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« Croire aux fauves », échappée nocturne

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Les Arts Oseurs adaptent Croire aux fauves de Nastassja Martin
Les Arts Oseurs adaptent Croire aux fauves de Nastassja Martin

Photo Kalimba

Se saisissant du récit de Nastassja Martin, Les Arts Oseurs proposent un spectacle itinérant. Co-mise en scène par Cyril Puertolas, en collaboration avec Renaud Grémillon et Périne Faivre, la pièce séduit, en l’état de sa création, plus par son immersion dans la nature que par l’intensité de son propos.

Une calade (rue pavée) de galets, du sable et des cailloux en bord de rivière, les falaises que l’on discerne dans la nuit, des pierres de toutes tailles au milieu desquelles cheminer, le son de la rivière Beaume, les parfums des acacias en fleurs, le petit chemin de terre entre des herbes aussi hautes – pour certaines – que soi, les odeurs d’humus et d’herbe fraîchement coupée : avant même que ne débute Croire aux fauves, le public venu à Labeaume à l’invitation de l’association Lignes d’horizon aura déjà traversé tout cela. Se déroulant en pleine nuit, l’adaptation de l’ouvrage de l’anthropologue Nastassja Martin par la compagnie Les Arts Oseurs se déploie dans la nature. Dans ce livre paru en 2019, la spécialiste des populations arctiques raconte sa « rencontre » avec un ours en août 2015 dans les montagnes du Kamtchatka – une région de l’Extrême-Orient sibérien. Elle détaille tout son parcours de soins et de reconstruction – l’animal lui ayant arraché une partie de la mâchoire. Surtout, elle le relie aux bouleversements induits par cette expérience, cette dernière ayant fondamentalement remodelé son rapport au monde, aux êtres, ainsi que son mode de pensée. Et en débutant par une marche introductive d’une bonne vingtaine de minutes, pour s’éloigner du centre de ce village du Sud Ardèche et rejoindre le lieu de la représentation, c’est donc un cheminement, un « retour vers la forêt » – cette trajectoire au cœur du propos du livre – que le spectacle des Arts Oseurs initie.

L’idée de traversée de plusieurs territoires et d’enforestation irrigue, de fait, toute la représentation qui se déroule en plusieurs stations. Articulé en cinq séquences invitant à chaque fois le public à se déplacer, l’ensemble procède comme par « carottage » dans l’ouvrage, ou dans des réflexions de l’équipe. Chacune immerge dans un moment, dans un espace, comme dans une tonalité de propos différente. Après la première séquence, aux accents dramatiques, qui expose le récit de l’accident, la deuxième met en regard les réflexions de la comédienne sur l’interprétation de son personnage et les interrogations de Nastassja Martin sur sa propre expérience. La troisième détaille les interventions chirurgicales à l’hôpital de la Salpêtrière, la quatrième relate des échanges avec une psychologue et avec la mère de l’anthropologue, cette dernière discussion annonçant la cinquième séquence : celle du retour au Kamtchatka chez les ami·es évènes. L’on transite alors d’une clairière à un pré, avant de cheminer à nouveau à l’orée de la forêt, puis au cœur de celle-ci ; d’une salle de classe en plein air à une balançoire, et ainsi de suite. Chaque station voit passer, tantôt avec insistance, tantôt fugitivement, un ours, comme résonner des airs au piano.

S’il faut souligner la belle intégration dans la nature, l’intérêt de la déambulation introductive – qui permet de s’ouvrir à une autre qualité d’attention –, comme la force des premières scènes, le spectacle laisse un goût d’inachevé. Une fois passées les deux premières stations, qui immergent immédiatement dans un autre espace – notamment grâce à l’interprétation de Florie Guerrero Abras – et donnent accès à la richesse du monde côtoyé par Nastassja Martin, le propos semble s’étioler. La présence de l’animal – censé rendre compte de la situation de « miedka » de l’anthropologue, soit de personne qui, ayant survécu à la rencontre avec un ours, est désormais moitié humaine, moitié ours – se révèle plus intrigante qu’impressionnante, voire, à la fin, un brin insistante.

