Thierry Falvisaner met en scène Arnaud Aldigé dans Hyènes au Théâtre du Centre d’Avignon. Si le texte de Christian Siméon est magnifique, l’interprétation trop peu nuancée du comédien nous laissent extérieur à l’histoire.
Dans « Hyènes », Christian Siméon s’empare de l’histoire de Théodore-Frédéric Benoît, condamné à mort en 1832 pour avoir assassiné sa mère puis son amant. Coupable ? Innocent ? Il va jouer l’un et l’autre, le méchant et le gentil, la victime et le bourreau, jusqu’à sa mort inévitable, le doute subsistera. Le public est celui à qui l’homme s’adresse. Peut-être qu’il se confesse, peut-être qu’il nous manipule. C’est là tout l’enjeu, il nous reproche cette « pitié tranquille qui nous permet d’oublier ».
La plume de Siméon est à la fois bondissante et fatale, très imagée. On songe aisément à la vie de cet homme du début du XIXe siècle, marginal, dont les semaines sont « pleines de dimanches ». Si la situation est datée, le texte est très moderne et entraînant, posant des questions sur notre rapport à l’homme condamné, à la décision irrévocable d’acter sa mort.
Thierry Falvisaner fait débuter le monologue comme une sorte de striptease potache, un cabaret délirant et sympathique. Arnaud Aldigé est jovial dans son costume de velours rouge éclatant. Sous ses airs radieux, le personnage a l’air de pouvoir craquer à tout moment. Et c’est ce qu’il fait – maladroitement – en hurlant et haranguant le spectateur. Les cris sont trop forts, trop attendus, ils fracturent le propos et l’agression n’est pourtant pas nécessaire pour que le texte soit puissant. Les mots dits pourraient suffire.
Quand l’acteur ne crie pas, on est marqué par quelques belles images. La tête sur la guillotine, entendant le verdict martelé par la voix de Michel Fau (qui avait créé le rôle en 1997). Cela n’est pas suffisant : on sort du spectacle sans ressentir de réelle empathie. On laisse ce fou dans sa cage et on rejoint ces « vivants, ceux qui continuent de se taire », sans se retourner.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
« Hyènes » de Christian Siméon
Mise en scène et scénographie : Thierry Falvisaner
Avec Arnaud Aldigé et la voix de Michel Fau
Régie générale, lumières et construction du décor : Sylvain Blocquaux
Production : Geneviève de Vroeg-Bussière
Administration : Sylvie Moineau
Graphisme : Je Formule – Estelle Maugras & Carine Simon
Durée : 1h15Théâtre du Centre, 13 rue Louis Pasteur, 84000 Avignon
Du 7 au 30 juilletTournée : le 30 septembre 2016 à Ingré, les 12 et 13 octobre 2016 au Théâtre d’Auxerre
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