jonathan Capdevielle
Avec Dimitri Doré
Assistanat à la mise en scène Jade Maignan
Stagiaire à la mise en scène Juan Bescos
Musique originale Jennifer Eliz Hutt
Création sonore Vanessa Court
Lumières Bruno Faucher
Assistanat lumières Alexy Carruba
Costumes Coline Galeazzi
Dispositif scénographique Jonathan Capdevielle, Dimitri Doré, Bruno Faucher, Jérôme Masson
Construction cadres métalliques Théo Jouffroy
Régie générale Jérôme Masson, Léa Bonhomme
Coach Cerceau aérien Elodie Lobjois
Traduction letton Rūta Liepiņa
Coach letton Baiba Troscenko
Cours de chant Pierre Derycke
Reproduction tableau Monet Yannick Doré

Film Super 8 1979 Un jour de la semaine pour un couple
Réalisation Yannick Doré
Avec Dominique Doré, Yannick Doré 

Production déléguée Association Poppydog
Coproduction T2G, Centre dramatique national de Gennevilliers, Nouveau Théâtre de Besançon Centre dramatique national, Théâtre Saint Gervais – Genève, L’Arsenic – Lausanne, Les Quinconces L’Espal Scène nationale du Mans
Action financée par la Région Ile-de-France
Avec le soutien de King’s Fountain, de la Maison des Métallos et des Ateliers Voto

Durée : 1h

Vu en novembre 2025 au T2G, CDN de Gennevilliers

Maison Saint Gervais, Genève (Suisse)
du 21 au 24 janvier 2026

Nouveau Théâtre de Besançon, CDN
du 31 mars au 2 avril

Le Quai, CDN d’Angers
les 8 et 9 avril

Le Grrranit, Scène nationale de Belfort
les 29 et 30 avril

Maison des Métallos, Paris
du 9 au 13 juin

8 novembre 2025/par Vincent Bouquet
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