De ce texte, qui constitue une source éminemment fertile pour les artistes – plusieurs adaptations au plateau existant depuis la première réalisée en 2021 par la comédienne et metteuse en scène Émilie Faucheux –, la version des Arts Oseurs évacue une partie de la puissance. Certes, la violence médicale subie de toutes parts, comme le jugement porté par l’entourage proche ou lointain sur sa vie et son visage demeurent. Mais ce qui fonde la pertinence du regard de l’anthropologue, soit sa capacité, en liant littérature et anthropologie, à scruter le sensible, s’atténue. La tentative d’élucidation de cette expérience, ses analyses de sa perception du monde et de sa métamorphose, en s’appuyant sur ses sensations, ses émotions et ses rêves, tendent à être escamotées. Comme si, pour partie le montage du texte, pour partie le dispositif itinérant, restreignaient la vitalité du regard de Nastassja Martin. Ce sentiment mi-figue mi-raisin se prolonge lors du final, où les artistes invitent les spectatrices et spectateurs à les rejoindre. Public et artistes se retrouvent alors autour d’un chaudron pour partager un verre de vodka et chanter de concert une comptine (sur des ours). Ce choix, compréhensible par sa générosité, décale néanmoins le propos. Il le pasteurise, tout en produisant une confusion entre les cultures russe et évène par le recours à des images folkloriques. Le spectacle étant tout juste créé, gageons qu’il trouvera au fil de la tournée son équilibre, pour prolonger le dialogue stimulant entre naturalisme et animisme qui traverse le texte de la chercheuse.

caroline châtelet – www.sceneweb.fr

Croire aux fauves
d’après le texte de Nastassja Martin (Éditions Gallimard)
Responsable artistique Renaud Grémillon
Mise en scène Cyril Puertolas, en collaboration avec Renaud Grémillon, Périne Faivre
Avec Florie Guerrero Abras, Renaud Grémillon, Fred Bothorel
Adaptation du texte et dramaturgie Périne Faivre
Composition musicale, scénographie et construction Renaud Grémillon
Collaborations artistiques Florie Guerrero Abras
Régisseur et créateur lumière Christophe Nozeran
Technicien et constructeur Fred Bothorel
Régisseur son Jule Vidal
Régisseur lumière Christophe Nozeran
Costumes Anaïs Clarté
Créature animale Sophie Deck
Conseils en plume Palmyre Pinabel
Conseils magiques Étienne Saglio

Production Les Arts Oseurs
Coproduction Théâtre + Cinéma, Scène nationale Grand Narbonne ; Pronomade(s), CNAREP ; Le Boulon, CNAREP ; Le Citron Jaune, CNAREP ; Le Fourneau, CNAREP ; Le Sillon, Scène conventionnée d’intérêt national art en territoire ; Scènes Croisées de Lozère, Scène conventionnée d’intérêt national art en territoire ; Résurgence, Saison et festival des arts vivants ; Théâtre de Mende
Avec le soutien de la compagnie L’hiver nu en Lozère dans le cadre du projet Accès libre, l’association Rudeboy Crew et l’EPCI Mont-Lozère, du Lycée professionnel agricole Martin Luther King à Narbonne dans le cadre de résidence d’artiste, de la DGCA – Aide à la création pour les arts de la rue 2023, de la DRAC Occitanie – Conventionnement et de la Région Occitanie – Aide à la création 2023

Durée : 1h30

Vu en mai 2025 à Labeaume (Ardèche), dans le cadre de la saison artistique de l’association Lignes d’horizon

Le Sillon, Scène conventionnée d’intérêt national art en territoire, Valmascle
du 15 au 17 mai

Les Quinconces – L’Espal, Scène nationale du Mans
du 6 au 8 juin

Théâtre de Mende, en collaboration avec les Scènes Croisées de Lozère
les 13 et 14 juin

Les Maynats
le 28 juin

Pronomade(s), Centre national des arts de la rue et de l’espace public, Saint-Bertrand-de-Comminges
du 3 au 5 juillet

Festival Scènes de Rue, Mulhouse
les 11 et 12 juillet

Festival d’Aurillac
du 20 au 23 août

Le Plancher des Chèvres, Bauduen
le 19 septembre

Théâtre Le Périscope, Nîmes
le 27 septembre

Scène nationale Carré-Colonnes, Blanquefort, dans le cadre du FAB
du 1er au 3 octobre

Le Cratère, Scène nationale d’Alès, en collaboration avec Eure’kart
les 16 et 17 octobre

PIVO, Scène conventionnée d’intérêt national art en territoire, Eaubonne
le 15 novembre

12 mai 2025/par Caroline Chatelet
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