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Les rituels de l’aube de Gwenaël Morin

À la une, A voir, Festival, Les critiques, Paris, Théâtre, Toulouse

Photo DR

Du lever du soleil à son zénith, le metteur en scène assemble trois pièces de Sophocle (Ajax, Antigone, Héraclès) pour donner naissance à Uneo uplusi eurstragé dies et ouvrir, avec panache et audace, la 49e édition du Festival d’Automne à Paris.

Il est 6h30, la Cartoucherie de Vincennes s’éveille à peine. En son centre névralgique, à équidistance des cinq lieux qu’elle abrite, des silhouettes s’affairent, tandis que d’autres patientent, simplement éclairées par un immense globe lumineux semblable à la Lune. Alors que le jour peine à se lever, le théâtre, lui, se met en place. A ses vaillants spectateurs, assis sur la pelouse humide, Gwenaël Morin a concocté un copieux menu, un entrée-plat-dessert à la sauce antique, comme les Grecs l’affectionnaient : Ajax, Antigone, Héraclès. Ni plus, ni moins. Donner à entendre du Sophocle à des esprits encore engourdis par la nuit, voilà audace qui aurait pu être mortelle. Et pourtant, la magie opère. Dès les premiers instants.

Car Gwenaël Morin a le coup de main. Comme il l’a prouvé à maintes reprises (Les Molières de Vitez, Andromaque et Dandin, Le Théâtre et son double), il n’a pas son pareil pour mettre le collectif théâtral sous tension. Texte propulsé, rôles tirés au sort, dispositif dépouillé, tout concorde pour faire de l’espace de jeu un chaudron bouillonnant et éveiller l’attention des présents. En fin connaisseur des classiques, le metteur en scène n’a besoin ni d’être révérencieux, ni d’être sentencieux pour les sublimer. Il sait exactement où et avec quelle force appuyer pour les rendre limpides. Aidé par la traduction sans fioritures d’Irène Bonnaud – et de Malika Bastin-Hammou pour Antigone –, il ne cherche jamais à se faire l’interprète de Sophocle, à dégager des enjeux politiques et sociaux, à surligner sa modernité. Par un tour de passe-passe bluffant, il la laisse simplement advenir grâce au moment théâtral qu’il crée.

Entre les trois pièces, se dégage alors une étonnante unité, celle d’un théâtre primitif où, entre le lever du soleil et son zénith, on mettrait à mort des grandes figures tragiques. Que ce soit par suicide pour Ajax et Antigone, ou par empoisonnement pour Héraclès, la marche vers le tombeau prend la forme d’un rituel, dont le choeur, battant, armé d’un tambour et d’une flûte, serait l’immuable et imperturbable ordonnateur. En droite ligne avec sa méthode, Gwenaël Morin a préféré sculpter les personnages et sonder leurs âmes, plutôt que s’adonner à un travail scénographique superfétatoire. Le trône de Créon peut bien être une chaise en plastique, le corps d’Hémon un mannequin démembré, la couronne de l’oracle un branchage aléatoire – ce qui, combiné, ne manque pas de ressorts comiques –, entre pluie intermittente et rayons de soleil, hennissements des chevaux et chants des oiseaux, la nature lui a offert, en cette fin d’été, le plus beau des écrins.

Survoltés par cet équilibre précaire, où le système Morin trouve sa puissance, les comédiens de la promotion 2019 des « Talents Adami Théâtre » – qui avaient lancé ce projet lors du Festival d’Automne l’an passé – y puisent une énergie et une fougue qui, en dépit de quelques accrocs, emportent tout sur leur passage. En collectif ou en solo, ils suivent, sans jamais fléchir, le rythme infernal imposé par le metteur en scène qui, assis au milieu du public, ne peut s’empêcher de les diriger encore un peu. Ajax, Antigone, Héraclès, le menu était copieux et le pari audacieux. Force est de constater qu’il est passé en moins de temps qu’il n’en faut au jour pour totalement chasser la nuit. Pour cette édition 2020, forcément particulière, le Festival d’Automne pouvait difficilement espérer meilleure entrée en matière.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Uneo uplusi eurstragé dies
Ajax / Antigone / Héraclès de Sophocle
Traduction Irène Bonnaud (Ajax, Héraclès) / Irène Bonnaud et Malika Bastin-Hammou (Antigone)
Conception et mise en scène, Gwenaël Morin

Avec la promotion 2019 des « Talents Adami Théâtre » : Teddy Bogaert, Lucie Brunet, Arthur Daniel, Marion Déjardin, Daphné Dumons, Lola Felouzis, Nicolas Le Bricquir, Diego Mestanza, Sophia Negri, Remi Taffanel
Collaboration artistique, Barbara Jung

Production Compagnie Gwenaël Morin / SAS Théâtre Permanent
Coproduction Festival d’Automne à Paris ; Théâtre Garonne – scène européenne, Toulouse
Coréalisation Atelier de Paris / CDCN ; Festival d’Automne à Paris
Avec l’aide à la reprise de l’Adami
Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès

Durée : 4 heures, entractes compris

Festival d’Automne à Paris
Atelier de Paris / CDCN
les 5 et 6 septembre 2020

La Villette, Paris
les 12 et 13 septembre

Théâtre Sorano, Toulouse
du 1er au 12 juin 2021

6 septembre 2020/par Vincent Bouquet
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